La Presse Bisontine 100 - Juin 2009

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 100 - Juin 2009

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ET SI LA CITADELLE PERDAIT SES ANIMAUX ?

Une étude a été commandée par la ville de Besançon à un cabinet parisien. Objectif : repositionner la Cita- delle et redonner une cohérence supplémentaire à ce haut-lieu du tourisme franc-comtois qui reste le monument le plus visité de Franche-Comté. Seule- ment, depuis l’an dernier et l’inscription de l’œuvre de Vauban au patrimoine mondial de l’Unesco, la ville souhaite passer à la vitesse supérieure et élargir le cercle des visiteurs. Dans ce plan d’attaque, la Cita- delle est évidemment une cible majeure. Faut-il ren- forcer le volet culturel au détriment du volet populaire, faut-il réorganiser totalement le site, doit-on se sépa- rer de certains musées ? À l’extrême, et dans les pre- mières réunions de concertation, certains évoquent déjà la possibilité à long terme de supprimer le zoo de la Citadelle. Ces premiers bruits inquiètent. Pour l’instant, les élus se veulent rassurants. Le point sur le principal enjeu de la politique touristique bisontine. Les conclusions cet été La Citadelle est au cœur des enjeux touristiques Le chef-d’œuvre de Vauban fait actuellement l’objet d’une étude dont les résultats détermineront son avenir. Le main- tien d’un zoo dans une enceinte classée à l’Unesco est-il indiqué ? C’est tout l’enjeu du débat actuel. DÉBAT

Exposition : les masques wé La Citadelle, lieu de culture L’exposition “L’esprit et la matière” qui se tient jusqu’au 30 septembre à la Citadelle, passionnante, augure-t-elle d’un recentrage du site sur des attractions plus élitistes ? S uperbement mise en valeur, la collection de masques africains de Côte-d’Ivoire rassemblées par le Franc- Comtois Jean-Luc Tournier, est saisissante. Et dire qu’elle sommeillait depuis des années dans les réserves sombres de la Citadelle ! Ces pièces avaient été acquises en 1954 par Albert-Maxime Kohler, l’adjoint à la culture de Jean Minjoz. Mais on ne savait que peu de chose de ces œuvres à la dimension sociale et spirituelle. L’exposition a été inaugurée le 14 mai avec tout ce que Besançon compte de personnalités liées à la culture et bien au-delà : étaient notamment présentes Mesdames Gnonsoa,historienne et ancienneministre deCôte-d’Ivoire, et Yao Yao, ambassadeur de Côte-d’Ivoire auprès de l’Unesco, et toute une délégation africaine. Cette exposition qui a pris place dans des salles dumusée comtois semble être,aux yeux dumaire,un parfait exemple de l’universalité d’un site reconnu au patrimoine mon- dial : “C’est formidable de voir que le muséum de la Cita- delle rassemble à travers cette exposition deux belles civi- lisations” se réjouit M. Fousseret. Aumoment où les discours officiels se terminaient, appro- chant au sommet d’un rempart,un paon s’estmis à brailler, interrompant les derniers intervenants. Disait-il “je suis ici chez moi et personne ne m’en délogera…” ? J.-F.H.

par les inspecteurs de l’Unesco avant le classement du site : “Ne serait-il pas judi- cieux, pour renforcer la cohérence du site, de supprimer le zoo ?” … La question, qui transpire des premières réunions internes dans les services municipaux, fait déjà bon- dir. “Comment peut-on même songer à cet- te hypothèse alors que sur les 265 000 visi- teurs la grande majorité vient pour les animaux ?” Le record de fréquentation de la Citadelle avait été atteint il y a six ans quand le zoo avait rouvert après huit mois de travaux. Et la fréquentation la plus bas- se (222 000 visiteurs) avait justement été enregistrée alors qu’aucune communication n’avait été faite autour des animaux. Sur ce sujet sensible, il semble que la vingtaine de soigneurs soit prête àmonter au créneau au cas où… “Beaucoup de gens commencent à entendre parler dans des réunions que les animaux n’ont plus rien à faire là” glisse un protago- niste du dossier. Interrogé sur la question, l’adjoint au tourisme Jean-François Girard tient un discours consensuel : “On réfléchit à l’avenir du site,rienn’est encore décidémais et nous n’avons pris aucune décision concer- nant le zoo. Il n’en est pas question pour l’instant.” Quant au conservateur en chef et directeur desmusées de laCitadelle,Gérard Galliot, il garde un silence embarrassé sur la question : “Pas de commentaire…” dit-il, lui qui est sans doute très attaché au systè- me qu’il a grandement contribué à monter. Dans les allées de la Citadelle, on pense que “rien que d’avoir émis cette hypothèse, c’est que le ver est dans le fruit. Si on préfère les touristes étrangers aux Bisontins, il faudra le dire ! Actuellement, le climat est quelque peu tendu sur le site, il le sera jusqu’au ren- du des conclusions de l’étude “Planeth” pré- vu cet été. Alors choisira-t-on la culture avec un grand “C” et le patrimoine, ou conservera-t-on une approche plus populaire du site ? C’est bien aumaire deBesançonqu’il reviendra de tran- cher. Connaissant son sens de la proximité, il paraît inconcevable que son pragmatisme lui dicte une telle décision. J.-F.H.

J ean Minjoz, visionnaire, avait déci- dé au début des années cinquante, de sortir la Citadelle de Besançon des friches dans lesquelles elle s’enlisait inexo- rablement. En rachetant le site à l’armée, il décidait d’en faire un lieu de visite ouvert au public. Cinquante ans plus tard, avec 265 000 visiteurs annuels, la Citadelle de Besançon reste, et de loin, le monument la plus visité de Franche-Comté. Que décidera de faire Jean-Louis Fousse- ret de ce site “légué” par son prédécesseur JeanMinjoz un demi-siècle plus tard ? C’est lui tranchera après que l’étude comman- ditée récemment au cabinet parisien Pla-

neth ait rendu ses conclusions. À partir de ce diagnostic sera échafaudée la nouvelle politique touristique de Besançon, d’autant plus attendue depuis le classement de l’œuvre deVauban à l’Unesco en juillet der- nier. Le sujet est brûlant, on l’a constaté encore lors du dernier conseil municipal au cours duquel la majorité s’est fait chahu- ter par l’opposition sur le thème “Vous n’avez aucun projet pour Besançon !” Pour l’instant, un sujet occupe et préoccu- pe à la Citadelle : devra-t-on se séparer des animaux et donc, déménager ou fermer le jardin zoologique ? La question n’est pas anodine, elle avait déjà été sous-entendue

Sur 265 000 visiteurs, combien viennent pour les animaux ? La grande majorité.

Valoriser le site par des expositions exceptionnelles comme celle-ci, c’est aussi l’ambition des élus bisontins.

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