La Presse Bisontine 109 - Avril 2010

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 109 - Avril 2010

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VIE MUNICIPALE

Mireille Péquignot Son combat contre les discriminations Entrée dans l’arène politique en 2008, en rejoignant Jean Rosselot (U.M.P.) lors des dernières

À ceux qui pensent que son engagement devrait être aux côtés du parti socialiste, Mireille Péquignot répond que “la lutte contre les discrimina- tions est un combat universel pour la fraternité.” Si les solutions à ce problème se trouvaient entre les seules mains des partis politiques, elle rétorquerait en prime que le P.S. n’a pas le monopole de la soli- darité et que “l’U.M.P. est plus volon- tariste sur un sujet comme celui-ci.” Mireille Péquignot ne se laisse pas intimider. Elle a choisi son camp en suivant Jean Rosselot lors des der- nières élections municipales. Désor- mais, elle l’assume, comme elle assu- me le fait d’avoir accepté l’invitation d’Alain Joyandet à figurer sur sa liste aux élections régionales. À ce détail près que son étiquette n’est pas celle de l’U.M.P. mais du Nou- veau Centre. Entrée dans l’arène politique en 2008, elle dément agir par opportunisme mais par convic- tion. “J’étais engagée dans le mon- de associatif. Je n’avais pas l’intention d’être élue. J’avais peur des repré- sailles, surtout en allant sur une lis- te de droite” raconte-t-elle. Ses détracteurs lui reprocheront toujours d’avoir franchi le Rubicon. Soit ! C’est pourtant bien du côté de la majorité présidentielle qu’elle pense avoir trouvé le dynamisme qui va lui permettre de faire pro- gresser ses idées sur deux thèmes essentiels à son engagement poli- tique à Besançon et en Franche- Comté : la lutte contre les discri- minations et leur instrumentalisation, ainsi que l’économie et l’emploi. avancer ses combats. Elle vient d’être élue conseillère régionale. élections municipales, Mireille Péquignot voit la vie politique comme un levier pour faire

Mireille Péquignot vient d’être élue conseillère régionale d’opposition. Elle est déçue de ne pas être dans l’exécutif pour mettre en œuvre le projet d’Alain Joyandet. Elle est aussi inquiète de la poussée du Front National.

Ce qu’ils disent d’elle… Abdel Ghezali (P.S.), adjoint à la vie des quartiers “Une femme de droite qui n’assume pas les valeurs de droite” “Mireille Péquignot est une dame qui s’implique dans son travail d’élue. Elle y met beau- coup d’énergie. Je suis heureux de voir à droite de la diversité. Ça va dans le bon sens. En revanche, ce qui me gêne chez cette femme, c’est qu’elle n’assume pas les valeurs de droite comme je peux assumer mes valeurs de gauche. C’est un paradoxe chez elle. D’un côté elle travaille sur la lutte contre les discriminations, un sujet qui lui tient à cœur, et de l’autre elle n’assume pas toutes les valeurs de droite alors qu’elle est engagée au côté d’Alain Joyandet. Elle est un peu comme Rama Yade. Or, faire de la politique comme elle est amenée désormais à en faire, c’est assumer les choix et les valeurs du parti que l’on défend. À sa décharge, Mireille Péquignot est nouvelle en politique, elle a encore des choses à apprendre.” Édouard Sassard (U.M.P.), opposition municipale “Une amie comme il en existe rarement en politique” “Mireille Péquignot est une amie comme il en existe rarement en politique. Elle dit ce qu’elle pense. C’est une personne que je respecte beaucoup pour tout le travail qu’elle fait. Cette personne est au conseil municipal depuis deux ans mais elle est engagée depuis beaucoup plus longtemps sur les questions d’intégration et de diversité. Mireille Péquignot a organisé récemment un forum sur la diversité qui était extraordinaire. Elle fait partie de cette génération d’élus qui j’espère va renouveler la classe politique. Elle est conseillère régionale. Cela fait partie des choses qui n’arrivent pas par hasard. Je l’ai recommandée. Certes elle a des qualités, des défauts, des choses à améliorer com- me nous tous.”

nomique et social dégradé, l’association “Halte aux Discrimi- nations” qu’elle a fondée et qu’elle préside a toute sa place. Son but est de promouvoir la diversité dans l’entreprise en la présentant com- me un enjeu économique. “Pour cela, il faut être non pas contre les entre- prises comme le sont mes adversaires politiques à Besançon mais du côté des entreprises” insiste l’élue. La discrimination n’est pas qu’une question de couleur de peau. “C’est le fait d’être traité de manière dif- férente dans une situation iden- tique. Il est vrai qu’en cas de crise, il y a une préférence naturelle qui se fait. Ces populations sont encore plus touchées. Mais quand dans un quartier le taux de chômage atteint 40 %, il s’agit moins de discrimi- nation que de manque de dynamis- me économique. Les gens ont besoin d’être tirés vers le haut et pas d’être assistés.” L’âge, le handicap, l’orientation sexuelle, sont d’autres formes de discrimination contre les- quelles s’insurge la conseillère muni- cipale et régionale. Âgée de 41 ans, elle est entrée dans ce combat lorsqu’elle vivait encore au Cameroun. Bisontine depuis 20 ans, elle est née dans la partie rura- le de Yaoundé d’un père travaillant dans la fonction hospitalière et d’une mère exploitante agricole. “Une fem- me battante insiste Mireille. Il faut savoir qu’au Cameroun les discri- minations ethniques sont terribles.

De manière générale, en France et en Franche-Comté, il y a une facili- té de vie.” Mais la discrimination y est aussi plus sournoise comme la jeune étudiante a pu le constater pendant ses études à Besançon en langues étrangères appliquées. “J’ai un prof à la faculté qui me disait “pour vous, ce sera beaucoup plus dur de trouver un stage.” Sous-enten- du qu’elle cumulait un double han- dicap, celui d’être noire et étrangè- re, qui allait lui fermer les portes de l’emploi.Mireille Péquignot aurait pu se résigner, accepter la fatalité comme l’invitait à le faire cet ensei- gnant. C’était oublier un peu vite sa ténacité. “Je viens d’une famille où on se bat. En ayant la volonté et le courage, on peut aller de l’avant” et faire évoluer les mentalités. Sa détermination et son expérien- ce l’aident à réussir. Il y a 20 ans, Mireille pensait ne faire que pas- ser à Besançon. “Finalement, la région m’a adopté et la ville aussi.” Aujourd’hui, elle tient sa place dans l’opposition municipale, affûtant ses arguments pour attaquer la majo- rité. “C’est très formateur d’être dans l’opposition. Cela nous oblige à four- nir beaucoup de travail. Certes j’aurais préféré que l’on soit majo- ritaire…” Ce sera peut-être le cas lors d’un prochain scrutin. Mireille Péquignot ne dit pas non. Bel exemple de discrimination positive dirait sans doute Nicolas Sarkozy. T.C.

Ces deux sujets inti- mement liés occupent toute son attention. Sa sensibilité au pre- mier est due à ses ori- gines camerounaises et le second à son métier de consultan- te pour une société qui aide les entre- prises locales à se développer sur les marchés internatio- naux. “Quand la situation économique d’un territoire est bon- ne, qu’il y a de l’emploi, tout le mon- de peut trouver sa pla- ce. Les questions de discrimination feraient moins débat si la conjoncture était différente” estime Mireille Péquignot. Dans ce contexte éco-

“Je viens d’une famille où son bat.”

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