La Presse Bisontine 100 - Juin 2009

La Presse Bisontine n° 100 - Juin 2009

LE GRAND BESANÇON

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SAÔNE

Ambiance dégradée L’opposition ne démissionnera pas Le conseil municipal de Saône dysfonctionne. Les dix conseillers de l’opposition déplorent que le maire ne prête

tention des Saônois sur la situa- tion, les conseillers de l’opposi- tion ont donc pris l’initiative de diffuser un tract dans lequel ils dénoncent le “comportement irres- ponsable” de la majorité, son “manque de vision globale” et un “budget 2009 inacceptable.” Le constat n’est pas tendre. En étayant ses écrits par des argu- ments, l’intention de l’opposi- tion était d’informer la popula- tion, tout en poussant Alain Viennet à se remettre en ques- tion. Le tract a fait mouche, mais en partie seulement. Puisque depuis la diffusion de ce document, “l’am- biance est tendue au conseil. C’est douloureux” observe Daniel Fabregues. Le climat continue de se dégrader, alors que les élus de l’opposition souhaitaient que cette assemblée devienne un espace de dialogue constructif dans l’intérêt de Saône. Ce n’est visiblement pas le cas. Daniel Fabregues et ses acolytes

ont refusé de voter le budget au mois de mars. Il est jugé “four- re-tout, établi sans discernement et largement inflationniste.” L’ac- cent est mis sur “l’extravagan- ce des dépenses inscrites de 4 514 598 euros, sans souci de priorité.” S’engager dans cette politique d’investissement “risque de contraindre fortement les marges de manœuvre financières des futures municipalités” esti- me Gérard Lefèvre. Parmi les dossiers brûlants et coûteux, il y a la construction d’un plateau sportif. Un projet qui avait été étudié et ficelé par la précédente municipalité. À l’époque, il était estimé à envi- ron 2 millions d’euros. La nou- velle majorité a gardé ce projet en élargissant ses contours. Elle prévoit en plus la construction d’un gymnase. Le coût du pro- jet avoisinerait selon l’opposi- tion “les 4,5 millions d’euros.” Saône aurait recours à un emprunt de 2,75 millions d’eu-

pas attention à leur remarque dans la gestion des affaires communales.

Gérard Lefèvre et Daniel Fabregues, deux conseillers d’opposition qui souhaiterait qui souhaiteraient que le conseil soit un espace de dialogue ou chaque élu a un rôle à tenir au bénéfice de la collectivité.

L a plupart des élus connais- sent la frustration de ne pas être écoutés lorsqu’ils sont dans l’opposition munici- pale. C’est vrai à Saône, peut- être plus qu’ailleurs. Dans ce bourg de 3 000 habitants, le conseil municipal est composé de 23membres dont 10 sont dans l’opposition (une conseillère a démissionné récemment). Mal- gré cette importante représen- tation, le maire, Alain Viennet, qui clôt sa première année de mandat, serait sourd aux obser- vations des conseillers qui ne font pas partie de la majorité. “Nous essayons à chaque conseil d’apporter du débat et du ques-

tionnement. Mais c’est impos- sible. Tout est préparé et décidé à l’avance” déplorent Daniel Fabregues et Gérard Lefèvre. “Pour moi qui suis élu pour la première fois, je suis très déçu de la manière dont les choses se passent” complète ce dernier. Aucun des grands dossiers struc- turant pour cette commune et qui l’engagent financièrement pour les années à venir ne serait expliqué ou débattu en assem- blée. “Il n’y a pas de concerta- tion, pas d’échange d’arguments. Le maire est un homme qui divi- se pour mieux régner” regrette l’élu Karim Abdelaziz. Aumois d’avril, pour attirer l’at-

ros pour donner corps à ses ambi- tions, “ce qui fera passer la det- te à 1 172 euros par habitant alors que l’endettement de la com- mune est à ce jour de 285 euros par habitant.” Selon ses détracteurs, la majo- rité agirait donc tous azimuts, avec imprudence, sans se sou- cier, ni des priorités, ni de la conjoncture économique, ni de l’état des finances communales. “On ne dit pas qu’il ne faut rien faire à Saône terminent Gérard Lefèvre et Daniel Fabregues.

