La Presse Bisontine 109 - Avril 2010

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 109 - Avril 2010

39

BESANÇON

Après cinq jours de grève

Le bras de fer engagé avec la direction n’a pas été vain. Les employés de F.C.I. ont obtenu une revalorisation de leur salaire et l’ouverture d’une étude sur l’évaluation du stress au travail. Les salariés de F.C.I. sont mieux payés

L a mobilisation des sala- riés de F.C.I. a payé. Vers 1 h 30 du matin, dans la nuit du 3 au 4 mars, après cinq jours de grève, les repré- sentants du personnel ont signé un accord avec la direction. Ils ont obtenu, pour les salariés non-cadres, une augmentation

de 55 euros bruts du salaire mensuel (rétroactive au 1 er janvier). Les cadres, qui n’ont pas manifesté, bénéficient d’une hausse individuelle de 2 % de leur rémunération. La prime pour le personnel qui travaille en équipe a été elle aussi rééva- luée, passant de 298 euros à 305 euros. “Pour nous, c’est une victoire. On attendait cette aug- mentation depuis 27 mois. Les plus bas salaires augmentent de 3,5 %” rappelleYvan Caillier, délégué C.G.T. et secrétaire du comité d’entreprise. La direction locale de F.C.I Besançon a donc lâché du lest. Elle ne voulait pas aller au-delà d’une hausse de 1%des salaires, valable à partir du mois d’avril. Une proposition inacceptable pour les syndicats (F.O., C.G.T., C.F.D.T.) car elle ne correspon- dait pas à la réalité économique de cette entreprise qui emploie encore 269 salariés. Depuis le début de l’année, l’activité est soutenue et les prévisions sont dépassées. “En février, le chiffre d’affaires prévisionnel était de 2,9 millions d’euros, nous avons atteint 4,2 millions d’euros. En janvier, il avait déjà fait un bon de 33 %. Si en effet l’année der- nière le point bloquant à cette réévaluation des salaires était le carnet de commande vide, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous travaillons le samedi et le dimanche, et F.C.I. a recours à une quarantaine d’intérimaires alors que l’entreprise a suppri- mé 90 postes l’année dernière. Il y avait besoin de montrer les crocs” observe Yvan Caillier. Des tensions commençaient à se faire sentir dans l’entreprise. Les salariés attendaient un signe fort de la part de la direction de l’ancienne filiale d’Areva

cédée en 2005 à un fonds d’investissement américain. “Le dialogue a été dur à instaurer” ajoute François Morel du syn- dicat C.F.D.T. L’entreprise n’est pas une démocratie comme l’enseignait aux salariés un ancien directeur des ressources humaines de F.C.I., il n’empêche qu’elle puisse être ouverte à un minimum de dialogue social. En dressant le piquet de grève devant l’usine du Parc Lafayet- te, le personnel voulait aussi attirer l’attention sur la dégra- dation des conditions de travail depuis que les ateliers fonc- tionnent au rythme de lamétho- de “Lean”. “Le principe est de travailler à flux tendu, avec le moins de stocks possible, mais aussi, sans stress pour les sala- riés. Le but est de réduire les temps morts qui n’apportent pas de valeur ajoutée” explique Fran- çais Morel du syndicat C.F.D.T. Or, à l’usage, il apparaît que la méthode “Toyota” appliquée à l’ensemble du groupe ne rédui- rait pas mais au contraire accen- tuerait le stress des salariés de

Les syndicats s’accordent à dire que l’autre effet positif de cette grève est qu’elle a permis de recréer des liens entre les salariés.

F.C.I. “Il y a beaucoup de pression et cela ressemble à une marche forcée” ajoute-t-il. Une étude doit être engagée prochainement dans cette entreprise afin d’évaluer le stress au tra- vail. L’enquête devait être déclinée dans les trois autres sites français de F.C.I. T.C.

“Le dialogue a été dur à instaurer.”

François Morel délégué C.F.D.T. : “Le dialogue avec la direction a été dur à instaurer.”

Made with FlippingBook Online newsletter