La Presse Bisontine 103 - Octobre 2009

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 103 - Octobre 2009

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EN BREF

ACTION

Fonds stratégique d’investissement Alain Joyandet

Orgue L’association “Orgue et culture” organise un concert d’orgue vendredi 22 octobre à 20 h 30 en l’église Saint-Louis de Montrapon. Visite de l’intérieur de l’orgue à l’aide d’une caméra mobile et projection sur écran, commentaires. Renseignements au 03 81 50 11 73. Rares sont les personnes ayant pu contempler l’intérieur de l’orgue à tuyaux. Jazz “Fous de Jazz”, concert dansant samedi 17 octobre à 21 heures à la salle des fêtes de Gennes, organisé par l’association Créa’Show. Invités de la soirée : Michel Berreur et ses musiciens. Au cours de la soirée, le duo de Créa’Show (Marie- Pierre Papazian et Pierre-Jean Mailloux) présentera quelques- unes de ses créations, toutes chorégraphiées sur les musiques de Michel Berreur. Réservations au 03 81 51 05 53. Musique Le groupe bisontin Pekeño sort son premier album. Il organise un concert- spectacle en hommage à Grégory Lemarchal le 17 octobre à la Maison du peuple de Belfort, les recettes seront reversées à l’association Grégory Lemarchal. Le groupe est à découvrir sur http://www.myspace. com/groupepekeno.

au chevet de l’industrie horlogère

Très présent dans la région, le ministre de la Coopération s’intéresse à Péquignet, fabricant de montres mortuacien. Il propose à cette entreprise une enveloppe de 3 millions d’euros pour soutenir son projet de création de manufacture horlogère. Une position qui fait des vagues dans la profession.

HORLOGERIE 3 millions d’euros de l’État L’entreprise Péquignet

doit montrer patte blanche

La balle est dans le camp de l’entreprise Péquignet. Mais pour espérer bénéficier de l’aide de l’État pour son projet de manufacture, elle doit apporter des garanties.

biais du fonds stratégique d’investissement (F.S.I.) pourrait accompagner le projet de développement de l’entreprise Péqui- gnet à hauteur de 3 millions d’euros qui viendraient “nourrir le capital de l’entreprise” (Péquignet avancerait de son côté 3,8 millions d’euros). La visite d’Alain Joyandet est une vraie opération de communication pour Péqui- gnet qui incarne d’un coup la renaissance de l’horlogerie tricolore. Les élus s’affolent, et la profession sourit. “C’est juste un effet d’annonce” estime un horloger bisontin. D’ailleurs, le site Internet mentionne déjà la manufacture qui n’existe pas encore. Pour l’instant, les affaires de l’entreprise Péquignet ne sont guère avancées. “Ce n’est qu’un projet et c’est long à mettre en œuvre” reconnaît au passage la direction de la société dont le P.D.G. Didier Lei- bundgut n’a pas encore donné suite à nos sollicitations. À ce stade des opérations, il n’est pas certain que Péquignet perçoive les 3 mil- lions d’euros annoncés par Alain Joyan- det (voir interview). La balle est dans le camp de l’horloger mortuacien. Dans l’entourage du ministre, on affirme qu’il ne se passera rien tant que Péquignet “n’aura pas donné tous les renseigne- ments sur la structure de l’entreprise, sur qui sont les investisseurs et d’où viennent les capitaux.” Pour l’instant, ces ques- tions sont semble-t-il restées sans réponses. T.C.

C oup de pub ou vrai projet indus- triel ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c’est que l’entreprise Péqui- gnet crée le “buzz” dans le monde de l’horlogerie depuis qu’elle a présenté à la foire de Bâle son propre mouvement tout en réaffirmant son intention de le fabriquer à Morteau. Un projet de manu- facture donc, pour produire 3 000 exem- plaires de ce calibre maison “de haute horlogerie” actuellement en phase de développement, dont on sait qu’il est doté d’une réserve demarche de 72 heures. En revanche, on ne sait pas encore quand pourra débuter la production ni par quels moyens. Mettre en place une manufacture ne se fait pas d’un claquement de doigts. “C’est beaucoup d’investissements. Mais je sou- haite à Péquignet de réussir” commente sans ironie un responsable d’une impor- tante entreprise horlogère suisse. Pour les financements, un début de réponse est tombé début juillet. L’entreprise mor- tuacienne qui commercialise des montres destinées au marché du moyen de gam- me a reçu la visite d’Alain Joyandet, secré- taire d’État à la Coopération et à la Fran- cophonie. Il a indiqué que l’État, par le

Alain Joyandet a assuré son soutien au patron de l’entreprise Péquignet.

