La Presse Bisontine 103 - Octobre 2009

LE PORTRAIT

La Presse Bisontine n° 103 - Octobre 2009

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BESANÇON

25 ans chez Yéma L’historien au cuir tendre Georges Bidalot est venu à l’histoire sur le tard. L’ancien comptable à l’allure ravageuse publie une histoire de “Besançon, des origines à nos jours”. Histoire locale.

C’ est un austère retraité au costume gris, cravate en laine et barbe professorale que l’on pense rencontrer. Sa voix au débit raisonnable, prolongé par un accent franc-comtois bienmarqué, inspire ces bons pères tranquilles pétris d’histoire qui distillent leur savoir calmement, sans lassitude, entrant dans les anecdotes de l’histoire franc-comtoise avec une facilité éprouvée. Cette image toute faite de l’historien vole d’un coup en éclats quand on croise le chemin du sep- tuagénaire. Qu’a-t-il d’un sage sinon l’érudition historique ? Moins que rien. La silhouette lon-

francs-comtois. L’aventure radiophonique s’arrête en 2006 mais pas son travail d’historien. Il collabore depuis 2003 à “L’Almanach franc-comtois”, écrit son pre- mier livre en 2007 “Franche-Comté, terre de légende”, collabore à d’autres ouvrages (“Le Doubs, saveurs et patrimoine”,“Mémoire de Bre- gille”…) et a sorti, à l’occasion des récents “Mots Doubs”, son dernier ouvrage : “Besançon, des ori- gines à nos jours”. Cet autodidacte est parvenu à trouver de nouveaux angles pour refaire l’histoire de la capitale comtoise dans un style aisé et accessible au plus grand nombre. “L’histoire n’est pas une chose figée et définitive” justifie l’auteur qui estime que cette nouvelle “Histoire de Besan- çon” apporte encore des informations complé- mentaires à celles qui avaient déjà été couchées sur papier par d’autres de ses collègues histo- riens. L’historien aux habits de cuir se distingue cer- tainement par son accoutrement et les piercings qu’il arbore sur son visage. Voilà pour l’aspect physique. Des “vrais” historiens issus du sérail, il se distingue certainement aussi par une sim- plicité de bon aloi et une proximité naturelle. Il n’est pas un historien comme les autres. Et alors ? Le succès de son dernier livre au récent salon “Les Mots Doubs” lui donneront certainement l’idée de reprendre rapidement la plume pour préparer un autre ouvrage. Finalement, Georges Bidalot, né dans la rue des Granges, est un Franc-Comtois pur jus qui quand il n’écrit pas de livre cultive son jardin… en short et en T-shirt. Un Bisontin comme tout le mon- de après tout…N’en déplaise aux goguenards. J.-F.H. Livre Besançon, des origines à nos jours G eorges Bidalot signe aux éditions Presse du Belvédère “Besançon, des origines à nos jours.” Cette nou- velle histoire ne se contente pas dʼêtre une mise à jour des événements les plus récents. Les multiples fouilles ayant été effectuées dans la Boucle ont conduit lʼauteur à réécrire toute la période pré- historique et lʼAntiquité. En présentant lʼhistoire de Besançon sous forme dʼabrégé, lʼauteur sʼest efforcé, dans un style plus concis, plus agréable, plus pratique, dʼêtre accessible à tous les lecteurs, même à ceux dont les connaissances historiques ne sont plus quʼun lointain souvenir. Sur un site pittoresque habité dès la fin de lʼâge de pierre, Besançon est riche dʼune his- toire exceptionnelle par sa longévité et cap- tivante. Mieux connaître le passé permet de mieux comprendre Besançon dʼaujourdʼhui.

giligne du bonhomme, son crâne totalement glabre, donne déjà une autre impression du Bison- tin. Un petit air de Professeur Choron… La suite détonne. C’est intégralement vêtu de cuir colo- ré que l’on croise le plus souvent Georges Bidalot. Son oreille gauche est décorée de deux boucles métalliques. De l’oreille droite descend une chaîne qui rejoint le nez, lui-même transpercé d’un anneau argenté. Son look déca- lé, Georges Bidalot le cultive, en joue, mais “ne cherche pas à cho- quer” assure-t-il. “C’est par pure fantaisie. Peu à peu je me suis mis à dessiner mes habits. Je les conçois moi-même et les faits fabri- quer par une boutique bisontine. Pour moi, le cuir est une seconde peau.” Mais ce n’est pas pour cela que

“Le cuir est une seconde peau.”

l’on est venu à la rencontre de Georges Bidalot. Logiquement, l’aspect déroutant masque la vraie personnalité du person- nage, loin du comptable qu’il a été durant 25 ans au sein de la société horlogère Yéma. C’est “l’opportunité” du chômage qui le poussera dans les bras de sa passion actuelle, l’histoire loca- le, qui deviendra vite sa prin- cipale occupation. Après ses déboires profession- nels, la cinquantaine passée, il décide de mettre un terme défi- nitif à sa vie de comptable. “À l’école, je n’aimais pas du tout l’histoire. C’est en observant une pile de disques que j’ai eu le déclic. Certains titres que j’écoutais vingt fois par jour ne

Georges Bidalot ne

manque pas d’interpeller pour son

look… décalé.

Mais c’est l’Histoire, avec un grand H, qui l’intéresse.

m’intéressaient plus du tout et d’autres, comme une symphonie de Beethoven, ne me lasseront jamais. Des choses demeurent, d’autres non. C’est comme ça que je suis arrivé à m’intéresser à l’histoire” dit-il. Drôle de porte d’entrée mais radicale : il décide du jour au lendemain de mettre au placard son costume de comptable et de plon- ger à corps perdu dans l’histoire. C’est dans un restaurant du centre-ville fré- quenté alors par des journalistes locaux - nous sommes à la fin des années quatre-vingt - que Georges Bidalot rencontre fortuitement certains dirigeants de la radio locale France Bleu Besan- çon. “Vous n’avez pas besoin d’une chronique his- torique ?” “Non, notre grille est complète” … Quelques jours plus tard, à la faveur d’une défec- tion d’une des chroniqueuses de la station, l’historien est recontacté. Il a commencé au pied levé, en janvier 1990 et tous les jours depuis, il assurera sa chronique d’histoire locale à l’antenne, pendant 16 ans et demi. “Ma nouvelle passion est devenue mon activité principale.” Durant ces années radio, il mettra également sur pied trois grands feuilletons radiophoniques pour lesquels il fera appel aux animateurs et journalistes de la station à qui il distribuera les rôles. Une saga sur la Révolution, une autre sur Victor Hugo, la troisième sur Jean Minjoz et c’est tout un pan de l’histoire locale que Georges Bidalot a décor- tiqué jour après jour à destination des auditeurs

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