Journale C'est à Dire 128 - Decembre 2007

A G R I C U L T U R E

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Agriculture Séchage en grange solaire de fourrage en vrac : ça marche

Encore peu répandu dans la région, ce système permet d’optimiser au mieux la récolte fourragère. Plus efficace et rapide qu’une ventilation traditionnelle, il se révèle aussi plus économique. Exemple au G.A.E.C. Sainte-Claire, à Essa- villy (vers Mignovillard) qui inaugure ce dispositif novateur le 14 décembre.

“A vec un tel équipe- ment, on peut sau- ver une récolte” , annonce sans fio- riture Patrick Dodane, l’un des associés de ce G.A.E.C. où tra- vaillent son épouse Mathilde et un autre couple, Thierry et Marie-Claire Cote. Fusion de trois fermes, cette grosse exploi- tation de 595 000 litres de quo- tas laitiers occupe désormais un superbe bâtiment de 3 040 m 2 en cours d’achèvement à la sor- tie d’Essavilly, situé sur la com- mune de Mignovillard. “Au départ, on pensait seulement investir dans une ventilation tra- ditionnelle. Ce projet a évolué ensuite grâce aux conseils de Solacobois, l’entreprise qui a construit le nouveau bâtiment et qui a assuré la maîtrise d’ouvrage de l’installation.” Les membres du G.A.E.C. ont sollicité les compétences de Yann Charrier, ingénieur indépendant spécialisé dans le conseil sécha- ge en grange des fourrages. “La technique du foin vrac ventilé ne correspond plus aux attentes actuelles. Avec le regroupement des structures et les aléas cli- matiques, il faut rentrer rapi- dement des quantités de four-

ciment de couleur rouge foncé qui capte le rayonnement solai- re. La chaleur restituée réchauf- fe l’air pénétrant dans les entrées en pignon de toiture et qui rejoint la gaine de collecte située au centre de la stabulation. Toute la zone de captage est isolée par des plaques de polyuréthane clouées sous panne avec 22 cm d’espace de circulation entre pannes. Une profondeur portée à 70 cm dans la gaine de collecte qui alimente le caisson où se trouvent les deux ventilateurs qui aspirent l’air réchauffé et l’expulsent dans les gaines de refoulement qui aboutissent sous les trois cellules réservées au stockage du fourrage en vrac, deux pour le foin, une pour les regains. L’efficacité du dispositif repo- se sur une très bonne étanchéité de l’installation en vue de limi- ter les fuites d’air chaud et les entrées d’air froid dans le cir- cuit. “L’installation est conçue de façon à ne pas être contraint d’y adjoindre un système de pré- chauffage, ce qui n’aurait guère de sens. L’un des objectifs étant de ne pas avoir recours aux éner- gies fossiles. Avec un tel équi- pement, on peut rentrer le foin

rages de plus en plus impor- tantes. Le système qui s’avère le plus économique et le plus inté- ressant, c’est le séchage solai- re. La Franche-Comté accuse un certain retard dans ce domaine. Les gens considèrent que l’ensoleillement est insuffisant alors qu’il est tout aussi abon- dant que dans d’autres grandes régions herbagères françaises où les taux d’humidité sont souvent plus élevés comme en Bretagne ou en Normandie” , explique Yann Charrier qui a passé une jour- née à Essavilly à étudier les caractéristiques de l’exploitation et du bâtiment. Une installation performante ne s’improvise pas. Sa concep- tion prend en compte de mul- tiples paramètres : volume de fourrage, surface de toiture nécessaire au séchage solaire, nature des matériaux qui ser- viront d’isolant ou de capteurs énergétiques, dimensionnement des entrées d’air, du caisson qui abritera les ventilateurs… “On a suivi scrupuleusement tous les schémas fournis par Yann Char- rier ”, poursuit Patrick Doda- ne. La toiture de la stabulation est composée de 1 430 m 2 de fibro-

Les tas de foin sont contrôlés de façon quotidienne. Au besoin, Patrick Dodane ou l’un des associés l’aère avec la griffe.

à 60 % de matière sèche et le finir tranquillement en grange.” Un avantage exploité dès cet été où une partie de la récolte a été engrangée moins de 24 heures après avoir été fauchée. Dans ces circonstances particulières, il faut forcément ventiler un peu plus. Le séchage en grange réclame une vigilance quotidienne. Le principe de base étant de ne jamais arrêter brutalement. “Pendant la première semaine, l’installation a fonctionné 24 heures sur 24. Puis une par- tie de la journée et la nuit. Au bout de trois semaines, seule- ment les après-midi et finale- ment un jour de temps en temps

quand il faisait beau. Le rem- plissage des cellules doit être pro- gressif. On est d’abord monté à 2 mètres de hauteur puis 1 mètre par jour en sachant qu’on peut aller jusqu’à 7 mètres.” Le contrôle du séchage s’effectue visuellement, au toucher et au nez. Au besoin, le foin est aéré ou déplacé à l’aide d’une griffe sur rail disposant d’un bras de 12 mètres de portée. L’impact du séchage solaire se répercute aussi sur la qualité du fourra- ge. Rentré plus précocement, il nécessite peu de pirouetta- ge, se casse donc moins et conser- ve davantage ses valeurs nutri- tives. “L’objectif même de cette installation, c’est de retrouver

un fourrage de qualité qui néces- sitera moins de concentré pour la production laitière.” L’investissement total en inté- grant l’étude, les matériaux et la main-d’œuvre s’élève à près de 40 000 euros hors taxes. Le projet a bénéficié des aides de l’A.D.E.M.E. et du Conseil régio- nal. L’étude est remboursée à hauteur de 70 % et les travaux 40 %. La facture ne prend pas en compte l’achat des deux ven- tilateurs qui se monte à 13 000 euros. “C’est assez impor- tant au départ. Mais ensuite il n’y a plus qu’à régler la consom- mation d’électricité des deux ven- tilateurs.” F.C.

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