La Presse Bisontine 108 - Mars 2010

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 108 - Mars 2010

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QUARTIER SAINT-FERJEUX Premier bilan des Conseils consultatifs de quartier Saint-Ferjeux aura-t-il son marché ? Les conseils consultatifs d’habitants fêtent leur premier anniversaire à Besançon. À Saint-Ferjeux, la première action concrète est

EN BREF

Sang En cette période hivernale, l’établissement français du sang (E.F.S.) incite tous les habitants à venir donner leur sang dans les sites de collecte “pour prévenir toute difficulté d’approvisionneme nt en produits sanguins dans les semaines à venir.” Renseignements au 0 800 150 150. Sabre Un nouveau cours d’arts martiaux a ouvert ses portes au centre-ville de Besançon, au Gymnase de la Cita. Situé 9, rue de Pontarlier, ce gymnase accueille tous les jeudis soirs de 20 heures à 21 heures un cours d’escrime japonaise (kenjutsu) pour apprendre le maniement du fameux sabre japonais, le katana. Renseignements sur http://sabrejapon aisbesac.free.fr ou http://gonojukan.f ree.fr. Contact : gonojukan@free.fr. Orientation Un guide régional “Après le C.A.P. ou le B.E.P. 2010” vient de sortir. Il est téléchargeable sur le site www.onisep.fr/bes ancon

retardée en raison d’une prudence face à l’utilisation de l’argent du contribuable.

I l y a pile un an, les habitants des quartiers bisontins disaient adieu aux conseils de quartier et bonjour au conseil consultatif d’habitant (C.C.H.). Mis en place par la Ville de Besançon en mars 2009, cet outil d’expression démocratique se définis- sait comme “un espace d’informations, de dialogue entre les habitants, les élus et services de laVille, contribuant à amé- liorer la qualité de vie dans les quar- tiers en menant des actions concrètes.” Un an après, quel bilan ? “Ce conseil est un bel exercice de démocratie où il n’y a pas de langue de bois” répond Didier Gendraud, adjoint à la Démocratie par- ticipative. Point négatif des C.C.H. : peu de décisions concrètes ont été réalisées jusqu’à présent car les commissions ont peur de mal investir l’argent du contri- buable alloué.

Exemple à Saint-Ferjeux où le C.C.H. fut le premier à tenir une assemblée plénière. C’était le 3 février dernier. Douze autres quartiers bisontins vont en faire de même, le but étant de dévoi- ler les projets réalisés aux autres habi- tants. Premier constat : les bénévoles semblent motivés mais certains dos- siers patinent comme l’a fait savoir une partie des membres du C.C.H. qui a montré une impatience - pour ne pas dire un certain agacement - face à la difficulté de mener à bien la création d’un marché. Voilà un an que les membres de la com- mission travaillent sur ce sujet. Ils pen- saient offrir aux habitants du quartier la possibilité de faire leur course dès le printemps sur le parking de la Bascu- le. Ce ne sera visiblement pas le cas pour la simple et bonne raison que la

L’assemblée plénière du conseil consultatif d’habitants (C.C.H.) de Saint-Ferjeux a réuni peu d’habitants. Les débats furent néanmoins constructifs.

commission “Vie de quartier” n’a pu réa- liser l’étude de marché : “Nous avons perdu deux mois dans la recherche d’étudiants qui pouvaient réaliser l’étude explique Marc Maître, responsable de la commission. Jacques Mariot (adjoint chargé du commerce et de l’artisanat) nous avait parlé de la possibilité de bénéficier de l’aide d’étudiants de Sup’ de com. On n’a pas eu de nouvelles… et on apprend aujourd’hui que 40 étu- diants travaillent pour la ville dans une étude de marché concernant le mar- ché couvert de la ville. Il aurait dû être transparent et nous dire que nous n’aurions pas d’étudiants” lâche le res- ponsable un peu amer. Reste une solution pour que ce projet ne tombe pas à l’eau : l’intervention d’un cabinet privé.Après devis, un pre- mier professionnel demande 7 000 euros pour lancer l’étude : “C’est cher : on ne veut pas gaspiller l’argent du contri- buable” fait remarquer un membre du conseil. Et une dame, native du quar- tier, d’enfoncer le clou : “Les marchés à Saint-Ferjeux n’ont jamais fonc-

