Journal C'est à dire 307 - Juillet-Août 2024

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Pontarlier, libéré quinze jours après Morteau Fruit de l’action conjointe des forces alliées de la 3 ème Division d’infanterie Algérienne et des F.F.I., la libération de Pontarlier procède d’une habile manœuvre d’encerclement qui vient à bout des dernières poches de résistance allemandes dans la matinée du 5 septembre 1944. Récit d’une journée effectué à partir des notes de l’historien pontissalien Daniel Lonchampt. Le reste du Haut-Doubs

À l’arrivée de l’occupant, les ponts de Pontarlier comme celui de l’hôpital ont sauté.

L’ épisode pontissalien s’inscrit dans un vaste mouvement engagé à partir du 15 août 1944 quand les troupes amé ricaines et l’armée B du général De Lattre de Tassigny débarquent en Pro vence. Entrée la première à Toulon, la 3 ème D.I.A. a pour mission de traverser au plus vite les Alpes et le Jura pour couper la retraite des régiments alle

mands bousculés par le 6ème Corps d’Armée américain qui remonte par la vallée du Rhône. L’objectif des libérateurs est de parvenir à la Trouée de Belfort où Hitler a donné l’ordre à ses hommes de se replier. Après avoir libéré Chambéry et Oyonnax, la 3 ème D.I.A. arrive à Saint-Claude le 3 septembre puis se divise en deux groupements, l’un partant sur Morez

L’arrivée des blindés Grande rue suscite beau

coup d’en gouement.

Champagnole, l’autre sur Mouthe et Pontarlier. Quelques jours avant la Libération, la capitale du Haut-Doubs baigne dans une atmosphère particulière. Toutes les communications sont coupées, la population vit dans la crainte des exac tions des “Vlassov”, ces soldats cosaques à la solde des Allemands qui composent l’essentiel des troupes d’occupation, soit environ 1 500 hommes, concentrées alors sur Pontarlier et Mouthe. Le 27 août justement un bataillon d’Ukrainiens composé de 450 hommes retourne sa veste et rejoint les troupes alliées à Valdahon. Du côté de la Résis tance, on compte environ 200 F.F.I. sous les ordres du colonel Lagarde, secondé par le Pontissalien Jules Pagnier alias le capitaine Marion. Depuis le 18 août, ces maquisards sont divisés en différentes sections basées autour de Pontarlier : ferme de Cessay à Frasne, Mignovillard, La Rivière, les Granges Tavernier…

centre-ville faisant tomber une à une les poches de résistances allemandes. Du côté de Doubs, la compagnie du commandant Valentin attaque par l’est, investissant la rue de Morteau, le pont des Chèvres, les casernes Marguet. À 9 heures, le centre-ville est libéré. À 9 h 30, le colonel de Linarès installe son P.C. à la sous-préfecture. Les combats se poursuivent au Larmont où les F.F.I. et la 10 ème compagnie mena cent d’être débordés mais les Allemands subissent de lourdes pertes. Pontarlier est totalement libéré à 13 heures. Acclamé par la foule pontissalienne, le 3ème R.T.A. poursuit sa marche victo rieuse en direction de Morteau, Maîche, avant d’être contraint de s’arrêter vers Pont-de-Roide, stoppé par une grave crise logistique. n F.C. Zoom Bilan humain de la Libération de Pontarlier l 15 morts du côté des libérateurs : 6 tirailleurs et 9 F.F.I. l Entre 50 et 60 morts chez l’occupant l 315 prisonniers allemands l Les autorités suisses remettront 66 soldats russes aux F.F.I.

Tirailleurs Algériens aux ordres du Colonel de Linarès. Cap sur Pontar lier.

Le régiment arrive à Oye et-Pallet où le lieutenant colonel Coutard installe sur P.C. Les F.F.I. l’informent que l’occupant a concentré une partie de ses forces à l’entrée de la Cluse en négligeant de

Le 30 août, les F.F.I. inter ceptent à la Vrine un véhicule allemand avec de précieux renseignements sur le posi tionnement des soldats alle mands sur la montagne

Un plan d’attaque basé sur un mouvement d’encerclement.

jurassienne. Dans le Haut-Doubs, les combats débutent le 4 septembre à Mouthe qui sera libéré en fin de journée par les soldats du 3 ème Régiment de

protéger le secteur ouest de Pontarlier vers la gare. À partir de ces informa tions, le colonel de Linarès élabore son plan d’attaque basé sur un mouvement d’encerclement engagé avec le soutien des F.F.I. Il reçoit dans la journée le renfort des troupes arrivant de Cham pagnole qui participeront à l’opération en coupant les axes de communication en direction de Besançon. La manœuvre d’encerclement se met en place dans la nuit du 4 septembre. La 7 ème compagnie occupe les villages au nord de la ville. La 2ème compagnie s’installe à Doubs où le commandant Valentin installe son P.C. Dans la nuit, une autre compagnie est transportée sur le Larmont au niveau de l’Arcan alors qu’une partie du groupement Goutard part en direction de Malpas pour rejoindre Les Granges-Narboz où se trouvent notamment quatre chars destroyers. L’assaut débute à 7 heures. Un double mouvement de troupes venues de la Chapelle et de la rue des Granges se déploie pour investir la gare. Les soldats du 3 ème R.T.A., aidés par les résistants poursuivent le combat en direction du

“Ce fut naturellement, le solide accrocheur Franzini, l’homme planeur des hautes altitudes, qui se chargea d’aller hisser la girouette au sommet de la porte Saint-Pierre.”

À Pontarlier comme ailleurs, la population célébra avec ferveur la Libération.

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