La Presse Bisontine 100 - Juin 2009

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La Presse Bisontine n° 100 - Juin 2009

LES VOISINS DE LA GARE L’optimiste L’hôtel Florel prend le bon wagon Situé en face de la gare Viotte, l’hôtel Florel anticipe l’arrivée du T.G.V. en bâtissant un nouvel établissement de 28 chambres de haut standing. Un pari pour l’avenir.

À quoi ressemblera la future gare Viotte de Besançon une fois le T.G.V. arrivé, Daniel Houser n’en sait trop rien. Comme les autres riverains, il est certain d’une chose : que le paysage situé de l’autre côté de la rue changera. Daniel Hou- ser n’est pas un riverain de la gare comme les autres. Il est le gérant de l’hôtel Florel, établissement qui a vu le jour en 1920. Depuis 2003, date de la reprise, l’homme a opéré un coup de

lifting à cet espace jadis réputé pour être “un lieu de passe” fréquenté par les prostituées. Aujourd’hui, son établissement réper- torié Logis de France a fière allure depuis que l’hôtel est passé de 10 à 19 chambres en 2003. Une simple étape. Car depuis janvier, le propriétaire s’est lancé dans un immense chantier : la construction d’un nouvel établisse- ment sur le côté gauche de l’hôtel. Les travaux devraient se terminer début

2010. “On construit un hôtel avec 28 chambres de haut standing, de deux voire trois étoiles” dit le gérant. Pour arriver à ses fins, il a racheté l’ancien magasin “Speed moto”. Sur une sur- face d’environ 1 500 m 2 , trois étages sortiront de terre avec un jardin au centre. “Ma clientèle est essentielle- ment commerciale. J’espère ainsi déve- lopper une clientèle de tourisme le week- end” dit-il. S’il a réalisé ce chantier, c’est bien évi- demment pour anticiper l’arrivée du T.G.V. en gare de Besançon. “Je n’avais pas le choix. Si je ne m’agrandissais pas, je disparaissais. Je suis un indé- pendant, il faut se battre par rapport aux grands groupes” concède l’hôtelier qui devrait au passage embaucher cinq personnes. Un parking couvert et privé, des chambres qui donneront sur sur une cour intérieure… et voilà comment ce Bisontin espère faire les yeux doux à une nouvelle clientèle. Quant au prix des chambres, il n’est pas encore fixé : “Disons que ce seramoins de 100 euros.” Pour l’heure, l’homme surveille entre deux réservations l’état d’avancement du chantier. Une chose est certaine :

Gérant de l’hôtel Florel à Besançon, Daniel Houser voit d’un bon œil l’arrivée du T.G.V. en gare Viotte. Il construit un nouvel établissement.

LES RIVERAINS DE LA GARE Les pessimistes “La nouvelle gare, j’ai fait une croix” Deux commerçants situés en face de la gare Viotte, se montrent “pessimistes” quant aux retombées économiques annoncées du T.G.V. Ils dénoncent un manque de concertation et des dysfonctionnements.

“V oilà 19 ans que j’entends parler d’une grande gare…Je n’y crois plus.” Pierrot Jany, gérant de la brasserie située rueViotte à Besan- çon, est loin d’être enthousiaste à l’idée d’évoquer le futur chantier qui démarrera devant son établissement. Le train à grande vitesse, il y a long- temps qu’il ne l’attend plus même s’il pourrait drainer dans son éta- blissement des clients potentiels à l’heure du déjeuner ou du dîner. Son établissement fait en effet front à la gare. Ce n’est pas de la mauvaise foi. Plutôt une sorte de carapace pour éviter toute désillusion : “L’arrivée de cette gare : c’est une annonce poli- tique et médiatique…Depuis 15 ans, la ville ne s’est jamais occupée de nous (les riverains) et ça ne change pas. Regardez, ça fait depuis 2000 que l’on nous annonce une recon- version des anciens locaux de la Ser- nam, et il n’y a toujours rien.” Selon ce dernier, aucun porteur du projet n’a pris la peine d’évoquer le dossier avec les personnes concer- nées. Du coup, il craint que lesmêmes erreurs soient répétées : “À 9 heures du matin, le parking est déjà com- plet. Même en voulant payer, le client n’a aucune possibilité pour se garer. Et je ne parle pas du nombre de fois où la police passe pour verbaliser. Comment voulez-vous que les gens viennent chez nous ?” s’interroge-t-il. À écouter les différents commer- çants, il est évident que le problè- me de stationnement demeure le point principal de contestation. La ville annonce qu’il sera résolu grâ- ce à la création d’un parking aérien. “Il n’y a rien d’accueillant ici, pour- suit Italo Basilico, gérant du res- taurant l’Etna. On voudrait colorer nos façades… mais on ne peut pas.” Comme son voisin de la brasserie, il est installé ici depuis presque vingt ans et note chaque jour les dys- fonctionnements. “Les personnes handicapées qui arrivent de la gare et qui passent devant mon restau- rant se retrouvent bloquées quelques mètres plus bas… La nouvelle gare, j’ai fait une croix.” À Pierre Jany, de poursuivre : “Il n’y a même pas un bus en gare routière. Pour l’arrêt minute : il y a tout juste assez place pour une voiture. Le pire, c’est qu’il n’y a même pas un panneau pour

Daniel Houser ne veut pas manquer le bon wagon et lâche des idées comme celle de “faire une boutique où des spécialités régio- nales seront vendues” en lieu et place de l’ancienne entrée. Avec le Florel, l’Etap’hôtel et le Foch, les voyageurs bénéfi- cieront ainsi de trois hôtels à deux pas des rails. Ne reste plus qu’à espérer qu’ils descen- dent du train.

“Une clientèle de week-end.”

annoncer la gare routière. C’est tel- lement mal indiqué que des véhi- cules percutent les plots coulissants réservés pour les taxis. La ville les remplace… Vous comprenez pour- quoi j’ai une position négative” argu- mente-t-il. Principale gare de Besançon depuis la destruction de l’ancienne gare de la Mouillère en 1963, Viotte en se restructurant devrait corriger cer- taines erreurs (lire par ailleurs). Quant à la rueViotte, en sens unique, elle devrait le rester au plus grand dam de Pierre Jany qui n’attend qu’une chose : “La retraite d’ici cinq ans.” D’ici là, peut-être que ces sceptiques auront changé d’avis. Une chose est certaine : Viotte ne sera jamais une “gare patate”. Sa proximité avec le cœur de Besançon devrait être sa grande force. E.Ch. Pierre Jany, gérant de la brasserie située devant la gare Viotte ne s’attend pas à recevoir plus de clients avec l’arrivée du T.G.V. et de la nouvelle enceinte.

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