La Presse Bisontine 108 - Mars 2010

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 108 - Mars 2010

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BOUCLANS

EN BREF

Un Père missionnaire en Haïti

“Les Haïtiens sont admirables de courage” Originaire de Bouclans, le Père Maurice Piquard est plus que jamais aux côtés du peuple Haïtien, sa seconde famille depuis quarante ans maintenant.

Justice Le délai moyen de traitement d’un dossier au Tribunal de Grande Instance de Besançon est de 6,7 mois. 19 063 affaires au pénal ont été traitées l’an dernier par le T.G.I., soit 4 % de plus que l’an dernier. Pèlerinage 62ème pèlerinage montfortain à Lourdes du 11 au 17 avril prochains, avec la participation de 800 malades et handicapés. Renseignements : François Simon au 03 81 58 53 01. Palente Exposition “À chacun sa cabane” jusqu’au 27 février à la M.J.C. Palente : 19 plasticiens ont créé leur cabane et 19 auteurs ont écrit sur ces cabanes. Rens. 03 81 80 41 80. Provence Du 12 au 17 avril, le Service interdiocésain des Pèlerinages propose la découverte de quelques joyaux d’architecture en Provence romane : de Vaison-la- Romaine à Arles et Avignon, des Sénanque à celle du Thoronet, la pierre traduit ce qu’il y a de plus élevé en l’homme. Rens. : Service des Pèlerinages au 03 81 25 28 22. abbayes de Sylvacane, Montmajour et

Le Père Maurice Piquard a perdu des amis, “des frères”,

La Presse Bisontine : De quelle manière avez- vous été touché par le séisme ? Maurice Piquard : Le jardin d’enfants “Pro- vidence” et sa chapelle “Notre-Dame de Lourdes” se sont complètement effon- drés en moins d’une minute sur la col- line de La Croix Despré. Depuis 2004, début de ma mission, nous avions créé ce lieu fonctionnel avec cuisine, sani- taires, trois classes du jardin d’enfants, une salle polyvalente et une chapelle. Ces travaux nous avaient permis de pas- ser de 40 à 200 personnes accueillies le dimanche pour la messe. Trois semaines après le séisme, aucun déblayage n’est fait. Une servante reti- rée des décombres le lendemain est décé- dée le surlendemain.La directriceMamie Jean et ses filles avaient eu le temps de sortir en courant. Heureusement, à cet- te heure tardive de l’après-midi, les enfants n’étaient pas à l’école. Il n’en a pas été demême pour des centaines d’étu- diants des universités en session d’après- midi, écrasés par les dalles de béton de leurs écoles.Un des jeunes universitaires (29 ans, finissant sa 4 ème année d’infor- matique) dont j’avais la charge depuis une quinzaine d’années, a été coupé en deux par un morceau de béton : il lais- se deux enfants de 7 et 2 ans et leur maman. L.P.B. : Un mois après, sentez-vous l’aide inter- nationale ? M.P. : On sent partout “l’international”, les avions et les hélicoptères les bateaux de la marine… Pour mon interview à France 3 à l’aéroport international, j’ai attendu 3 h 1/2 au soleil, interdit d’en- trée par lesAméricainsmaîtres des lieux, parce que je n’avais pas de carte de pres- se. J’ai pu monter dans la voiture de l’ambassadeur de France pour répondre à la même invitation. Les convois de l’O.N.U., ceux des policiers, sont partout, tous travaillent mais on ne voit rien venir jusqu’à nous. Patience ! Des organismes (O.N.G.) distribuent de la nourriture et de l’eau dans de nombreux centres de sinistrés, mais plus de la moitié d’entre eux ne sont pas rejoints. L.P.B. : Qu’est-ce qui fait le plus défaut ? M.P. : Quelle que soit la nourriture don- née, biscuits secs vitaminés, lait… rien ne remplacera le riz et les haricots, le maïs et le petit mil, les vivres (patates, ignames, plantain). Il manque les pro- duits d’hygiène mais les Haïtiens sont d’une propreté exemplaire et restent dignes et beaux. Il faut voir la peine qu’ils se donnent pour aller chercher de l’eau dans des cuvettes et des galons pour fai- re leur toilette et celle de leurs enfants, pour faire la lessive et avoir toujours de

