La Presse Bisontine 103 - Octobre 2009

LA POLÉMIQUE DU MOIS

La Presse Bisontine n° 103 - Octobre 2009

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B.R.C.

Témoignage de l’ancien trésorier “J’étais un trésorier factice”

La fin du basket de haut niveau à Besançon B.B.C.D. : du panier à la corbeille Le tribunal de grande instance de Besançon a prononcé la liquidation du B.B.C.D. Le club est mort et enterré. L a fin dʼune époque. La fin dʼune vie. Le mardi 22 septembre, en début de soirée, le tribunal de grande instance de Besan- çon a scellé le destin du B.B.C.D. en prononçant la mise en liquidation judiciaire de lʼassociation. Le juge- ment est clair. Il ordonne “la cessation immédiate de l’activité, impartit au liquida- teur un délai de trois mois pour réaliser la vente des actifs. Le liquidateur devra déposer son rapport dans le délai d’un mois et fixe à un an le délai pour la vérification du passif.” Bref, le B.B.C.D. est mort. Oublié lʼhistoire. Oublié cet- te Coupe Korac (1998-1999) et les différentes accessions en Pro A (2003, 2006, 2008). Des moments difficiles, le club en a également connu : relé- gation en Pro B en 1995, 2004, 2007 et 2009. Après quatorze années de gouvernance dʼAndré Mulon, les quatre dernières saisons menées sous la présidence de Jacques Thibault ont lais- sé de beaux souvenirs… et des traces. Sa démission mi- juin fut un des éléments déclencheur de cette crise à laquelle personne ne sʼattendait vraiment. Courant de lʼété, la Ville rappelait que le problème nʼétait pas finan- cier mais seulement due à lʼabsence dʼun président. Elle nʼavait pas mesuré lʼimportance de Jacques Thi- bault et de son implication financière. Aujourdʼhui, le B.B.C., autre club, tente de voir le jour mais le basket de haut niveau est bel et bien mort et enterré. Combien dʼannées faudra-t- il pour vibrer à nouveau en Pro B ou Pro A ? Seul le BesacR.C. (club né de la fusion en 2007 de B.R.C. Basket et Besançon Athlétic Club) fait aujourdʼhui crisser le parquet avec son équipe qualifiée en Nationale 3 sans oublier les autres équipes et la formation des jeunes.

L’ancien trésorier du B.R.C. Yves Lambert sort de sa réser- ve. Il explique la raison de sa démission alors que la son- nette d’alarme avait été tirée dès le mois de mars.

Y.L. : Les experts et commissaires aux comptes interviennent sur les données qu’on leur donne, après ils vont piocher… Si c’est bien caché, je ne pense pas qu’ils trouveront. L.P.B. : Y a-t-il encore des éléments cachés ? Y.L. : Tous les loups sont sortis du placard. Il faut remettre tout à plat. Essayons que le club ne crève pas et regardons ces jeunes qui se transcendent. Pensons à eux ! L.P.B. : N’est-il pas trop tard pour sau- ver le B.R.C. ? Y.L. : Que la ville déboutonne car tout le monde y croit.Autour du stade, je rencontre des gens for- midables et si nous soufflons dans le même sens, nous sau- verons le club. L.P.B. : Est-il vrai que certains joueurs étaient payés plus de 3 000 euros par mois ? Y.L. : Je ne suis plus du tout tré- sorier, je ne dirai rien, je gar-

derai le secret. Il ne faut pas trop l’ébruiter, car si nous en sommes là, c’est qu’il a fallu fai- re quelque chose. L.P.B. : Donc, il a fallu donner de l’argent… Y.L. : Je ne donnerai pas de tarifs, pas de prix. L.P.B. : Un dépôt de bilan est envisa- gé. Que deviendront les 500 jeunes ? Iront-ils dans les autres clubs de la Ville ? Y.L. : J’en ai gros sur le cœur lorsque je pense à ces 500 gamins… Je ne vois pas où ils peuvent bien aller en voyant l’état des autres clubs. Je pen- se au P.S.B., au Clemenceau, à Avanne-Aveney, qui vont mal eux aussi. Ou la ville se débou- tonne ou tout meurt. Il y a quand même quelque chose qui ne va pas lorsque l’on voit mourir le basket, le hand…même le pati- nage.

