La Presse Bisontine 100 - Juin 2009

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 100 - Juin 2009

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ANGOISSE

L’attente chez les étudiants

“Des cachets pour dormir” Si les étudiants auront bien leur année, certains ont mal vécu ces trois mois de blocage. D’autres ne pourront pas travailler en juin.

A ujourd’hui, l’attente est finie. Anaïs, 20 ans, va enfin pouvoir passer ses examens d’ici à la fin du mois. Un “ouf de soulagement” pour celle qui a passé trois mois “à tourner en rond” , “à attendre” dit-elle. “J’ai pris des cachets pour dormir…Je commence seu- lement à retrouver de l’appétit” évoque l’étudiante bisontine en droit tout en grillant une ciga- rette. Assises dans la cour de la facul- té de lettres, rue Mégevand à Besançon, Caroline Tissier et Caroline Pavy - deux élèves en langues étrangères appliquées - sont tout autant déboussolées : “On a essayé de travailler par correspondance car les profes- seurs ont continué de nous don- ner des cours par Internet. Mais ce n’était pas facile” témoigne Caroline Pavy, 19 ans, qui ne s’attendait sûrement pas à un tel baptême du feu pour sa pre- mière année.Même son de cloche du côté de sa camarade Caroli- ne Tissier : “Mentalement, c’était difficile. On devait avoir des par- tiels, puis les bloqueurs sont venus nous interrompre durant l’examen.” Le vote du 11 mai décidant la reprise leur a redonné espoir.

Repères Nombre. LʼUniversité de Franche-Comté compte 18 000 étu- diants répartis sur cinq sites (Besançon, Belfort, Montbéliard, Vesoul et Lons-le-Saunier). Examens sans heurts . En droit et sciences, les examens se déroulent normalement. Idem en lettres. Équité. Les examens en lettres qui nʼont pas pu avoir lieu à la date prévue, en raison du blocage, sont reportés à la semaine 21 et 22 en lettres. Le doyen de la fac de lettres, Antonio Gon- zales, précise que “les étudiants, qui pour des raisons spéci- fiques, ne pourront assister à ces examens, se verront, dans un souci d’égalité, proposer des modalités de contrôle adaptées.” Calendrier. À la fac de lettres, les examens se poursuivront jus- quʼà la fin du mois de mai. Avec possibilité de rattrapage en juin. Les jurys de licence et de master délibéreront en juillet. Une seconde session sera organisée du 2 au 11 septembre. Pour la fac de droit et de lettres, le calendrier reste inchangé (examens en mai, rattrapage en septembre). Réaction politique. Député de la deuxième circonscription du Doubs, Jacques Grosperrin a tenu à réagir avec véhémence sur ce conflit : “ Je suis surpris par l’assourdissant des élus de gauche (…). Faut-il en déduire, par leur discrétion, que les élus socia- listes cautionnent le comportement d’une minorité en rejouant un mauvais remake de Mai 68 sans bénéficier d’une quelconque légitimité ? Si tel est le cas, il s’agit d’une conception particuliè- re est discutable de la démocratie, surtout quand on occupe la position d’élu.”

Pour leur première année à la faculté, Caroline Tissier et

Caroline Pavy ont mal vécu ce blocage.

Mais les étudiants ne cachent pas qu’un fossé s’est creusé entre les deux camps (bloqueurs et anti-blocage). “L’ambiance est pourrie. Tout le monde se méfie de tout le monde” constate John, en troisième année de sciences humaines et sociales (S.H.S.). “Moi, Je n’ai pas envie de reve- nir fin juin pour passer des exa- mens. J’ai réservé un billet d’avion, alors s’il faut que j’annule… Ce sera de l’argent perdu” déclareMyléna, étudiante en première année de L.E.A. De l’autre côté David, 20 ans,

inscrit en géographie, dont le père est ouvrier et la mère au chômage, doit à tout prix pas- ser ses examens et les réussir. “Si je n’ai pas mon année, je n’aurai plus de bourse” s’alarme

tué le temps lors de ces trois mois ? En réalisant des tracts ! Sans ironie, la plupart d’entre eux ont continué à travailler à la bibliothèque et beaucoup sont rentrés chez eux. Certains qui pensaient pouvoir travailler dès le mois de juin devront revoir le projet. Des séances de rat- trapage seront en effet dispen- sées durant cette période. Sûr que ces trois mois vont laisser des traces. Tant au niveau des acquis pédagogiques que du mental… E.Ch.

le garçon qui arrondit ses fins de mois en don- nant des cours à des collégiens et lycéens dans l’arrondissement de Besançon. Comment les étudiants ont-ils

“Je n’avais plus de bourse.”

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