La Presse Bisontine 108 - Mars 2010

DOSSIER

La Presse Bisontine n° 108 - Mars 2010

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N.P.A.

Une gauche écologiste et anti-capitaliste “Nous n’avons pas besoin de bling-bling en Franche-Comté” Laurence Lyonnais est la tête de liste du Nouveau

Parti Anticapitaliste d’Olivier Besancenot. Deux credos pour elles et ses co-listiers : la lutte contre le capitalisme et l’écologie.

La liste N.P.A. a été dévoilée le 13 février dernier.

L a Presse Bisontine : Qu’est-ce qui vous motive à mener une liste sous la ban- nière du N.P.A., sans vous être alliés aux autres partis d’extrême-gauche ? aurence Lyonnais : Tout simplement par- ce qu’il y a une vraie place pour un programme anti-capitaliste dans ces élections. Nous souhaitons être l’expression de la révolte contre l’injustice et les dégâts de la crise. En ce moment, l’argent passe avant l’être humain, les profits avant l’émancipation. Nous voulons être l’expression de ces réalités. Nous sommes une gauche écologiste et anti- capitaliste. L.P.B. : Qu’est-ce qui vous différencie alors des Verts ou du P.S. ? L.L. : Il y a deux gauches dans ce pays. Une qui est pour l’adaptation et l’accompagnement du capitalisme, c’est celle qui est aux commandes aujour- d’hui de la Franche-Comté. C’est elle par exemple qui s’apprête à caution-

ner l’ouverture à la concurrence des T.E.R. Nous ne sommes pas de la même gauche. Il y a aussi l’écologie qui est compatible avec l’exploitation de la planète à outrance et d’autres écolo- gistes qui s’y opposent. Les Verts ont par exemple soutenu le “oui” au trai- té constitutionnel européen et par conséquent ne s’opposent pas à la pri- vatisation des services de l’eau. Com- ment peut-on dans ce cas-là se dire écologiste ? L.P.B. : Que proposez-vous d’autre pour la Région Franche-Comté, sur le volet écono- mique par exemple ? L.L. : La Région est dans une logique de subventionnement des entreprises. La majorité actuelle s’est engouffrée dans les pôles de compétitivité pour soutenir les entreprises et leur logique de profit. 6milliards d’aides à l’industrie automobile et on annonce chez Peu- geot le non-remplacement des départs à la retraite ! La majorité actuelle n’a

sur ce point rien imposé, rien contrô- lé sur les millions distribués. C’est inadmissible. L.P.B. : En cette période de crise, vous inter- diriez les licenciements ? L.L. : Oui. Il faudrait que les entreprises cotisent à hauteur de leurs profits à un fonds de garantie des emplois. Il faut aussi une exigence de transpa- rence et de démocratie. Concrètement, que les entreprises ouvrent leurs livres de comptes. L’État et les collectivités locales font des chèques en blanc aux entreprises, sans contrôles. L.P.B. :Votre vision des transports régionaux ? L.L. : On nous annonce qu’il y a des défi- cits publics et en même temps on veut mettre au moins 3 milliards d’euros sur la branche Sud de la L.G.V. En même temps on ferme des gares, on ne développe pas d’autres lignes. Nous proposons le développement des lignes T.E.R. et la gratuité des transports régionaux pour tous. Les milliards du T.G.V., on les met dans ce genre de mesure. Je pense que la Franche-Com- té va voir passer les trains, car la S.N.C.F. ne s’engage pas sur plus de quatre ans concernant les fréquences des T.G.V. On a laissé pourrir cer- taines lignes comme Troyes-Belfort ou Delle-Paris. L.P.B. : Un mot sur la formation, autre grande mission de la Région ? L.L. : On finance aujourd’hui de lamême manière les lycées privés et les lycées publics, alors qu’il faudrait un vrai ser- vice public de l’enseignement. L’enseignement privé, il faut le lais- ser se débrouiller seul. L.P.B. : Quelle sera votre attitude si vous dépas- sez la barre des 5 % des suffrages ? Une union est-elle possible avec d’autres listes ? L.L. : On ne se présente pas pour renier au soir du second tour ce qu’on a défen- du jusqu’au premier tour. Dans ce cas- là, on revendiquera que nos idées soient justement représentées. Nous ne nous

trompons pas d’ennemi : c’est bien la droite. Notre objectif est donc de faire barrage à la droite. Une fusion tech- nique avec le P.S. et les Verts oui, mais en toute indépendance. L.P.B. : Et si cela ne suffit pas à battre Alain Joyandet ? L.L. : S’il arrive au pouvoir, c’est le rou- leau compresseur sarkozyste qui conti- nue à avancer. Il n’y aurait donc que de mauvaises choses à en attendre, un très mauvais signal pour les classes populaires. Nous n’avons pas besoin de bling-bling en Franche-Comté. L.P.B. : Une première mesure si le N.P.A. était conduit aux affaires régionales ? L.L. : Ce serait de reprendre la main sur l’argent public et le concentrer sur les besoins sociaux et écologiques de la région. L.P.B. :Votre objectif est-il toujours de faire la révolution ? L.L. : Nous avons toujours cet esprit révolutionnaire. Pour autant, nous ne voulons pas présenter une candida- ture de témoignage. Nous avons des mesures concrètes, réalistes et qui peu- vent être mises en application tout de suite. Il faut répondre d’urgence aux problèmes des Francs-Comtois. Quand on dit “il faut changer de système”, on n’est pas déconnectés des réalités ! L.P.B. :Votre avis sur “l’affaire du voile” sur la liste N.P.A. du Vaucluse ? L.L. : Notre parti fonctionne de maniè- re autonome selon les comités. C’est une affaire qui concerne le N.P.A. du Vaucluse. Cette candidate partage nos valeurs et on ne règle pas ces ques- tions à coup d’anathèmes ou de lois. Mais ceci dit, on ne doit pas ajouter de l’oppression à l’exclusion. Et le voile est un signe d’oppression. Mais on n’a surtout pas de leçon à recevoir des Conseils régionaux qui donnent de l’argent public aux institutions confes- sionnelles. Propos recueillis par J.-F.H.

Laurence Lyonnais Originaire du Jura, Laurence Lyon- nais, 31 ans, vit et travaille dans le Haut-Doubs, en tant quʼagent de déve- loppement à la Communauté de com- munes Frasne-Drugeon. Elle est mili- tante N.P.A. depuis la création du parti il y a un an par Olivier Besancenot. Avant son adhésion au N.P.A., elle était une sympathisante de la L.C.R., elle sʼinvestit dans lʼaltermondialisme, le soutien aux sans-papiers. Au N.P.A., elle est spécialiste des questions rurales et agricoles. Laurence Lyonnais a été candidate aux législatives de 2007 dans le Haut- Doubs où lʼunion dʼextrême-gauche avait fait un score de 3,08 %. En 2009, elle était deuxième sur la liste N.P.A. aux Européennes.

Laurence Lyonnais est la tête de liste régionale du N.P.A.

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