La Presse Bisontine 108 - Mars 2010

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 108 - Mars 2010

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URBANISME 965 000 euros Le feuilleton Rhodia rebondit à nouveau Vingt-huit ans après l’arrêt des activités à la Rhodia, le sort de l’immense bâtiment n’est toujours pas réglé. Le 25 février, la Rhodia connaîtra un énième rebondissement judiciaire.

L’idée du cabinet Duguet-Peter est de faire des Prés- de-Vaux un quartier de transition douce vers la campagne.

L e juge de l’expropriation du tribunal de gran- de instance de Besançon tranchera le 25 février sur la valeur de la friche Rhodia qui appartient toujours à la société niçoise Phy- senti, aujourd’hui en liquidation judiciaire. Peut- être qu’enfin ce nouvel épisode judiciaire contri- buera à dénouer ce sac de nœud qui empoisonne la ville depuis près de trente ans. Rappel des

faits. Après la fermeture de l’activité textile en 1982, la ville a cherché pendant plusieurs années une manière de reconvertir le site. En vain. Plus tard, le projet de Grand Canal est venu hypothéquer les projets de la ville et c’est avec l’abandon de la voie fluviale en 1997 que le projet de recon- version des Prés-de-Vaux est à nouveau à l’ordre

du jour. Un programme financier baptisé A.T.S.R. (Avenir du Territoire Saône-Rhin) a ainsi per- mis à la ville d’engager des études sur la réha- bilitation de ces berges du Doubs. En décembre 2000, le conseil municipal de Besan- çon approuve un projet global de réaménage- ment du site avec construction d’un quartier d’habitat (environ 700 logements) et création d’activités liées à la rivière. En 2001, la muni- cipalité évoque même le projet de construire un pont dans le prolongement du tunnel sous la Citadelle pour permettre l’accès direct aux Prés- de-Vaux. La ville achète entre-temps certaines parcelles de terrain (bâtiment Supérior…) mais les beaux projets de la ville s’écroulent à l’automne 2003 quand une étude commanditée par le syn- dicat mixte Saône-Rhin fait état d’un très fort aléa lié aux risques de crues. “Nous avons dû arrêter les études du jour au lendemain et deman- dé une contre-expertise, c’est ce qui a abouti à l’élaboration du plan de prévention des risques d’inondation (P.P.R.I.). Ce nouvel épisode a fait encore perdre trois ou quatre ans” déplore Michel Loyat, l’adjoint bisontin à l’urbanisme. En 2006, la ville de Besançon décide de lancer un “marché de définition” destiné à retenir une vraie stratégie de reconversion du site. Le cabi- net d’urbanisme Patrick Duguet-Alfred Peter est retenu et présente en septembre 2007 un projet de “parc habité” où le grand bâtiment de la Rhodia (la “cathédrale”) serait rasé et le sol dépollué grâce à une technique innovante de “phyto-remédiation”. Une fois ce projet approu- vé, il pourra faire l’objet d’une enquête publique et d’une déclaration d’utilité publique. Seulement, on n’en est pas encore là. Car aux questions administratives sont venues se gref- fer des complications liées à la propriété du site.

La cathédrale est passée entre plusieurs mains : Rhône-Poulenc a vendu à un ferrailleur qui a elle-même revendu à Physenti. Dernier épisode en date de ce début d’année : une société basée dans le Vaucluse a proposé de racheter la cathé- drale pour la somme exorbitante de 10 millions d’euros ! La ville a usé de son droit de préemption. Les Domaines ont estimé la valeur de la friche à 965 000 euros. Trop cher aux yeux de la ville qui avait fait une proposition à 800 000 euros, comp- te tenu des travaux de sécurisation qu’elle avait déjà engagés. Refus de Christiane Loiseau, la responsable de Physenti. L’affaire, au tribunal, sera donc tranchée le 25 février.Mais même si le juge tranche en faveur de la ville, le feuilleton Rhodia n’est pas pour autant terminé. “Le vendeur peut très bien se retirer et ne plus vendre” ajoute M. Loyat.

Dans ce cas, la seule issue pour la ville sera de ficeler le projet d’urbanisme qui seul pourra ser- vir de base à une enquête publique. Et seule une déclara- tion d’utilité publique pourra per- mettre à la ville d’arriver à la solution ultime d’une expro- priation. Dans tous les cas, et même si un improbable accord est trouvé entre la ville et Physenti, la démo- lition de la cathédrale ne sera sans doute pas possible avant 2014. Pour voir éclore ce nou- veau quartier vert, il faudra donc encore s’armer d’une bonne dose de patience. J.-F.H.

“Le vendeur peut très bien se retirer.”

Condition à la réalisation du projet : que la “cathédrale” soit démolie (vues Duguet-Peter).

La Coopération en congés ? Billet

La ville a déjà engagé des travaux de sécurisation du site, ce qui n’a pas empêché la survenue d’un accident mortel.

L es semaines se suivent mais ne se res- semblent pas pour le secrétaire d’État à la CoopérationAlain Joyandet.Toutes les semaines, les rédactions nationales et locales reçoivent l’agenda hebdomadaire du ministre voyageur. Sous les feux de l’actualité en Haïti à la mi- janvier, un peu plus tôt en République Domi- nicaine pour ramener les deux Bisontines emprisonnées,M. Joyandet parcourt le mon- de pour défendre à la francophonie ou por- ter la politique de coopération de la Fran- ce. On l’a vu au sommet de Copenhague en décembre, au large de Rio en mémoire des disparus du vol Rio-Paris, en Bolivie un peu

plus tard pour l’investiture du président, au Congo quelques semaines plus tôt, à New-York aux Nations Unies, aux Comores ou à Madagascar. Le 17 février, il accom- pagne le président de la République en Haï- ti à la rencontre des sinistrés. À scruter d’un peu plus près l’agenda du ministre globe-trotter ces dernières semaines, on s’aperçoit que le programme hebdoma- daire du locataire du quai d’Orsay a sensi- blement été allégé. Naturellement Alain Joyandet fait campagne en Franche-Com- té. Mais pendant ce temps-là, la politique de coopération de la France avec les pays qu’elle soutient est-elle en vacances ?

Voilà 28 ans que la verrue Rhodia gâche l’entrée de ville.

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