Journal C'est à dire 312 - Janvier 2025

ÉCONOM I E

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Un appel aux dons pour financer des projets au C.H.U. Un fonds spécial baptisé Phisalix a été lancé par le C.H.U. de Besançon avec le soutien de trois partenaires privés qui ont contribué à apporter les premiers fonds : la société Abéo, le Crédit Agricole Franche-Comté et Micronora. Mécénat

S i les opérations de mécé nat existaient déjà au bénéfice du C.H.U. Jean Minjoz à Besançon, la démarche est désormais mieux structurée grâce au lancement de ce fonds Phisalix porté sur les fonts baptismaux en fin d’an née dernière “La création de ce fonds nous permet aussi de met tre en exergue certains projets qui nous tiennent particulière ment à cœur. Afin de pouvoir réaliser une dizaine de projets ciblés, il faudrait que ce fonds puisse atteindre à moyen terme 583 000 euros” observe Thierry Gamond-Rius, le directeur géné ral du C.H.U. de Besançon que trois entreprises régionales ont rejoint pour apporter la mise de départ de 15 000 euros néces saires à la création de ce fonds :

dont nous avons également besoin pour pallier la pénurie de greffons” plaide le Docteur Pauline Georges, porteuse de ce projet. D’autres projets d’envergure sont concernés comme la créa tion d’un jardin thérapeutique et sensoriel au bénéfice des patients (et des soignants) du service soins palliatifs. “Sentir l’air une dernière fois sur leurs joues, c’est essentiel pour ces patients pour qui un tel endroit de bien-être serait particulière ment apprécié” note Lætitia Baade, cadre de santé en soins palliatifs. Ce projet se chiffre à 155 000 euros. Ce jardin serait aménagé sur le toit-terrasse du bâtiment vert de Minjoz. D’autres projets au coût plus modeste mais à la portée tout

l’association Micronora, le Crédit Agricole Franche-Comté et la société Aboé basée à Rioz, spé cialiste des équipements spor tifs. Un premier appel à projets avant le lancement du fonds avait permis au C.H.U. de détec ter 25 projets à soutenir. Le conseil d’administration du Fonds Phisalix en a retenu 11 pour démarrer. Du moins oné reux à 1100 euros (la création d’un kiosque presse en oncologie médicale) au plus coûteux à 305 000 euros (l’acquisition d’un matériel bien spécifique pour le service de chirurgie hépa tique). “Ce projet doit servir à mieux optimiser la reprise fonc tionnelle des greffons de foie dits “marginaux”, issus de donneurs considérés plus à risques, mais

Les acteurs du C.H.U. et les partenaires du fonds Phisalix ont officialisé la démarche en fin d’année dernière.

C.H.U. Minjoz. Ou encore ce projet intitulé “Lumière”, à 32 700 euros, qui consiste à créer une série de vidéos sur les parcours de soins en gynécologie afin d’améliorer l’accueil et la prise en charge des patientes concernées par les cancers, ou celui des femmes enceintes. L’acquisition d’un casque de réalité virtuelle (projet à 8 000 euros) pour diminuer le stress et la douleur chez les femmes enceintes lors d’un pré lèvement fœtal est également en lice. La plateforme du Fonds Phisalix est opérationnelle. “Pour les donateurs, c’est une déduction d’impôt de 66 %, de 60 % pour les entreprises” tient à rappeler Thierry Gamond-Rius. En créant un tel fonds, le C.H.U. de Besançon s’inspire d’exem ples qui existent ailleurs en France. Dans une ville de taille comparable, Poitiers, un tel fonds permet de récolter près d’1 mil lion d’euros de dons chaque année. n J.-F.H.

aussi forte sont retenus. Comme la création d’un “salon des anges”, une pièce de présenta tion des nouveau-nés décédés. “Nous n’avons pas de salle digne de ce nom pour présenter à leurs parents les nouveau-nés décédés. L’aménagement de ce salon coû terait 10000 euros” note Sté phanie Paris, coordinatrice au pôle mère-femme. 70 nouveau nés décèdent chaque année au