beaux habits. L.P.B. : À quoi va servir l’argent récolté par les Bisontins ? M.P. : L’argent qui m’est confié par mes parents et mes amis dans l’immédiat est partagé avec une centaine de familles et utilisé aussi pour des situations ponc- tuelles urgentes, comme celles des étu- diants que j’accompagne dont la plupart sont repartis pour leur campagne d’ori- gine après avoir tout perdu ici. L’argent récolté par mes nièces à Bouclans avait permis de créer le jardind’enfants et assu- rait la survie de 40 familles à qui je sub- ventionnais le loyer. Je n’ai pas fini le recensement pour savoir s’ils sont en vie. L.P.B. : Gardez-vous espoir ? M.P. : Comment faire autrement ? Le peuple haïtien est tout simplement admi- rable de courage ! L’appétit de vivre de la population qui m’entoure renouvelle en moi chaque jour l’espérance que tout est possible avec eux. L.P.B. : Vous imaginez rentrer en France ? M.P. : Ce sera pour mon congé régulier en 2011 si Dieume prête vie.Mes séjours de deux mois (juin-juillet) tous les trois ansme permettent de revoirmes parents et mes amis, de changer d’air et de ren- flouer la finance pour continuer de sou- tenir les étudiants,les enfants,les familles. Sauf cas de force majeure (expulsion, maladie, rappel de la part de mes res- ponsables montfortains de France), je n’envisage pas de partir. L.P.B. : Cette catastrophe peut-elle conduire les gens à moins croire en Dieu ? M.P. : Bien au contraire ! Pour les Haï- tiens du peuple,ce qui se passera demain, c’est “si Dieu veut”, ce qui s’est passé hier c’est“grâce àDieu”,ce qui se passe aujour- d’hui, c’est “à la volonté de Dieu”. L.P.B. : Des Américains ont été arrêtés pour tra- fic d’enfants. Vous méfiez-vous des pseudo- Bouclans : 2 300 euros collectés Le concert “solidarité Haïti” organisé le 29 janvier à Bouclans par la famille du Père Piquard a permis de récolter 2 300 euros. “Le groupe Diga, Antoi- neʼChu, Bazʼik ont assuré la partie musi- cale” commente Stéphanie Bonnet, niè- ce du Père missionnaire. “Nous remercions celles et ceux qui ont aidé et tous les courageux venus malgré le mauvais temps.”

dans le séisme. Mais

sûrement pas la foi.

les États-Unis, qui arriveraient à s’en- tendre. L.P.B. :Combien de temps faudra-t-il pour recons- truire ? M.P. : Combien de temps faudra-t-il pour finir de détruire ? C’est le court terme - déblayer, planifier, nettoyer - avant d’éva- luer que faire et comment le faire ! Sans doute quelques années pour le moyen terme, de la mise en place de structures nouvelles au niveau des administrations, de l’éducation, de la santé, et probable- ment une dizaine d’années pour voir quel pourrait être un nouveau visage de la capitale. L.P.B. : Seul, le pays peut-il s’en sortir ? M.P. : Qui peut aujourd’hui prétendre s’en sortir seul ? Jamais le pays ne pourra s’en sortir seul, jamais il n’a pu régler seul ses problèmes. Propos recueillis par E.Ch.

aidants ? M.P. : Je pense à l’aspect humanitaire qui anime ces gens-là,plus qu’àun trafic d’en- fants. Il vaudraitmieux chercher ailleurs letraficd’enfantsouletraficd’êtrehumains, par exemple en temps plus ordinaire, lorsque règne la corruption un peu à tous les niveaux des administrations. Des O.N.G.humanitaires font du très bon tra- vail. Des trafiquants, il y en a partout, il faut toujours s’en méfier ! L.P.B. : Comment l’intervention des États-Unis est-elle perçue ? M.P. : Elle est perçue comme de l’ingé- rence ou de la néo-colonisation par les ultra-nationalistes, comme unmal néces- saire par beaucoup de gens plus réa- listes, comme une nécessité vitale par les gens du peuple qui sentent bien que sans eux, c’est le chaos. Ce qui serait sage, ce serait l’intervention de plusieurs partenaires étrangers, pas seulement

Renseignements : Association Partage-Haïti. Don : par chèque libellé à “Maurice Piquard” à adresser à l’adresse suivante : Daniel Piquard, 65 E, rue de Dole, 25000 Besançon.