tionné !” De quoi refroidir un peu plus les membres de la commission dont l’objectif est de faire bouger leur quar- tier, le rendre attrayant, dynamique. Assis dans la salle, l’adjoint au maire Didier Gendraud est sorti de son silen- ce : “Je m’étais promis de ne pas inter- venir pour respecter le caractère démo- cratique de cette réunion, dit-il avec le sourire. Mais vous avez une subvention allouée, utilisez-la ! (18 000 euros pour le C.C.H. de Saint-Ferjeux depuis 2009). Ce serait dommage que votre travail tombe à l’eau.” Son intervention a per- mis de décomplexer la commission par rapport à l’utilisation de l’argent public, laquelle a voté… pour la réalisation de l’étude (aux alentours de 7 000 euros). Celle-ci dira si un marché le dimanche matin est économiquement viable. Bref, si les C.C.H. ont besoin de liberté pour s’exprimer, ils ont surtout besoin d’être guidés. “Et surtout, nous avons besoin d’être pris au sérieux par les élus…” souffle un membre du C.C.H.

Zoom “La Buanderie n’a plus lieu d’être” Pour Lise Watiez, ancienne présidente de la structure, La Buanderie doit revenir à ses missions premières et ne pas trop vouloir en faire. E n février dernier, nous évoquions les difficultés financières de “La Buande- rie”, structure dʼaccueil pour sans domicile fixe installée à la maison de quar- tier Saint-Ferjeux. Lʼancienne présidente Lise Watiez sort de son silence car “La Buanderie”, cʼest un peu son bébé. Elle lui a donné vie en 1994, donné les moyens de grandir, et enfin donné les moyens de voler de ses propres ailes. Et patatras… voilà que lʼancienne présidente bénévole assiste à lʼarrêt brutal de cet accueil. Motif : “La Buanderie” est confrontée à une augmentation de fréquentation (11 000 passages en 2009, soit 705 personnes de plus) sans que les aides financières des collectivités ne suivent permettant aux 4 salariés de continuer leur travail, dʼoù une grève lancée fin janvier. Lʼancienne bénévole nʼaccepte pas la mort annoncée de cet espace dédié à réin- sérer et redonner de la dignité à des personnes en difficulté. Elle a rencontré la directrice de la maison de quartier Agnès Jaeglé pour lui faire part de son “désap- pointement” … et de ses idées : “Il faut que La Buanderie revienne à sa fonction principale : permettre aux S.D.F. de se loger, de se laver. Il ne faut pas voir trop grand. Proposer des animations comme le dessin, c’est bien, mais je ne crois pas que ce soit la solution pour permettre à des personnes de retrouver de la dignité.” Lors de son entrevue avec Agnès Jaeglé, elle a rappelé lʼhistoire de “La Buan- derie”, tout en glissant quʼelle nʼavait pas compris “que les portes de l’établissement aient été fermées. Pourquoi ne pas avoir protesté tout en assurant la mission pre- mière, à l’image des infirmières ?” dit Lise Watiez, déçue de se rendre compte que la professionnalisation de la structure a fini par noyer le bébé. “La Buande- rie n’a plus lieu d’être” lâche-t-elle tout en mesurant les conséquences que cet arrêt brutal peut induire. “Un sans domicile fixe (Patrick, 50 ans) avait pu se reconstruire en retrouvant un travail à la Buanderie. Aujourd’hui, plus rien ! Des déficits budgétaires, il y en a toujours eu : je le répète, il faut revenir aux fonctions premières de La Buan- derie et ne pas être trop gourmand. Nous savons que les budgets ne sont pas extensibles.” À la sortie de son entrevue avec la direc- tion, Lise Watiez sʼest montrée “un peu triste” mais optimiste quant au cas de Patrick, lʼancien S.D.F. Pour lʼheure, le conseil dʼadministration et les bénévoles attendent le mois de mars. Ils sauront alors si lʼÉtat (D.D.A.S.S.), la Ville, Le Conseil général, apporteront une enveloppe nécessaire pour per- mettre à la structure de perdurer (110 000 euros de subventions dont 80 000 de lʼÉtat, le reste étant pris en charge par la Ville de Besançon et le Conseil général du Doubs). Pour lʼheure, un sala- rié a reçu sa lettre de licenciement. Il en reste trois. Et Lise Watiez de conclure : “Lorsque nous avons débuté, seul le Conseil général nous aidait. Et ça marchait.” Pour survivre, La Buanderie devra - peut-être - revenir à ses fonctions premières. “Permettre aux S.D.F. de se loger.”

E.Ch.

Didier Gendraud, adjoint au maire, heureux de voir que la participation démocratique fonctionne plutôt bien dans les conseils.

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