Zoom Pourquoi l’avoir baptisé Phisalix ? Le nom de ce fonds n’a pas été choisi par hasard. Il provient de deux scientifiques francs-com tois, Césaire (1852-1906) et Marie Phisalix (1861-1946). C’est à leurs recherches sur la toxicité du venin de vipère, appuyées sur ceux de Pasteur, que l’on doit les sérums anti venin. Ils ont montré qu’il suffisait de chauffer à 75 °C une solution à base de venin de vipère aspic pour lui faire perdre sa toxicité et le transformer en vaccin. Ils montrent par déduction que le sang des animaux vaccinés est devenu anti-venimeux, aussi bien in vitro qu’ in vivo . n Renseignements sur fonds-phisalix.fr

Les premières esquisses de ce futur jardin thérapeutique et sensoriel pour le service soins pallia tifs (crédit photo Artémis).

Après le “tournant” économique 2024, que réserve 2025 ? Conjoncture

Les chiffres 2024 de l’économie départementale, s’ils ne sont pas catastrophiques, ne sont pas florissants non plus. Le chômage est en légère hausse, même dans le Haut-Doubs.

L e préfet Rémi Bastille l’a affirmé à l’occasion d’un Comité départemental d’examen des difficultés de financement des entreprises qu’il tenait le 7 janvier der nier aux côtés des services de l’État concernés : “L’année 2024 a été marquée par un tournant dans l’activité écono mique de notre département.” En clair, les performances des entreprises du Doubs ont enregistré une baisse en 2024. De quel ordre ? “La situation se tend au niveau du chiffre d’affaires des entreprises, avec un petit décrochage de - 0,43 %, alors que sur l’ensemble de la région ce chiffre d’affaires a augmenté de 7 %. Et la capacité des entreprises du Doubs à investir connaît un fort décrochage : - 20 % dans le secteur agri cole, même chose dans le commerce” illustre Chantal Goubert, la directrice départementale des finances publiques du Doubs sur la base des déclarations

de T.V.A. des entreprises. Autre indicateur révélateur de cet essoufflement en 2024: les droits de mutation à titre onéreux, c’est-à-dire les taxes perçues à l’occasion des trans actions immobilières. “La situation continue à se dégrader. Au 30 septembre 2024, le total de cette taxe est de 68 mil lions d’euros à l’échelle du département, contre 85 millions l’année précédente” poursuit la D.D.F.I.P. Troisième élément illustrant le tous sotement de l’économie départemental : les procédures collectives jugées par les tribunaux de commerce du Doubs (redressements et liquidations): 321 sur l’année 2024, contre 270 en 2023. De son côté, le directeur départemental de la Banque de France Laurent Quinet confirme “un rétrécissement des carnets de commandes dans l’industrie notam ment” et “une dégradation des trésoreries des entreprises.” Il souligne aussi les

Chantal Goubert, la directrice départementale

des finances publiques, a

dressé un état des lieux des difficultés des entreprises aux côtés notamment du préfet du Doubs (à droite).

- 16 % dans le B.T.P.” Résultat de cette année compliquée, le nombre de demandeurs d’emploi est en hausse de + 2,5 % par rapport au précédent trimestre. Le Doubs compte 40 070 demandeurs d’emploi au total. Le taux de chômage s’établit à 6,8 % en moyenne dans le Doubs, avec des

disparités entre territoires : 10,3 % du côté de Montbéliard, 6,1 % dans le bas sin de Besançon et 5,1 % dans le Haut Doubs. Même ici le taux de chômage est en hausse : + 0,5 % sur un an. Prudent, le préfet Rémi Bastille annonce “une année 2025 incertaine.” n J.-F.H.

conséquences du “tassement de l’indus trie horlogère suisse.” L’Urssaf de son côté note “un léger tas sement de l’emploi salarié en 2024 dans le Doubs” (- 0,3 % et -5,8 % pour l’in térim) et “des déclarations préalables à l’embauche à fin d’année en baisse par exemple de - 3,3 % dans l’industrie,

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