La Presse Bisontine 102 - Septembre 2009

DOSSIER

La Presse Bisontine n°102 - Septembre 2009

15 VERS UN DÉSERT SPORTIF

Le sport de haut niveau est en crise dans la capitale comtoise. Football, basket et handball sont hors-jeu des grands championnats pour des les supporters le sont également à l’instar de salariés licenciés et des joueurs. Un coup dur d’autant que la Ville a prévu une redynamisation autour du com- plexe Léo-Lagrange. À qui les responsabilités ? Sportifs, politiques et experts du monde sportif répondent. Valeur versatile soutenue par l’argent du contribuable, le sport est sujet à polémique. Fin septembre, le coup de sifflet retentira. À la fin, sûr qu’il y aura au moins un perdant… raisons financières ou sportives. Sur la touche,

La situation des clubs de haut niveau La vérité des chiffres BASKET : Le Besançon Basket Comté Doubs (B.B.C.D.) était en Pro A, lʼélite du basket français. Il a perdu sa place sur le terrain. Le président Jacques Thibault a démissionné, le club a déposé le bilan. Le tribunal a octroyé une poursuite dʼactivité de six mois. Le B.B.C.D. se retrouve en Nationale 1 (3ème échelon). Le défi- cit est estimé à 178 000 euros (12 % du budget). FOOTBALL : Le Besançon Racing Club (B.R.C.) a gagné son billet pour accé- der au championnat National (3ème division) mais a été rétro- gradé dans un premier temps de deux échelons avant de pou- voir repartir en C.F.A. (la même division que la saison passée) après un ultime appel devant la Direction nationale de contrô- le de gestion (D.N.C.G.). Le déficit tourne autour de 370 000 euros. Créditec, la société du président Vincent Diaz doit 240 000 euros. Il reste à verser deux mois de salaires à la vingtaine de sala- riés (joueurs et personnel administratif). HANDBALL : LʼE.S.B.-F. a réussi une saison sportive pleine en Division 1 (féminine) avec à la clé une qualification pour la coupe dʼEurope. Le problème à lʼE.S.B.-F. nʼest pas nouveau : il est financier au point que le club a licencié du personnel en même temps qui lançait une souscription pour tenter de renflouer des caisses vides. Rétrogradée pour raison budgétaire en Division 2, le club a fait le pari de la jeunesse. Rabaissé, le déficit a été rabaissé aux alentours de 370 000 euros grâce à une réduction de la masse salariale notamment et dʼautres efforts (loto, souscrip- tion…). LʼE.S.B.-M. (masculin) a semble-t-il assaini son déficit en rédui- sant fortement sa masse salariale et en réduisant les frais. Les efforts financiers ne se sont pas traduits sur le plan sportif (de D2 à N1).

ANALYSE

Des responsabilités partagées Sport bisontin, les jeux sont faits

Rien ne va plus à haut niveau. Le foot est au bord du dépôt de bilan, le basket dans le flou et le handball en convalescence. Le 30 septembre, tout sera plus clair mais pas forcément plus simple.

