La Presse Bisontine 103 - Octobre 2009

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 103 - Octobre 2009

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MARIE-GUITE DUFAY

FERA-T-ELLE LE POIDS ?

Le 1 er octobre, la présidente de Région Marie-Guite Dufay devait être officiellement dési- gnée par ses pairs comme la candidate officielle du P.S. aux prochaines élections régio- nales, en mars prochain. Ce premier palier franchi, elle devra gérer les rapports de force avec les autres composantes de sa majorité actuelle. Son principal adversaire reste néan- moins l’U.M.P. Alain Joyandet, qui, jusque-là et même s’il existe a priori une incompatibilité entre une fonction de membre du gouvernement et président d’un exécutif local, comptait sur sa stature ministérielle pour faire basculer la Région à droite. Quels sont les atouts de la présidente Dufay, comment se démarquera-t-elle ? Le marathon électoral est lancé. Officielle le 1 er octobre Marie-Guite Dufay entame sa mue Présidente en exercice, elle devra progressivement se muer en candidate à poigne pour tenter de barrer la route aux ambitions affichées de son principal adversaire, l’U.M.P. Alain Joyandet. POLITIQUE

“M arie-Guite et ses porte-flingue”, feuilleton de l’automne dont le premier épisode a eu lieu le 5 septembre der- nier au siège du P.S. Au centre, Marie-Guite Dufay, présidente sortante du Conseil régional de Franche-Comté, can- didate à sa propre succession. Autour d’elle, les hommes forts du P.S. local qui tapent à qui mieux mieux sur le candidat U.M.P. Alain Joyandet. Elle, polie, reste fidèle à sa réputation de femme respectueuse, elle ne prononcera même pas une seule fois le nom de son futur adversaire principal. Ses voisins s’en sont chargés pour elle ce jour-là, quand elle s’est presque excusée d’avoir convoqué les journalistes pour officialiser ce que tout le monde savait déjà : sa candidature aux prochaines régionales. Elle a donc laissé à d’autres le soin de traiter Alain Joyandet de “clone de Sarkozy” (dixit Pierre Moscovici), de “Père-Noël avec sa hotte de secrétai- re d’État” , ou de vilipender le secrétaire d’État omniprésent aux quatre coins de la Franche-Comté. Marie-Guite Dufay veut s’en tenir à un bilan, à un projet. “Elle n’est pas dans le bling-bling” confie un de ses proches soutiens.

Ses atouts - Elle nʼest pas la spécialiste des coups dʼéclat. - Sa simplicité, sa proximité. - Avoir un mandat unique et revendiquer le non-cumul. - Être la présidente sortante. - Ne fait pas de “lʼanti-joyandisme” primaire. - Être une femme.

Une besogneuse, “un bourreau de travail” selon ses proches, qui préfère bosser ses dossiers que ciseler la phrase assassine. Le scoop qu’elle a annoncé ce jour-là, c’est “l’envie qui m’anime. Sur- tout en ce moment, à l’heure où les collectivités sont mises à mal, méprisées, et que le P.S. laisse l’impression d’être un parti vide d’idées et de sens, cela à cause notamment d’une mauvaise repré- sentation de la société à l’intérieur de ce parti.” Après le 1 er octobre et sa désignation officielle en tant que tête de liste P.S. aux régionales de mars prochain, la présidence se

muera progressivement en candidate. Elle promet de ne pas brusquer les choses. “Je mets un point d’honneur à être présidente jusqu’au bout. Le temps de la campagne viendra au dernier moment” dit- elle. “Elle fera une campagne “à la Marie-Guite” insiste Jean-Louis Fousseret. Comme on la connaît : simple, authentique, sans esbroufe.” Mais une cam- pagne “à laMarie-Guite” suffira-t-elle pour s’imposer dans la vraie première grosse bataille électorale qui l’attend en mars prochain ? J.-F.H.

Ses faiblesses - Son manque dʼenvergure nationale. - Son sens du consensus. - Le rouleur compresseur “Joyandet”. - La conjoncture économique régionale. - Être une femme.

Une campagne “à la Marie- Guite”.

COMMENTAIRE

Renouvellement d’un tiers “Œil pour œil dent pour dent, ce n’est pas mon truc”

L a Presse Bisontine : Vous sen- tez-vous dans la droite ligne de votre prédécesseur Raymond Forni ? Marie-Guite Dufay : Complètement et je le revendique. J’ai pris sa succession dans les circonstances que l’on sait dans l’idée d’assurer

n’avait pas pu terminer. Je me suis coulée dans le moule. L.P.B. : Et le goût du pouvoir a pris le dessus ? M.-G.D. : Le pouvoir de trancher, c’est forcémentmotivant.Aujour- d’hui, je ne vois pas pourquoi je ne continuerais pas. Autant il y a deux ans on m’a poussé à prendre la succession de Ray- mond Forni, autant cette fois-ci, je suis dans une certaine logique de continuité. L.P.B. : La position des Verts vous irri- te ? M.-G.D. : Il y avait la possibilité de créer une vraie dynamique

dès le départ, c’est regrettable. Je suis pantoise quand j’entends aujourd’hui certains d’entre eux proposer de faire une campagne commune avec nous et qu’en même temps ils préparent leur propre liste ! Une nouvelle fois, on assistera à une cuisine élec- torale d’entre deux tours, cela se jouera sur le rapport de force à l’issue du premier tour. Après, on s’étonne que les Francs-Com- tois n’y comprennent plus rien ! L.P.B. :Vous souhaitez apporter du sang neuf avec des candidats issus des quar- tiers et des jeunes. Et les sortants ? M.-G.D. : Je suis favorable à un renouvellement de plus d’un tiers

des candidats dans notre équi- pe. L.P.B. :Face à un adversaire de la trem- pe d’Alain Joyandet, il va falloir mon- trer les dents ! M.-G.D. : Je ne pense pas que c’est en épousant les armes de l’adversaire que l’on peut réus- sir. Œil pour œil dent pour dent, ce n’est pas mon truc. J’aurai à cœur de défendre un projet, pas d’attaquer mes adversaires. Lui fait son travail de ministre, moi je fais mon travail de présiden- te de Région. Chacun avec ses armes. Les Francs-Comtois juge- ront. Propos recueillis par J.-F.H.

son relais, sans autre plan pré- cis que de ter- miner aumieux le mandat en cours. J’étais trop proche de Raymond Forni pour ne pas avoir envie de faire ce qu’il

Marie-Guite Dufay : “Ce n’est pas en attaquant l’adversaire que l’on fait avancer le débat.”

“On assistera à une cuisine électorale.”

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