La Presse Bisontine 100 - Juin 2009

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La Presse Bisontine n° 100 - Juin 2009

DÉVELOPPEMENT Des entreprises et des emplois ? Le risque d’une “gare betterave” existe encore Selon la Fédération Nationale des Associations d’Usagers de Transports (F.N.A.U.T.), il ne faut pas s’attendre à ce que la gare Besançon Franche-Comté T.G.V. fasse émerger un nouveau pôle économique.

L a nouvelle gare T.G.V. Besan- çon Franche-Comté devrait créer un appel d’air écono- mique. Les élus locaux en sont convaincus : des entre- prises vont s’installer dans le proche périmètre de cet- te infrastructure ferroviaire avec à la clef des centaines d’emplois. Pour cela, les collectivités préparent le terrain. Une gouvernance regroupant les services de l’État, la C.C.I. du Doubs et les collectivités locales concernées a été définie. Son rôle est d’établir une stratégie d’accueil des investisseurs. Il est prévu que la future zone d’activité économique à vocation principalement tertiaire s’étende sur 30 à 35 hec- tares. On annonce que son potentiel constructible (S.H.O.N.) sur vingt ans est de 80 000 m 2 à 100 000 m 2 . Un nouveau pôle écono- mique devrait donc émer- ger autour de l’éco-gare d’Auxon.

(Mâcon, Avignon, Aix-en-Provence…) comme ce sera le cas de celles de Besan- çon Franche-Comté et Méroux-Moval (90). Conclusion : “Il ne faut pas s’attendreà un développement d’activités spontanées autour de la gare d’Auxon” explique Jean-François Troin, vice-pré- sident de la F.N.A.U.T qui a réalisé l’étude. Selon cet expert, le souffle économique qu’est censé apporter cette nouvelle infrastructure “est l’argument des élus. Tout ce qu’ils peuvent offrir, c’est du foncier. Mais il faut avancer d’autres arguments comme par exemple la pos- sibilité de trouver sur place une main- d’œuvre qualifiée pour que des entre- prises s’installent. D’ailleurs, sur les gares que nous avons étudiées, les implantations d’entreprises ne sont pas liées aux gares elles-mêmes mais à des opportunités foncières.” La gare à elle seule n’aurait donc qu’un pouvoir d’attraction limité. Le risque que Besan- çon Franche-Comté T.G.V devienne une “gare campagne” ou “ gare bette- rave” comme en Haute Picardie n’est pas écarté si l’on en croit la F.N.A.U.T. Pour Jean-François Troin, seule Valen- ce parviendrait à tirer son épingle du jeu, “car la Chambre de Commerce et de l’Industrie a réalisé d’importants investissements. Et puis il y a des cor- respondances ferroviaires qui ont été organisées en direction de Grenoble et Valence-ville. Le maillage des réseaux est primordial” dit-il. Le pari n’est donc pas gagné d’avance. Pour les représentants de la F.N.A.U.T., Besançon Franche-Comté T.G.V. devra faire preuve d’imagination pour tordre le cou aux réalités constatées cet orga- nisme. T.C.

La faible activité économique n’est pas incompatible avec un fort trafic de passagers.

BESANÇON-AUXON Entre 8 et 10 T.G.V. Ligne de Devecey : l’heure de la résurrection Les travaux de réhabilitation des 10 km de voie entre la gare Viotte et la future gare Besançon-Franche-Comté T.G.V. viennent de démarrer. Sur le parcours, trois haltes seront aménagées.

E nviron 40 navettes T.E.R. emprunteront chaque jour cet- te voie unique qui reliait il y a des décennies de cela, Besançon à Devecey. Ces navettes seront emprun- tées par les voyageurs qui souhaitent prendre leur T.G.V. à Auxon, ou pour ceux qui, arrivant d’Auxon par le train, voudront rejoindre le cœur de la capi- tale comtoise. Il faudra 10minutes pour couvrir la distance. Sur le trajet, deux voies d’évitement, l’une à Miserey, l’autre à École-Valen- tin, seront prévues pour le croisement éventuel des trains, et trois haltes fer- roviaires seront aménagées : la pre- mière aux Portes de Vesoul à la sortie de Besançon, la deuxième à École- Valentin et la troisième à Miserey- Salines. Les travaux de rénovation de la ligne ont démarré. “Nous avons débrous- saillé, enlevé les anciens rails, la pla- te-forme est vierge” indique R.F.F. Par- mi les prochains gros travaux annexes liés à ce chantier, outre la rectification du tracé de la R.D. 5 notamment à hau- teur de Miserey, figure également la suppression du passage à niveau. “On va construire un pont-rail, la ligne pas- sera au-dessus de la route. Il y en a pour huit mois de travaux” précisent les services techniques de R.F.F. La création de haltes à destination des

Un discours auquel la F.N.A.U.T. (fédération natio- nale des associations des usagers de transport) ne croit guère. En 2008, elle a rendu une étude s’intéressant aux “gares nouvelles T.G.V. exurbani- sées”, c’est-à-dire située en campagne. Elle a pas- sé en revue dix stations ferroviaires situées à l’extérieur des villes

À Miserey, la future route (en rouge) sera fortement déviée, notamment pour accéder à la halte ferroviaire qui sera édifiée plus haut.

habitants du Grand Besançon a été le souci de la C.A.G.B. “Comme on l’a fait à Morre ou à Saône, on a décidé d’en créer trois pour donner toute sa dimen- sion à la liaison entre laViotte et Auxon.

L’idée est aussi de favoriser le transport domicile-travail pour les habitants des communes concernées” commente Jean- Claude Roy, responsable des transports à la communauté d’agglomération. Pour ces haltes ferroviaires et la création d’un deuxième évitement (R.F.F. n’en avait prévu qu’un), la C.A.G.B. a déblo- qué une enveloppe de 11millions d’euros. Entre Viotte et Auxon, une quaran- taine de rotations de T.E.R. seront pro- grammées quotidiennement et “entre 8 et 10 T.G.V. qui partiront de la Viot- te ou arriveront à la Viotte circuleront également sur cette voie.” La facture du coût de raccordement de la L.G.V. à la gare Viotte coûte à lui seul 100 mil- lions d’euros. J.-F.H.

La future halte ferro- viaire d’École- Valentin. (document C.A.G.B.).

30 à 35 hectares seraient aménagés autour de la gare, essentiellement pour du tertiaire autour de la gare. Début des travaux en 2012.

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