ne. Exemple au B.R.C. où la plupart des joueurs ont bien voulu patienter espérant une reprise avant de se rendre compte que l’issue serait fatale. Aujourd’hui, deux mois de salaire n’ont pas été versés aux joueurs, personnel adminis- tratif et commercial. Au total : une vingtai- ne de personnes. Dans le cas du B.R.C., Vin- centDiazdevraitdémissionnerdesesfonctions (N.D.L.R. : à l’heure où nous écrivons ces lignes, il ne l’a pas encore fait) tant le dia- logueavec laVillebisontine est rompu. “Besan- çon ne paiera pas à la place de Créditec (la société de Vincent Diaz)” rappelait Patrick Bontemps, adjoint aux sports qui demande à ce club de revoir son budget. Le club l’a réduit de 1,9 million d’euros à 1,57 et estime avoir fait le maximum… Patrick Bontemps estime qu’il faut - tout de suite - de l’argent pourquelamachinereparte.Les225 000euros dus par la sociétéCréditec pourraient redon- ner une bouffée d’oxygène. La société a pro- posé cinq traites de 40 000 euros dont la pre- mièreseraitfixéeau31janvier2010.Lorsqu’un fournisseur déposeraplainte,lamachine judi- ciaire sera néanmoins lancée… Le B.R.C. était prévenu puisque la D.N.C.G. - gendarme financier du football - avait déjà alerté le président du club d’une future rétro- gradation au vu de la dégradation du bud- get. Triste constat, loin d’être nouveau, puis- qu’en2005 et 2007,lamunicipalité avait déjà comblé les déficits.Quant au bilan, il devrait être tiré vers le 30 septembre. C’est en effet à cette date que les clubs devront présenter des comptes certifiés par un commissaire aux comptes. Notons que le B.R.C. devra présen- ter son bilan trois semaines avant les autres (le 7 septembre). Une fermeté inhabituelle s’expliquant par le climat délétère qui s’est instauré entre la Ville et le club. Le 28 septembre, date du prochain conseil municipal, la Ville réexaminera les subven- tions allouées au B.R.C., B.B.C.D. et E.S.B.- F. Dans ses mains : l’avenir de chaque sport avec obligation de dire qu’elle sport soute- nir… ou condamner. À l’heure actuelle, le choix ne semble pas cornélien. Il ira à celui qui semble se porter le mieux… pour ne pas dire le moins bien. E.Ch.

L e sport bisontin n’est pas mort. Disons qu’il est dans le coma,le seul électrochoc permettant de le sortir de ce sommeil est financier.LeB.R.C.football souffre d’un défi- cit d’exploitation de 370 000 euros. Diagnos- tic :il manque 800 000 euros pour combler le budget de la saison à venir tant et si bien qu’un dépôt de bilan est envisagé. En clair : c’est ladisparition.Pour sansdouteune recons- truction à zéro sans le haut niveaumais tou- jours avec les équipes de jeunes. Malade, le basket l’est également. Il lui res- te cinqmois pour prouver qu’il peut se redres- ser s’il veut éviter la liquidation judiciaire. Le virus qui a conduit le club a être rétro- gradé sportivement de Pro B en Nationale 1 (3 ème division) ne serait pas uniquement finan- cier - le déficit du club est de 12 % du budget - mais serait lié à la démission du président Jacques Thibault. Tout ceci est à mettre évi- demment au conditionnel tant la transpa- rence de l’état financier des clubs semble opaque.a

Le handball, déjà convalescent au début de l’été,a tentéde seguérir enutilisant les grands remèdes. À savoir une réduction de sa mas- se salariale (pour l’E.S.B.-F. comme pour l’E.S.B.-M.) et l’organisation d’événements (loto,lancement d’une souscription) pour sau- ver les meubles. Àqui la faute ? LaVille qui n’a pas assez sou- tenu financièrement ? Trop facile, elle n’est que partenaire. Les clubs de haut niveau qui n’ont pas réussi à se professionnaliser pour mieux encadrer l’administratif ? Facile aus- si, sachant que la demande croissante vers unprofessionnalisme accrua obligé les struc- tures à supporter de nouveaux coûts. Les sponsors, qui n’ont pas respecté leur enga- gement ?Raccourci simplisteégalementmême si la crise économique s’est immiscée sur le terrain. Bref, aux enjeux multiples viennent se gref- fer des conséquences terribles.Outre celle de ne plus pouvoir applaudir, soutenir et vibrer avecsonéquipe,l’autreconséquenceesthumai-

Attaqué par l’opposition municipale lors du dernier conseil municipal sur la politique sportive bisontine, Patrick Bontemps sera à nouveau sous le feu des projecteurs le 28 septembre. Cette fois, il faudra désigner le sport de haut niveau à soutenir.

Président de l’E.S.B.-F., Laurent Maillard a été obligé de réduire la masse salariale. Certaines joueuses sont parties à l’instar de Stéphanie N’Tsama Akoa (à gauche).

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