RÉACTION

Le secrétaire d’État répond “L’État maintient son intérêt et son offre”

Rien ne semble altérer la confiance d’Alian Joyandet en l’entreprise Péquignet dont le projet de manufacture est “un espoir pour toute la filière horlogère.”

la même manière !

rapidement. Suite à ma visite, je sais également que des fonds privés ont manifesté leur inté- rêt pour le projet de Péquignet. Maintenant, la balle est dans le camp de l’entreprise. En tout état de cause, l’État maintient son intérêt et son offre. L.P.B. : S’agit-il finalement d’un prêt ou d’une subvention ? A.J. : Ni l’un ni l’autre. En fait, l’État Français entre, à travers le F.S.I. au capital de l’entreprise de façon durable et stable. Cela peut impliquer un changement de culture assez important pour l’entreprise. Dès lors que l’accord entre le F.S.I. et l’entreprise est trouvé, la transparence est tota- le car les acteurs privés et publics sont associés. L.P.B. : Ne redoutez-vous pas que l’implication importante de l’État dans ce dossier puisse froisser d’autres entreprises horlogères (ou d’autres secteurs industriels) qui innovent éga- lement ? A.J. : Qu’on me présente d’autres projets et je me mobiliserai de

L.P.B. : Comment se fait-il que ce soit vous, secrétaire d’État chargé de la Coopération, qui preniez l’initiative de proposer une aide de l’État pour accom- pagner le développement économique de cette entreprise ? A.J. : Et pourquoi pas moi ? Je suis membre du gouvernement et, à ce titre, je suis forcément impliqué dans toutes les poli- tiques de l’État. L.P.B. : Ne redoutez-vous pas qu’en cas d’échec de l’entreprise Péquignet, ce genre d’initiative puisse vous être reproché par vos opposants lors des élections régionales ? A.J. : Quand on n’intervient pas, on est critiqué. C’est normal. Quand on agit, on est aussi cri- tiqué. Alors, je préfère agir.

L a Presse Bisontine : La somme de 3 millions d’euros proposée par l’État pour accompagner l’entreprise Péquignet dans son pro- jet de création de manufacture hor- logère a-t-elle été versée ? Alain Joyandet : Tout d’abord, il s’agit d’une proposition de fonds publics pour nourrir le capital de l’entreprise. C’est-à-dire ses fonds propres. Le fonds straté- gique d’investissement (F.S.I.) est l’outil le plus adéquat. Cepen- dant, ce type d’intervention récla- me des conditions qui doivent être réunies par l’entreprise. Lors de ma visite il y a trois mois, j’ai clairement posé ces conditions.Tout s’est déroulé de façon parfaitement transpa- rente. Nous attendons donc que les retours de l’entreprise.

L.P.B. : Êtes-vous encore en attente de garanties de la part de cette socié- té en particulier sur le potentiel éco- nomique de ce mouvement ? A.J. : La demande d’aide doit être formulée par l’entreprise elle- même. J’ai accordé mon soutien comme l’ont fait les services de l’État en région. Il s’agit de cré- dits publics ! Le fonds straté- gique d’investissement (F.S.I.) exige que la stratégie indus- trielle et l’évolution du capital soient étudiées de près. Je le redis, c’est désormais à l’entreprise de s’adapter à ces demandes. Quant au potentiel économique du mouvement de Péquignet, nous sommes persuadés qu’il représente un réel espoir pour toute la filière. C’est pour cela que j’ai fait cette proposition

Propos recueillis par T.C.

“Qu’on me présente d’autres projets et je me mobiliserai.”

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