La Presse Bisontine 109 - Avril 2010

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 109 - Avril 2010

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MICROPOLIS-BESANÇON Le combat est lancé entre les deux salles de spectacle. Si Micropolis comme l’Axone réfutent l’idée d’une guerre fatricide en préférant parler de “complémentarité”, l’arrivée du géant montbéliardais et sa récente campagne de publicité menée à Besançon boulverse l’échiquier. Pas impressionné, Micropolis dit avoir les moyens pour résister face à la puissante société Vega, propriétaire de nombreux sites en France. Face à face. DU CÔTÉ DE MICROPOLIS Jean-Louis Tissot : “Si on me cherche, on me trouve” Le directeur de Micropolis-

“L’ Axone ne m’empêche pas de dor- mir !” Le directeur de Micro- polis la joue confiant lorsque l’on l’interroge sur la campagne de publicité menée par l’Axone sur le territoire bisontin. “De toutes les salles de spectacle de Franche-Comté, Micropolis est de loin la plus solide dit Jean-Louis Tissot. Depuis 14 ans, notre exercice d’activité est positif” enché- rit-il, histoire de montrer le poids de son site tout en rappelant que Micropolis ne fonctionne avec “aucune subvention des collectivités (1).” Est-ce un optimisme de façade ? Pas vraiment puisque le complexe bisontin ne jouerait pas sur Besançon ne souhaite pas de guerre fratricide avec l’Axone. Mais si la concurrence devenait déloyale, Jean-Louis Tissot dégainerait une arme redoutable.

Micropolis

conférences. Bref, tôt ou tard, la concurrence deviendra de plus en plus pesante ! Quelle mar- ge de manœuvre pour la salle de la capitale régio- nale ? “Je ne suis pas en guerre avec l’Axone, mais s’il le fallait, je pourrais offrir gratuitement pen- dant six mois ma salle aux artistes… Si on me cherche, on me trouve…” rétorque M. Tissot. Pour une annonce, c’en est une. Mais de là à offrir sa salle de concert gratuitement aux grands artistes, il y a un pas que le directeur n’est pour l’heure pas prêt à franchir : “Je ne vois pas l’intérêt de s’autoconcurrencer. Toutes les salles souffrent et on ne peut pas reprocher à l’Axone de sortir de sa zone.” Avec 32 emplois permanents (dont 7 pour le res- taurant), le chiffre d’affaires est réalisé à 65 % par les salons, 20 % par l’activité restaurant, 5 % par les concerts et 10 % par les réunions. Pour le directeur, les salons demeurent une vraie valeur. “Les ventes pour les commerçants se font ici. Même avec Internet, les salons demeurent incontournables.” Le prix de location des stands (parfois 10 000 euros) n’effraie donc pas les entre- prises, conscientes qu’une représentation dans un salon demeure nécessaire. Quant au prix des concerts (fixés par les mai- sons de production et non par la salle), le direc- teur estime qu’ils sont “trop élevés. Je prends l’exemple d’une chanteuse dont je tairai le nom : elle est venue avec 7 semi-remorques…Elle pour- rait faire avec moins. Les prix des billets s’en res- sentent.” Au-delà de la concurrence entre Micropolis et l’Axone, c’est bien tout le monde du spectacle qui doit faire sa révolution.. E.Ch. (1) : la société loue environ 150 000 euros par an la salle à la collectivité. Lʼaccès proche du centre-ville Un restaurant gastronomique De grands amphithéâtres pour lʼorganisation de meetings, séminaires LES MOINS Un parc vieillissant Le stationnement lors des grands salons LES PLUS La modularité du site qui peut fonctionner pour 1 000 personnes comme pour 25 000

le même tableau que le mont- béliardais sachant “que les concerts ne représentent que 5 % du chiffre d’affaires avec une moyenne de 25 ans par an.” Comprenez : Micropolis et Axo- ne ne ciblent pas la même clien- tèle. Ce n’est pas totalement vrai puisque la salle de l’Aire urbai- ne organise également des salons, des meetings ou des

“Les concerts : que 5 % de notre chiffre.”

Le directeur de Micropolis Besançon ne craint pas l’Axone. Pour le moment…

Micropolis en bref 32 emplois temps plein annualisés Chiffre dʼaffaires : salons (65%), restaurant (20%), concert (5%), réunions (11%) Concerts : Christophe Maé (12 juin) Salons en avril : exposition requins vivants (3 avril - Dimanche 11), salon bio et construction saine (vendredi 9 - Lundi 12), Brocante (dimanche 11), bourse aux armes militaires (dimanche 11), bourse aux monnaies anciennes et cartes pos- tales (dimanche 11), Expo-Vente de véhicules dʼoccasion (vendredi 16, dimanche 18), vente aux enchères (17 - 18). Mai : 84 ème foire comtoise du samedi 8 au dimanche 16. Renseignements : http://micropolis.net/

ZOOM

Premiers dégâts Déjà des victimes de l’Axone

L’ Arcopolis Parc de Vou- jeaucourt (2 700 m 2 ) et le parc des expositions deBel- fort-Andelnans (3 500m 2 , 5 500 places) sont les premières salles touchées par l’arrivée de l’Axone, concurrencées directement sur les concerts et plus spécifique- ment sur les salons.Pas de licen- ciements certes, mais moins de dates programmées.En revanche, la maison du Peuple de Belfort

(889 places assises) parvient à occuper un créneau différent avec la venue de spectaclesmoins imposants. Le lieu se veut inti- miste. Une nouvelle salle dédiée aux “musiques actuelles” va voir le jour à Audincourt dans un ancien cinéma (le Lumina) d’ici 2011. Elle se nommera le “Molo- co”. Quatre millions d’euros seront investis par la commu- nauté d’agglomérationmontbé-

liardaise dont le but est de per- mettre la création et la forma- tion dans le domaine des musiques actuelles. Objectif : sortir les groupes de leur gara- ge et leur permettre de répéter dans des conditions profession- nelles. Le pays de Montbéliard rattrape son retard au point qu’il viendrait presque à devancer Besançon en matière culturel- le.

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