La Presse Bisontine 108 - Mars 2010

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 108 - Mars 2010

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BANQUE Nomination Bertrand Corbeau perché au sommet de la banque verte Le directeur général du Crédit Agricole de Franche-Comté a été nommé à la tête de la Fédération Nationale du Crédit Agricole. Un échelon de plus dans la carrière de ce brillant banquier de 50 ans. Avant de quitter définitivement Besançon le 1 er mars, il fait le point sur ses nouvelles fonctions et livre son analyse de la situation franc-comtoise.

L a Presse Bisontine : Vous avez passé trois ans à la tête des 1 500 collabora- teurs du Crédit Agricole de Franche- Comté. En quoi consisteront vos nouvelles fonctions nationales ? Bertrand Corbeau : La fédération natio- nale du Crédit agricole regroupe tous les fonds propres des caisses régio- nales, qui sont ensuite investis dans Crédit Agricole S.A. et dans notre déve- loppement international. C’est d’abord un rôle financier. Ensuite, il s’agira de

et également de piloter une réflexion sur les perspectives du Crédit Agrico- le à moyen et long terme. L.P.B. : Cette nomination à la tête du Crédit Agricole national est sans doute pour vous la reconnaissance du travail que vous avez accom- pli en Franche-Comté. Dans quel état laissez- vous la caisse régionale ? B.C. : Dans une situation très solide. Le résultat net de l’année 2009 dépas- sera les 45 millions d’euros, malgré les effets de la crise qui nous a fait pas- ser plus de 60 millions d’euros de pro- visions pour risque. En 2008, le résul- tat net était d’environ 60 millions d’euros. La baisse est donc très limi- tée en 2009 malgré les difficultés de la crise. L.P.B. : Le siège d’autres grandes banques a quitté Besançon. La présence régionale du Crédit Agricole est-elle menacée ? B.C. : Le Crédit Agricole reste la seule banque totalement franc-comtoise avec un siège à Besançon. Il n’y a aucun risque de voir cette situation changer.

L.P.B. : La santé de nombreuses entreprises locales a été ébranlée par la crise et certaines d’entre elles reprochent aux banques leur fri- losité. Que leur répondez-vous ? B.C. : Le Crédit Agricole s’est toujours attaché à accompagner les entreprises, même aux pires moments de la crise. J’estime qu’on a joué le jeu. En Franche- Comté l’an dernier, 80 % des finance- ments demandés par les entreprises ont été accordés.Tout confondu, 100 000 prêts ont été accordés l’an dernier par les banques en Franche-Comté. Par ailleurs, le médiateur du crédit a été sollicité par 500 entreprises en Franche-Comté et deux fois sur trois, pour ces 500 cas les plus difficiles, on a trouvé une solution. L.P.B. : Les banques font-elles néanmoins leur mea culpa après cette grave crise financiè- re ? B.C. : Les banques ont autant de res- ponsabilités que les principaux gou- vernements et les autorités de tutel- le, États ou organismes de régulation.

conduire la réflexion stra- tégique des caisses, c’est- à-dire mettre les 39 caisses régionales d’accord sur tous les points qui les concernent. Enfin, la fédération natio- nale est là pour apporter un certain nombre de ser- vices aux caisses régio- nales dans le domaine de la finance, des ressources humaines et du fiscal.Ma mission est donc de fai- re fonctionner tout cela

“J’estime qu’on a joué le jeu.”

Ceci dit, que ce soit au niveau des États que des banques, cette crise va et doit entraîner des changements structu- rels. On a aujourd’hui besoin de sécu- riser le système mais en même temps on a besoin de ne pas étouffer le début de reprise. On va continuer à financer l’économie sans restriction, mais en ne faisant pas n’importe quoi. On peut financer l’économie locale, on en a les moyens et les possibilités. Mais il faut aussi que les chefs d’entreprise veillent au niveau de leur performance écono- mique, à la qualité de la gestion et contribuent à une bonne relation avec leurs banques. C’est comme dans un couple : quand ça va mal, on a ten- dance à vouloir désigner un seul res- ponsable. L.P.B. : Confirmez-vous le début de reprise en Franche-Comté ? B.C. : Il y a un début de reprise, mais il est fragile. Certains secteurs inno- vants n’ont pas vraiment souffert, d’autres entrent seulement aujour- d’hui dans le dur. On est clairement sur un ciel qui se dégage mais il y a encore des zones de turbulences. L.P.B. : Faut-il souhaiter le retour à la situa- tion d’avant la crise ou alors doit-on changer le système ?

B.C. : On doit entrer dans une nouvelle époque. Ce n’est pas qu’une crise conjonc- turelle, cette crise est aussi structurelle, elle est liée au déve- loppement des échanges sur le plan mondial. Ce change- ment est un état de fait auquel il faut s’adapter. En Franche-Comté, j’ai trouvé un tissu entre- preneurial de gran- de qualité. Il y a aujourd’hui pour nous un impératif d’accompagnement de ce mouvement de régénérescence des entreprises. À l’avenir, je pense qu’il est nécessaire d’instaurer une union

Bertrand Corbeau sera remplacé au 1 er mars prochain par une femme, actuelle directrice en région Centre. Une première pour le Crédit Agricole de Franche- Comté.

sacrée entre les collectivités locales, les organisations professionnelles, l’État et les banques. Je pense que dans cette région, on a su se serrer les coudes pour éviter une catastrophe.

Propos recueillis par J.-F.H.

Bertrand Corbeau en dates Originaire de Mayenne, Bertrand Corbeau a gravi en vingt-cinq ans tous les échelons de la banque verte. - 1982 : un D.U.T. de gestion en poche, il démarre comme guichetier dans sa région natale des Pays de Loire. - 2002 : après avoir occupé les postes les plus divers au sein du Crédit Agri- cole, il est nommé directeur commercial du Crédit Agricole de lʼAnjou et du Mai- ne. Avant dʼêtre nommé une première fois à Besançon en tant que directeur général adjoint de la caisse régionale de Franche-Comté, dirigée alors par Pier- re Derajinski. Il passera trois ans à Besançon avant de regagner la région de Chartres où il devient lʼadjoint du directeur de la caisse Val de France. Dernier échelon en date : Bertrand Corbeau remplace Pierre Derajinski à la direction générale de la caisse Franche-Comté en février 2007. - Janvier 2010 : il est nommé à 50 ans, directeur général de la Fédération Natio- nale du Crédit Agricole dont le siège est à Paris (VIII ème arrondissement).

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