La Presse Bisontine 108 - Mars 2010

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 108 - Mars 2010

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PARC LAFAYETTE Réaction face à la crise Fabricom change de stratégie industrielle Malgré la crise, la société bisontine Fabricom ne tourne pas le dos à l’automobile, un secteur industriel sur lequel elle intervient en temps que sous-traitant. En revanche, elle innove et adapte son outil de travail pour se positionner sur le marché des transports en général.

L es constructeurs automo- biles ont levé le pied sur les investissements. Par ricochet, c’est toute l’activité des sous-traitants de ce secteur économique qui tourne au ralen- ti depuis un an. Fabricom fait partie de ces entreprises qui subissent de plein fouet la pru- dence de leurs donneurs d’ordres. Cette filiale du groupe G.D.F.- Suez dont le siège est à Besan- çon est spécialisée dans la fabri- cation et l’installation de lignes complètes d’assemblage (com- me par exemple de boîtes de vitesse) pour des constructeurs et des équipementiers français et étrangers. Fabricom est la dernière entre- prise tricolore à détenir un savoir- faire aussi complet pour répondre

à des demandes spécifiques.Tou- tefois, cette position dominante ne la met pas à l’abri des aléas de la conjoncture. L’unité bison- tine du Parc Lafayette qui emploie 101 personnes a vu son chiffre d’affaires divisé par deux. Provenant à 80%de l’automobile, il est passé de 18millions d’euros en 2008 à 9,7 millions d’euros en 2009. Le chiffre d’affaires glo- bal du groupe qui emploie 600 personnes dans le monde (Chi- ne, Brésil, Roumanie) dont 222 en France est lui aussi en recul passant de 50 millions d’euros en 2008 à 38 millions d’euros en 2009. En faisant le point sur le carnet de commandes, Isabelle Blatey- ron, responsable du département “produits et innovation”, s’attend à une année 2010 difficile. “Ce sera dur” dit-elle reconnaissant que dans ce contexte c’est une chance pour Fabricom d’être adossée au groupe G.D.F.-Suez. Face à ces perspectives peu réjouissantes, la direction a accé- léré sa réflexion sur l’élaboration d’une nouvelle stratégie indus- trielle et commerciale. À la fin de l’année dernière, elle a défi- ni de nouveaux axes de déve- loppement qui doivent permettre à terme de pérenniser Fabricom. Une des pistes retenues est de diversifier l’activité sans sortir dumarché automobile. “Ces quin- ze dernières années, nous avons beaucoup sué pour être reconnus dans le monde de l’automobile. C’est sûr qu’il y a une crise et qu’il y a peu d’investissements. Mais l’avantage de ce secteur est que le marché est important. Il nous oblige à être innovant et compétitif. Par ailleurs, tourner le dos à l’automobile en suppo- sant que les autres marchés tels que le médical sont faciles à conquérir est un leurre” insiste Isabelle Blateyron. Fabricom ne souhaite pas sortir de l’automobile mais veut profi- ter des compétences acquises pour se positionner sur des milieux connexes tels que les transports en général. Ainsi, le savoir-faire qui vaut pour l’automobile peut être adapté à

l’aéronautique,aux bus,aux trac- teurs, aux motos, ou au ferro- viaire. “Nous avons fabriqué deux lignes d’assemblage de culasses pour John Deere” ajoute-t-elle. En parallèle, Fabricom lorgne aussi sur lemarché de l’énergie. G.D.F.-Suez, sa maison-mère, peut lui ouvrir les portes de ce marché. Ce redéploiement passe par une nouvelle organisation interne à l’entreprise où l’accent a été mis sur l’ingénierie et la conception de projets, et le renforcement des agences de proximité comme cel- le deMetz qui sont des antennes délocalisées deFabricom.Implan- tées à proximité des donneurs d’ordres, elles ont pour rôle de répondre dans les délais les plus courts à leurs attentes. Enfin,le changement de cap,c’est aussi la commercialisation d’un certainnombre de produits Fabri- com. Elle passe du rang de sous- traitant de l’automobile à celui de fabricant de machines desti- nées à répondre aux besoins d’entreprises de tous les secteurs industriels. Telle est la raison d’être du département produit et innovation récemment créé. C’est dans cet esprit que cette société a conçu une presse élec- trique aussi performante qu’une presse hydrauliquemais surtout moins polluante etmoins encom- brante. “Ce produit n’existe pas. Je souhaiterais que nous puis- sions obtenir un éco-label pour cette innovation. 2010 est une année charnière durant laquel- le nous allons repositionner Fabri- com” annonce Isabelle Blatey- ron. Fabricom n’entend pas amorcer seule cettemutation.L’entreprise bisontine souhaite entraîner dans son sillage des sous-traitants qui interviendront dans la fabrica- tion des machines. Elle entend faire d’eux des partenaires plu- tôt que des adversaires. “Nous ne nous en sortirons pas si on passe notre énergie à se concur- rencer. Il faut trouver une forme de travail en commun pour déga- ger des bénéfices en commun.” Les mentalités changent. T.C.

Isabelle Blateyron, responsable du département “produits et innovation” de Fabricom, une entreprise qui innove.

