Journale C'est à Dire 128 - Decembre 2007

L A P A G E D U F R O N T A L I E R

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Un métro express entre Morteau et Neuchâtel Transport L’ambitieux projet de créer une liaison rapide entre le bas et le haut du canton de Neu- châtel, prolongée jusqu’en France, se concrétise. Le coût est à la hauteur des ambi- tions : 450 millions de francs suisses. Réalisation avant 2018.

D ouze minutes pour relier les deux plus grandes villes du canton,Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds. Une liai- son ferroviaire avec du maté- riel roulant de nouvelle géné- ration et des haltes fréquentes qui desservent les principaux pôles économiques du canton. Quelquesminutes seulement pour relier Morteau ou Villers-le-Lac au Crêt-du-Locle où se concen- trent déjà et se concentreront encore plus dans quelques années les grands noms de l’horlogerie mondiale. Voilà un projet qui devrait dynamiser encore plus les relations transfrontalières. Les autorités cantonales de Neu- châtel affinent actuellement leur ambitieux projet de TransRun, une liaison rapide qui devrait révolutionner les flux de cir- culation dans ce canton tiraillé entre plaine et montagne. Le canton profite actuellement de l’opportunité ouverte par la Confédération Helvétique de financer des “projets d’agglomération”. “Le concept TransRun est imaginé dans ce cadre. Il s’agit de relier grâce à plusieurs barreaux, d’une part Neuchâtel à Morteau via La Chaux-de-Fonds et Le Locle et d’autre part par des barreaux horizontaux, La Chaux-de-Fonds

L’idée du TransRun intègre le projet d’agglomération transfrontalière, idée entérinée l’an dernier entre Suisses et Français.

l’intérieur du canton mais aus- si du point de vue des relations transfrontalières. Côté France, la ligne de chemin de fer reliant Morteau à La Chaux-de-Fonds serait moder- nisée avec la création de sta- tions de croisement. Entre le Crêt-du-Locle et La Chaux-de- Fonds, une halte tous les 600 m serait prévue. Dans le projet qui allie modernisation des lignes existantes et création de nou-

transport, “un parking d’échanges serait prévu au niveau du Col-des-Roches, avant la fron- tière.” Le coût du projet paraît exor- bitant : 450 millions de francs suisses. Le Conseil d’État de Neuchâtel qui a accepté le dos- sier à la quasi-unanimité, toutes tendances confondues, étudie actuellement la possibilité de financer le projet grâce à un par- tenariat public-privé. La Confé- dération devrait logiquement apporter plusieurs de dizaines de millions. “Le chemin est enco- re long, reconnaît-on au canton, mais l’intention est confirmée. Nous avons la certitude que le projet se fera.” Prudents et lucides, les pro- moteurs de ce projet révolu- tionnaire annoncent une réali- sation, au plus tôt en 2016, au plus tard en 2018. Mais l’important est là : le dossier a reçu le feu vert de tous, à tous les échelons de décision. J.-F.H.

veaux tronçons, 11 km de tunnel seraient à construire entre Neu- châtel et La Chaux- de-Fonds. “Le maté- riel roulant utilisé serait de type “Flirt” comme dans le R.E.R.

à Saint-Imier et Le Landeron au Val de Travers” résume Pas- cal Vuilleumier, le chef de l’office des transports du canton de Neuchâtel. Actuel- lement, par la vétus-

Entre le Crêt- du-Locle et La Chaux-de- Fonds, une halte tous les 600 m.

Le projet prévoit la réalisation d’un tunnel de 11 km entre Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds.

te ligne de chemin de fer datant du milieu du XIX ème siècle, il faut 40 minutes pour relier les deux grandes villes du canton. Le concept TransRun s’annonce donc comme une vraie révolu- tion, non seulement dans le domaine des échanges à

de Zoug et de Bâle par exemple. Des trains très légers, très per- formants et confortables. Très puissants aussi car capables de rouler à plus de 100 km/h” pré- cise M. Vuilleumier. Du côté du Locle, qui serait également des- servi par ce nouveau moyen de

Le discours fondateur du TranRun Arguments C’est lors de la session du Grand Conseil des 6 et 7 novembre dernier que le Conseil d’État de Neuchâtel a argumenté en faveur du TransRun. Le projet a été approuvé à la quasi-unanimité. Il faut dire que la présentation était plutôt originale. Voici le dis- cours d’introduction présenté aux élus suisses. Science-fiction ou intuition ?

“E n cet été 2047, La Hau- te région a une fois de plus été prise d’assaut par une bonne partie de la jet-set européenne et internationale en quête de températures suppor- tables. Cette région, encore inquiète de son avenir au tournant du siècle, vit depuis une dizaine d’années une expansion démographique qu’elle a su maîtriser grâce à des concepts urbanistiques nova- teurs. Le prix du terrain s’est mis à flamber en quelques années dans la plus haute vil- le d’Europe, La Chaux-de-Fonds. Des quartiers résidentiels ont surgi de terre à un rythme effré- né dans les vastes prairies envi- ronnantes et aux abords des forêts. En quarante ans, la popu- lation a presque triplé, passant de 48 000 habitants à plus de 150 000 aujourd’hui, avec un bond impressionnant durant les quinze dernières années. L’ancien canton de Neuchâtel, qui comp-

tait quelque 169 000 habitants au début du siècle, afficherait aujourd’hui une population de près de 240 000 âmes. De nom- breuses entreprises de services ont établi leur siège 500 m plus bas, dans l’agglomération neuchâteloise. Des nouvelles unités de pro-

frontière franco-suisse abolie en 2035. […]. Si les problèmes urbanistiques n’ont pas tous été surmontés, l’infrastructure de transports publics mise en pla- ce peu avant les effets specta- culaires du réchauffement climatique a permis de faire face

duction, essentielle- ment spécialisées dans les technologies environnementales et les microtechniques, savoir-faire tradi-

à la situation. Un métro à grande vites- se, le TransRUN, dont une seconde voie est en chantier, relie les pôles sud et nord

L’ancienne frontière franco-suisse abolie en 2035.

tionnel de ce pays horloger, sont venues se greffer à un tissu industriel déjà bien développé par une active politique de pro- motion économique avant ce boom démographique. La Hau- te étire ses tentacules sur ses flancs est, et surtout ouest, for- mant un ensemble urbain enco- re assez décousu jusqu’à Mor- teau, intégrée il y a cinq ans à la région européenne de l’Arc jurassien, au-delà de l’ancienne

de l’agglomération, de Bienne à Morteau. Des lignes ferroviaires performantes relient Neuchâtel et son littoral aux principales agglomérations européennes voisines.” C’est en ces termes introductifs que le Conseil d’État a su convaincre le Grand Conseil, l’exécutif neuchâtelois, de s’engager dans cette vision d’avenir. Le TransRun y parti- cipera largement.