C’ est un de ces tra- vailleurs de l’ombre. Une de ces personnes qui ont mis beaucoup de leur temps pour aider le Besançon Racing Club, club de cœur. Aujourd’hui, Yves Lam- bert n’est plus le trésorier du B.R.C. depuis le mois de mars et sa démission déposée sur le bureau deVincent Diaz. Un bail. À l’époque où le club était en pleine euphorie (Coupe de Fran- ce et championnat), cette démis- sion est passée complètement inaperçue. Notons que le B.R.C. est dirigé sans trésorier depuis cette période ! Toujours actif au sein du club en tant que membre du conseil d’administration, le Bisontin répond à nos questions.

silence. Un trésorier doit rester discret. L.P.B. : Quels sont aujourd’hui vos rap- ports avec Jean-Marc Pélissier ou Vin- cent Diaz ? Y.L. : Pélissier, je ne lui ai jamais réadressé la parole. Vincent (Diaz), je l’ai vu avant sa démis- sion, je ne l’incrimine pas, je lui ai fait confiance. Peut-être a-t- il des torts, en fait, je n’en sais rien. L.P.B. : A-t-il été entouré des mau- vaises personnes ? Y.L. : Je ne peux rien dire. L.P.B. : Des experts et commissaires aux comptes sont mandatés pour cer- tifier les comptes. Pourquoi le déficit a-t-il été découvert après de nom- breux rebondissements ?

son de votre démission ? Yves Lambert : J’étais devenu un trésorier factice. Je ne pouvais rien cautionner. J’étais là pour travailler, pour présenter des budgets, or je n’avais aucun de droit de regard sur les comptes depuis que Jean-Marc Pélissier (N.D.L.R. : le directeur général) est arrivé au club (1 er juillet 2008).À partir de là, c’était fini. Je ne voulais pas être un pion sur l’échiquier : voilà pourquoi j’ai déposé ma démission. Je ne pouvais même plus signer un chèque. Ils (Jean-Marc Pélissier et Vincent Diaz) avaient chan- gé de banque. L.P.B. : Pourquoi un tel silence de votre part ? Y.L. : Du moment où vous êtes à ce poste, vous devez garder le

Propos recueillis par E.Ch.

La Presse Bisontine : Quelle est la rai-

INSOLITE

10 000 euros de promesses de dons Soutien de Benoît XVI ou Johnny Hallyday pour le B.R.C. ? L’ anecdote fait sourire. Elle révè- le néanmoins la volonté d’une poignée d’irréductibles de ne pas voir leur club disparaître. club, celle-ci semblerait passer de vie à trépas. Annonce politique ? Peut-être. Toujours est-il que l’idée de créer un partenariat avec le F.C. Sochaux est res- tée lettre morte. Pour le président du club sochalienAlexandre Lacombe, son club a déjà forte à faire avant de s’occuper des autres. E.Ch. À l’image des Aigles rouges, ils sont une minorité à penser que le sauvetage du club est possible. La promesse de dons est lancée.

tins… et des personnalités. Près de 450 mails ont été envoyés dont certains à des personnalités de renom… “On a envoyé des mails à Bertrand Delanoë, Jean Sarkozy, Noël Mamère, Bille Gates, Brian Joubert (…) et même le pape Benoît XVI ou Johnny Hallyday” s’amuse Phi- lippe Renard, qui n’a pas forcément envie de rire. Pour l’heure, ni le Vati- can, ni le chanteur, n’a donné suite… En revanche, des présidents de club de football de la région ont apporté leur soutien. Quant à l’annonce faite par Alain Joyan- det, secrétaire d’État chargé de la Coopé- ration et de la Francophonie, de trou- ver des sponsors privés pour aider le

Comment éviter le dépôt de bilan ? Des licenciements sont à prévoir L e B.R.C. compte cinq salariés. Lʼeffectif est composé dʼun pos- te de commercial, de secrétaire, directeur et deux postes dʼéducateurs. Un poids financier lourd quʼil faudra réduire. Cʼest la dernière chance pour espérer un soutien des collectivités et éviter le dépôt de bilan tant redouté. Débu- té septembre, le club devait 300 000 euros à lʼU.R.S.S.A.F., 27 000 euros aux Assedic, 70 000 euros aux caisses de retrai- te, 60 000 de T.V.A., 30 000 euros de contrôle de T.V.A. Vincent Diaz, président démission- naire, doit sʼacquitter de sa dette (124 000 euros). Les joueurs qui ont signé des contrats fédéraux atten- dent dʼêtre payés. Si des licencie- ments sont à prévoir : ils concerne- ront les joueurs actuellement sous contrat. Le club, représenté par le président délégué François Bourgoin, souhai- te un moratoire des dettes sociales et fiscales sur plusieurs années. Pour assurer le déroulement sa saison, le B.R.C. est à la recherche dʼ1 million dʼeuros !

Un collectif de personnes, réuni autour de Philippe Renard, Olivier Petit-Pas et Christophe Lallaux, a lancé une sous- cription pour tenter de récupérer de l’argent. Pour l’heure, 10 000 euros de promesses de dons ont été réunis. Les tracts distribués font, petit à petit effet. Le club des supporters desAigles Rouges qui pilote cette opération fait du porte à porte, va à la rencontre des Bison-

Souscription “sauvons le Racing Club” : souscriptionbrc@laposte.net ou 03 81 52 46 82. Toute personne versant 50 euros ou plus se verra remettre un maillot “collector”.

Philippe Renard, comme une poignée d’irréductibles, se mobilise pour sauver “son” club.

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