TENDANCE

750 entreprises interrogées Une reprise modeste et fragile à la fois La situation devrait s’améliorer en 2010 pour les entreprises franc-comtoises mais de façon hétérogène d’un secteur à l’autre. U n optimisme mesuré conclut l’enquête annuelle de la Banque de France qui a sondé 750 entre-

ticulier ceux de l’automobile retrou- vent doucement la voie de la croissance insuffisante toutefois pour compenser la dégringolade de l’année dernière. L’automobile est le secteur industriel qui affiche la progression la forte pour 2010 puisque son chiffre d’affaires devrait faire un bond de 19 % après avoir reculé de 4,8 % en 2009. Les mesures gouvernementales pour encou- rager les consommateurs à changer de véhicule portent leur fruit. “L’inconnue est l’impact ou l’absence d’impact de la réduction progressive des primes à la casse” tempère Patrick Bernard. L’industrie agroalimentaire (fromage- rie, atelier de transformation de vian- de) annonce une très faible progres- sion de leur chiffre d’affaires de 0,1 %, après un repli de 3,2 % en 2009. Les entrepreneurs du secteur des biens de consommation (meuble, imprimerie, horlogerie, jouets…) estiment eux aus- si que la situation va s’améliorer en 2010 puisque le chiffre d’affaires glo- bal devrait croître de 3,3 % après avoir chuté de 8,3 %. Au rang de ceux qui retrouvent des couleurs, il y a aussi les sociétés de services (transport, net- toyage, activité comptable, réparation automobile). Dans l’industrie, seuls les biens

d’équipement (électronique, matériel agricole, fabricants de machines) vont connaître un recul de 3,2 % en 2010 après une progression de 6,7 % du chiffre en 2009. Les effets de la crise sont différés sur ces entreprises. “Ce secteur est touché plus tardivement par la crise. Il en sortira donc plus tardi- vement. Toutes les sociétés ne sont pas logées à la même enseigne. Ceux qui dépendent directement de l’investissement des entreprises vont souffrir” observe Patrick Bernard. Le coup de frein sur les investissements est un indicateur majeur de la crise. Ils ont baissé de 39,4 % en Franche- Comté en 2009. Ils devraient cepen- dant se redresser timidement de 11,6%. “Nous avons perdu 20 points sur le taux d’utilisation des capacités de produc- tion. Nous en avons récupéré 10, ce qui explique que les entreprises n’ont pas besoin d’investir. Elles vont attendre que leur activité se redresse pour inves- tir. Il est clair que l’investissement ne sera pas l’élément moteur de la repri- se.” En revanche, l’étude de la Banque de France, prévoit qu’un secteur en par- ticulier peine cette année encore. Il s’agit du Bâtiment et des Travaux Publics, un pan de l’économie dont le chiffre d’affaires a reculé de 6,2 % en 2009. La baisse s’accentue de 1,6 % en 2010. L’indissociable corollaire à ce constat est l’emploi qui est malmené. Les entre- prises ont commencé par se séparer des intérimaires (- 21,8 % en 2009) et ont eu recours au chômage partiel et à la formation pour éviter de licencier massivement leur personnel. Néan- moins, la Franche-Comté une des régions où le plus d’emploi ont été détruits ces derniersmois. L’année der- nière, le chômage a augmenté de 20,8% contre 18,5 % au niveau national. T.C.

prises franc-comtoises de différents secteurs d’activité. Elles ont été inter- rogées sur leur bilan de l’année 2009 et les perspectives envisagées pour 2010. Résultat, après une année moro- se qui s’est soldée par un repli du chiffre d’affaires de 6,8 % des sociétés franc- comtoises, les prévisions 2010 sont plus encourageantes. “La reprise est là. Elle est modeste et probablement fragile” observe Patrick Bernard, directeur de la Banque de France. Mais, au même titre que la situation s’est dégradée de manière hétérogène d’un secteur à l’autre, toutes les entre- prises ne profitent pas de la même manière de l’amélioration. Des varia- tions sont importantes en fonction des domaines d’activité. Globalement, le chiffre d’affaires devrait progresser de 7,6%dans l’industrie avec des nuances importantes en fonction des secteurs. “Par exemple, sinistrés en 2009 avec une baisse du chiffre d’affaires de 20,9%, le secteur des biens intermédiaires qui a le plus souffert, prévoit une hausse de 12,3 % cette année” poursuit Patrick Bernard. Ce domaine qui englobe tous les sous-traitants industriels et en par-

Encore 450 m 2 disponibles L’A.R.D. a élu domicile chez Fabricom Le 26 juin 2009, lʼAgence Régionale de Développement (A.R.D.) sʼest retrouvée privée de locaux après que ceux-ci aient été inon- dés, rue Jacquard, à la suite dʼun violent orage. Cet événement naturel exceptionnel a obligé lʼA.R.D. à changer dʼadresse. Fina- lement, elle a élu domicile fin août, parc Lafayette à Planoise, chez Fabricom, où elle loue 300 m 2 . Une situation qui satisfait la filiale du Groupe G.D.F.-Suez. En effet, pour rentabiliser les vastes locaux quʼelle nʼutilise plus entièrement, lʼentreprise Fabricom a décidé dʼen réaménager une partie pour les proposer à la loca- tion. Ainsi, elle dispose encore de 450 m 2 de bureaux et dʼatelier (entrée indépendante et possibilité de mettre une enseigne en façade) en attente dʼêtre loués.

Patrick Bernard, directeur régional de la

Banque de Fran- ce, indique éga-

lement que les

exportations baissent de 25 % pour les biens inter- médiaires.

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