SAUGEAIS

Arc-sous-Cicon - Le Crêt Moniot

La station des Bisontins À moins de quarante minutes de Besançon, Arc-sous-Cicon est un endroit idéal pour débuter en alpin ou à ski de fond. Mieux, des bénévoles sont là pour vous accueillir et vous conseiller.

D ans le Saugeais, on sait recevoir. Et même si les purs et durs vous diront qu’Arc-sous-Cicon - pourtant situé au pied du Crêt Moniot - ne fait pas partie du Saugeais, tout laisse à penser que les Arquillons ont le sens de l’hos- pitalité au point que la micro- station s’est forgée une place au soleil dans le panel de stations du Haut-Doubs. Pour au moins deux bonnes raisons : c’est le pre- mier vrai lieu nordique entre Besançon et Pontarlier d’une part et les pistes y sont particulière- ment bien tracées d’autre part. Il n’en fallait pas plus pour que l’association qui gère le domai- ne soit débordée. La preuve au chalet de location où se vendent les forfaits : le téléphone n’arrê- te pas de sonner. “C’est comme ça chaque week-end ou pendant les vacances” s’exclame avec le sourire Sophie. “On avait mis un répondeur chez un des bénévoles de l’association mais nous avons dû changer de numéro en raison d’un trop fort nombre d’appels”

Sa mission en Haïti O riginaire de Bouclans, le Père Maurice Piquard est arrivé à Haïti en 1970 où il fut ordonné prêtre chez les missionnaires montfortains dans le diocèse de Port-de-Paix. Ses missions : lʼévangélisation, lʼéducation dans les écoles pri- maires, la santé (dispensaires), lʼagriculture (plantations, jardins, reboisement) et projets ponctuels selon les besoins et les lieux : un four à pain à La Baie-des Mous- tiques, des citernes familiales à lʼÎle de la Tortue, la construction de logements et dʼécoles à Bassin Bleu, à Poste Métier et à Passe-Catabois, et toujours et en tous lieux, lʼaccompagnement dʼétudiants dans les collèges et les universités. Appelé à venir travailler sur Port-au-Prince en 2002, il sʼest vu confier, à côté des services administratifs de mes confrères montfortains, lʼœuvre du jardin dʼenfants “Providence” et sa chapelle “Notre-Dame de Lourdes”, détruits par le séisme. Jac- queline Barthélémy, qui avait fait don, est décédée lors dʼune réunion de prière dans lʼéglise du Sacré-cœur lorsque celle-ci sʼest effondrée.

Ces skieurs venus de Saône sont des habitués des pistes du Crêt Moniot.

dit-elle. Spécialisée dans le nordique, la station gérée par des bénévoles n’a rien à envier aux profes- sionnels. En matière de location, l’offre est importante. En matiè- re de skiabilité, plusieurs itiné- raires sont possibles en fonction du niveau avec des pistes bleues ou noires. Le must étant de pou- voir se rendre au sommet du Crêt Moniot qui culmine à 1 142 mètres, point de vue imprenable sur les Alpes par beau temps.

Venus de Dannemarie-sur- Crète (près de Besançon), Géral- dine et Laurent disent avoir mis 45 minutes pour arriver dans le froid d’Arc, à 800 m d’altitude. “On fait quelques descentes et nous irons récupérer nos enfants à 12 h 30. C’est idéal car cela nous évite de traverser Pontar- lier et y risquer de perdre du temps dans les bouchons.” Même son de cloche du côté de Marie et Frédéric. E.Ch.

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