La Presse Bisontine 108 - Mars 2010

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 108 - Mars 2010

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VIE MUNICIPALE

Première adjointe à la solidarité Marie-Noëlle Schoeller, “first lady” de la mairie Quand Jean-Louis Fousseret lui a proposé de faire partie de sa liste, elle ne s’attendait pas à hériter du poste de première adjointe. Impressionnée

M arie-Noëlle Schoeller n’aura profité que huit mois de sa retraite avant de dire “oui” à Jean-Louis Fousseret venu la solliciter pour rejoindre sa liste lors des dernières élections municipales. Faute d’expérience en la matière, elle aurait souhaité être conseillère. Il l’a parachuté à la fonc- tion de première adjointe en char- ge de la solidarité, de l’autonomie, du personnel municipal et de la coor- dination des élus. Comme si cela ne suffisait pas, il a ajouté à son panier les affaires générales. Un paquetage aussi lourd qu’inattendu pour cette femme qui ne s’est pas détourné des respon- sabilités qui lui ont été confiées. “Une fois en place, on ne se pose plus de questions, il faut y aller ! J’ai dit à Jean-Louis Fousseret qu’il prenait un risque. Il m’a répondu qu’il l’assumerait” s’amuse Maire-Noël- le Schoeller. Sans doute pressentait-il que ce job était taillé sur mesure pour le pro- viseur de lycée d’une nature jovia- le qu’elle était. La gestion, l’accompagnement, l’écoute, la conci- liation, le respect, la fermeté aussi, faisaient partie de son quotidien dans l’Éducation nationale. C’est au contact du terrain, en prenant la tête d’établissements “différents avec des populations différentes” qu’elle s’est forgée l’expérience et le carac- tère qui lui servent aujourd’hui.Vic- tor-Hugo à Besançon, Viette ou le Grand Chénois àMontbéliard,Mada- emparée de cette fonction pour faire avancer la solidarité. d’abord par l’ampleur de la tâche, elle s’est

Marie-Noëlle Schoeller ne fera qu’un mandat, mais elle s’y engage sans retenue.

plongée dans les affaires munici- pales en potassant ses dossiers tout en décortiquant les mécanismes qui font la vie d’une mairie telle que cel- le de Besançon. “Je ne suis pas seu- le. Quand vous êtes proviseur, vous n’avez pas autant d’adjoints. Lors- qu’il y a des décisions difficiles à prendre, elles sont pour vous. Là, je suis épaulée par une excellente équi- pe de directeurs. Il y a aussi les élus qui ont été conciliants à mon égard. J’avais à écouter et à entendre. J’ai eu une grande compréhension de leur part ce qui a facilité mes débuts” reconnaît Maire-Noëlle Schoeller. Son bureau se situe au premier éta- ge de la maison commune, “au car- ré moquette” précise-t-elle avec humour, juste à côté de celui dumai- re. Ici on la surnomme amicalement “la prem’s”. Elle consacre du temps aux ressources humaines “car ce qui fait la qualité d’une ville est la qua- lité de son personnel.” Mais c’est la solidarité qui canalise surtout son attention. Non seulement parce qu’elle est adjointe en charge de ces questions, mais parce qu’elle est aussi vice-présidente du C.C.A.S. Et puis il y a la conjoncture qui se dégrade et qui chaque jour lui rap- pelle la nécessité d’activité tous les leviers dont elle dispose pour agir en faveur des autres toutes géné- rations confondues. “J’ai relu l’histoire de l’action sociale à Besançon. L’héritage est lourd, il y a des évo- lutions à faire. En 1791, 600 indi- gents recevaient du pain, autant qu’aujourd’hui.” La première adjointe n’est pas naï- ve. La misère ne se règle pas d’un claquement de doigts. En revanche par une politique sociale structu- rée, “il est possible de remettre des gens debout pour qu’ils retrouvent leur autonomie. J’ai découvert depuis que je suis élue, à quelle vitesse une personne peut se retrouver à la rue. Je suis d’une nature solide, mais parfois vous ne pouvez pas rester insensible aux situations qui se pré- sentent à vous. À Besançon, d’après l’analyse des besoins sociaux que l’on établit chaque année, la situa-

fille de maire d’un petit village du Jura. Son père déplorait qu’aucun de ses sept enfants ne veuille lui succéder à la mairie. À sa manière, “la prem’s” sauve l’honneur. T.C.

