La Presse Bisontine 100 - Juin 2009

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 100 - Juin 2009

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COMMERCE La T.V.A. à 5,5 % Restaurateurs : la mayonnaise prendra-t-elle ? Après la baisse de la T.V.A. à 5,5 %, les restaurateurs devront répercuter une baisse des “additions”. Pas “si facile” et encore moins mathématique estiment les professionnels bisontins.

Jean-Luc Pheulpin, gérant de la

Côte Bretonne, situé à Rivotte : “Une aide, c’est toujours bon à prendre.”

S on service du déjeuner ter- miné, Jean-Luc Pheulpin range et nettoie les der- niers ustensiles de cuisi- ne. Au restaurant la Côte Bretonne situé quai Rivot-

me ne pas avoir changé les prix de sa carte depuis deux ans et demi. Ses spécialités : les produits de la mer. Touchés de plein de fouet par la chu- te de la consommation, les restaura- teurs se sont engagés à baisser cer- tains prix de 11,8 % après cette obtention de la TVA à 5,5 %, qu’ils réclamaient depuis des années. C’était une promesse de Jacques Chirac. Huit syndicats de restaurateurs et le gou- vernement ont signé fin avril un “contrat d’avenir” recensant les enga- gements en termes de prix, d’emploi et d’investissement, sans toutefois pré- voir de sanctions pour ceux qui ne les respecteraient pas. “J’ai peur que les fournisseurs augmentent leur prix… Pourra-t-on baisser les nôtres ?” s’interroge un restaurateur de la rue des Granges à Besançon. Dans la rue Bersot, comme dans l’ensemble de la Boucle bisontine, les professionnels des métiers de bouche concèdent avoir perdu en chiffre d’affaires. Aujourd’hui, il semble de plus en plus difficile de prévoir les envies du client. Celui-ci ne réserve

te à Besançon, l’annonce de la T.V.A. à 5,5 % applicable au 1 er juillet n’a pour le moment pas de répercussion. Certes, le gérant songe à ce que cette annonce va apporter. Il se montre tou- tefois prudent : “Il ne faut pas que l’on

plus ou lorsqu’il le fait, il ne vient pas ne prévient pas. “Il arrive que des clients fassent des réservations dans trois restaurants différents pour le même soir. Après, ils choisissent avec leurs amis et sont sûrs d’avoir une pla- ce. En contrepartie, on se retrouve avec des tables réservées mais vides” concè- de le gérant de la Côte Bretonne. Concernant l’alcool, les ventes sont en chute libre et les marges soi-disant de plus en plus maigres. Côté emploi, ce sont les grands restaurants qui pour- raient employer du personnel pour le service. Les restaurants où l’exigence en matière de service est moindre n’ont à vrai dire pas de grande difficulté à recruter des étudiants. Dans la rue Bersot de Besançon, les restaurateurs interrogés attendent davantage l’arrivée des beaux jours pour ressor- tir les terrasses. Si la profession n’est pas dans son assiette à écouter les gérants, gageons que ce coup de pou- ce gouvernemental remette du beur- re dans les épinards des restaura- teurs. E.Ch.

nous donne d’un côté pour nous prendre de l’autre. Nous avons été aidés grâce à l’aide Fillon (mesure d’aide à l’emploi). Il ne faudrait pas que le gouvernement revienne là-dessus” commente le patron, au fourneau depuis 10 ans et qui affir-

Plus que la T.V.A. à 5,5 %,

ce sont les beaux jours

qu’attendent les restaurateurs de la rue Bersot de Besançon. Une terrasse : c’est minimum 35 %

de chiffre d’affaires en plus.

SUISSE VOISINE Après l’interdiction Interdiction de fumée : comment font nos voisins ? Les Suisses du canton de Neuchâtel ne peuvent plus fumer dans les bars depuis le 1 er avril. Ils écrasent leur cigarette à défaut d’écraser les rancœurs. Visite au Locle et à La Chaux-de-Fonds.

“E n Suisse alémanique, ils ont le droit de tout, même de se droguer dans des endroits spé- cialement agencés. Ici, on a le droit de rien !” Christophe, résidant au Locle, n’en démord pas. Pendant qu’il avale la dernière gorgée de son verre de biè- re avec son pote Thierry au bar Le Pharaon avenue Daniel Jean-Richard au Locle, il avoue ne pas digérer cet- te interdiction de fumer dans les bars et discothèques du canton. S’il com- prend que les non-fumeurs ont besoin eux aussi de liberté, il ne comprend pas que la législation puisse différer selon les cantons. Ceux de Vaud, du Valais et du Jura devraient en faire de même d’ici l’été.

son pour fumeurs.” Dans les autres bars, la “latte” se tire à l’extérieur. D’impressionnants attroupements de fumeurs se forment ainsi devant les bars à succès comme c’est le cas de ce côté de la frontière. Particulièrement les soirs de week-end. La police can- tonale est intervenue une dizaine de fois pour faire baisser le niveau sono- re des discussions. Elle n’a infligé aucune amende. Pour l’instant. “Il arrive que certains clients allument par habitude leur cigarette dans notre bar. On le dit de l’éteindre et tout se termine bien (N.D.L.R. : les amendes sont de 80 francs suisses par fumeur dénoncé dans un bistrot et 120 francs pour le tenancier) ” explique de son côté le barman du Churchill Pub, rue de l’Envers au Locle. À la brasserie de La Fontaine, à La Chaux-de-Fonds, les clients nocturnes passent égale- ment beaucoup de temps dehors. Le patron de l’établissement donne des gobelets en plastique aux clients qui vont consommer dehors afin d’éviter que des verres sortent, soient volés ou deviennent des projectiles en cas de bagarre. Sur ces bruits, la police cantonale tirera un bilan circonstan- cié avant l’été. Les patrons de bars ne semblent pour le moment pas déplorer une trop net- te baisse d’activité même si beaucoup de clients prétendent venir moins. E.Ch.

S’il vient au bar Pharaon, c’est aussi parce que celui- ci est pour l’heure le pre- mier bar à avoir investi dans un local spéciale- ment dédié pour les fumeurs. L’établissement a investi dans un systè- me de ventilation avec une porte coupe-feu. Pro- blème selon Thierry : “Dans ce box, on se retrou- ve à boire un verre avec des gens que l’on n’aime pas forcément… Parfois, il y a des tensions.” Au Locle, Le Pharaon est le seul équipé d’un “cais-

“Cela crée parfois des tensions.”

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