Mais au lieu de concentrer tous les moyens sur ce gymnase et obé- rer ainsi toutes les autres opé- rations, nous proposons plutôt de saupoudrer, pour agir à la fois en direction du périscolaire, pour poursuivre l’aménagement du centre-bourg, mais également pour contenter les sportifs.” Même malmenés, les conseillers de l’opposition n’ont pas l’in- tention de démissionner, mais au contraire de semobiliser pour espérer être entendus. T.C.

RÉACTION

Le maire de Saône

“J’ai déjà pris des coups mais ça me rend encore plus fort”

de qui a été actée lors du mandat pré- cédent que nous allonsmettre enœuvre. Pour parler des dossiers, il faudrait que les élus de l’opposition s’investis- sent. Mais je constate qu’ils sont sou- vent absents aux commissions et notam- ment lors du débat d’orientation budgétaire. L.P.B. :Vous avez inscrit au budget 2009 4,5mil- lions d’euros de dépenses. Un emprunt de 2,75 millions d’euros est voté pour financer la construction du gymnase. Est-ce réaliste ? A.V. : Saône a les moyens financiers de ses ambitions. Nous ne sommes pas une commune endettée. Investir nous endettera. Mais il vaut mieux vivre dans une commune bien équipée qui offre un maximum de services. Nous avons raison d’avoir cette ambition. Je rappelle que l’État a donné comme consigne aux collectivités locales d’in- vestir pendant cette période de crise. Si par notre action nous pouvonsmain- tenir des emplois, alors tant mieux. En plus, les prix de construction baissent sur les marchés publics de l’ordre de 30%.C’est donc lemoment d’agir.Notre budget n’est pas trompeur. Propos recueillis par T.C.

Alain Viennet répond aux attaques des élus de l’opposition qui, selon lui, ne s’investissent pas suffisamment dans les affaires communales.

L a Presse Bisontine : L’opposition esti- me ne pas être entendue et vous taxe de décider de tout, sans débat, en par- ticulier lorsqu’il s’agit de grands dossiers qui engagent la commune financièrement ? Alain Viennet : Il y a un an et demi main- tenant que je suis maire. J’ai déjà pris des coups mais ça me rend encore plus fort. Ma seule satisfaction est de réus- sir dans l’intérêt de mes administrés qui d’ailleursme le rendent bien. L’équi- pe majoritaire a un programme qui est clair et qui n’a pas changé. On y met toute notre énergie pour l’em- mener à son terme et nous l’emmè- nerons. Il y a eu unmandat 2001-2008 qui a été très ambitieux. La barre a été mise très haute par la précéden- te équipe, nos ambitions sont fortes et nous tiendrons nos engagements 2008-2014. Je veux bien tout entendre de l’opposition, mais je préférerais la voir au travail.Ma volonté est de conti- nuer à aller de l’avant avec tous les élus qui veulent travailler et il y en a dans le groupe d’opposition. D’ailleurs,

les nouveaux élus du groupe minori- taire ne veulent pas de conflit mais, au contraire, construire avec la majo- rité. Les anciens conseillers préfèrent polémiquer, c’est ce qui les anime. On peut me reprocher de ne pas être un élu rassembleur, mais je ne peux pas rassembler des gens qui ne veulent pas se rassembler. Pourtant en 2008, j’ai proposé à des personnes de l’op- position des postes d’adjoints qui ne les ont pas acceptés. L.P.B. : Un des points de litige est le projet de plateau sportif. On vous objecte le coût de cet équipement et le fait que n’ayez pas tenu comp- te des études menées à ce sujet par la pré- cédente municipalité à laquelle vous partici- piez d’ailleurs en tant que conseiller ? A.V. : Avec la précédente équipe, nous avons étudié la faisabilité d’un plateau sportif.Au lendemain de mon élection, cette étude qui présentait un projet en trois phases, que nous avons défendu pendant la campagne, a été présentée à l’ensemble demon conseil. C’est l’étu-

Alain Viennet : “L’équipe majoritaire a un programme qui est clair et qui n’a pas changé.”

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