tion s’est dégradée depuis l’automne 2008. Avant cela, l’emploi prospé- rait encore. On voit les effets de la crise sur le nombre de personnes qui sollicitent l’aident alimentaire. Il a augmenté de 15 à 20 %.” Il y a des retraités pauvres, des travailleurs précaires, des jeunes. Le midi, au Fourneau économique, 120 à 125 personnes viennent prendre un repas, alors qu’il y a peu de temps encore elles étaient moins de 90. Marie-Noëlle Schoeller ne baisse pas les bras. Au contraire, son éner- gie est communicative et fédératri- ce. “Une de mes préoccupations est de lutter contre l’isolement. Une des missions du C.C.A.S. est de repérer le plus tôt possible les gens qui ont des difficultés à payer leur loyer afin que l’on trouve des solutions. On acti- ve des réseaux de solidarité. Je trou- ve qu’il y a à Besançon une culture pour tisser du lien social.” La première adjointe s’est faite à ces missions d’élue. Mais si elle est à l’écoute de la vie municipale et du bruit de la ville, il n’est pas ques- tion pour elle de devenir une fem- me d’appareil, ce qu’elle n’a jamais été. Son cœur est à gauche, mais elle n’a jamais éprouvé le besoin d’adhérer à un parti pour défendre ses idées. Ce n’est pas à la couleur politique que l’on jugera l’action d’une élue de terrain de son genre, mais à sa façon d’empoigner les dos- siers et à les faire avancer. En s’engageant aux côtés de Jean- Louis Fousseret,Marie-Noëlle Schoel- ler a été rattrapée par son destin. Pendant toutes ces années de pro- viseur, au nom de la neutralité, elle a systématiquement refusé de figu- rer sur une liste électorale et ce mal- gré les sollicitations de gauche et de droite. Madame a attendu d’être dégagée de ses obligations profes- sionnelles pour s’engager sans rete- nue mais pour un mandat seule- ment. “J’ai une famille aussi” lance toujours en souriant Marie-Noëlle Schoeller. La fonction est accapa- rante. Heureusement, les affaires municipales n’étaient pas si étran- gères à cette arrière-petite-fille et

Ce qu’ils disent d’elle… Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon : “C’est un peu ma grande sœur” “P our la convaincre je lui ai dit que le travail était très intéressant, ce qui est vrai, que j’avais confiance en elle, ce qui est vrai aussi. Mais j’ai peut-être menti par omission sur la charge de travail qui l’attendait. Elle est très impli- quée dans la collectivité, elle suit ses dossiers de près. Nos discussions sont très franches. Maire-Noëlle Schoeller est une femme de grande qualité, très disponible, qui avait le profil pour occuper ce poste de premier adjoint. Quand je l’ai mise sur ma lis- te, même mes adversaires politiques m’ont dit “Cʼest une bonne pioche.” Cette per- sonne-là m’a tout de suite convaincu. C’est un peu ma grande sœur, nous sommes nés à onze jours d’écart. Elle est du 12 décembre et mois du 23, mais je ne vous dirai pas de quelle année (rire).” “Elle a du mal à prendre de la hauteur” “Cʼ est une femme qui a l’air sympathique. Elle est dans la gestion courante des dossiers, mais j’ai l’impression qu’elle a du mal à prendre de la hau- teur par rapport à cette ville. Elle est finalement à l’image d’un certain nombre de personnes de cette majorité et c’est ce que je déplore. Il y a beaucoup de contradictions et d’incohérences entre les déclarations et la réalité. Je m’étonne par exemple que pour des socialistes qui prônent la solidarité on ne montre pas plus d’intérêt pour le “Forum de la diversité” organisé à la Chambre de Commerce et de l’Industrie par l’association “Halte Discrimination” (N.D.L.R. : Mireille Péquignot en est à l’origine) durant lequel des thématiques aussi importantes que l’emploi vont être abordées.Tous les élus de la majorité ont été invités, personne n’a répondu à l’exception d’un seul. Nous n’avons pas reçu un euro de subventions pour organiser ce forum. Pour des gens qui se disent aider les publics en difficulté, c’est regrettable. Au-delà des paroles, je ne sais pas où est la solidarité dans cette ville. Il ne s’agit pas d’assister les gens mais de les aider à s’en sortir.” Mireille Péquignot, opposition municipale, Nouveau Centre apparenté U.M.P. :

me a toujours com- posé avec ce qui lui était donné. “J’ai eu des populations de quartier avec les- quelles j’ai eu beau- coup de plaisir à tra- vailler” se souvient-elle. Les élèves lui ont souvent bien rendu son sens du contact, comme ceux du Grand Ché- nois. Réunis dans la cour un jour de fin d’année, ils ont simu- lé une manifestation pour rendre homma- ge au proviseur qui les quittait avec ce slogan “Marie-Noël- le for ever”. C’est avec la même sensibilité qu’elle s’est

“La prem’s” sauve l’honneur.

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