Journal C'est à dire 305 - Mai 2024
MONTBENOÎT ET LE SAUGEAIS
L’hymne au monde rural des Let Dzur Musique
Formé il y a 18 ans, le groupe du Haut-Doubs se produit lors des festivals les plus conviviaux de la région. Cette année, ils ont concocté une musique pour les Terres de Jim qui n’est rien moins qu’un hymne à leur terre natale.
pleine Covid-19, il y a quatre ans. “Je n’ai fait que des répétitions pendant deux ans” , confie-t-il en songeant à cette période compliquée pour les musi ciens. “C’est vrai que tu n’as pas eu de chance d’arriver à ce moment-là” ,com pati William, lui assénant une tape amicale sur l’épaule. Aujourd’hui, ils ont la chance de pouvoir enchaîner, avec leur équipe de dix joyeux lurons, les concerts et les grands événements locaux, à raison de dix à quinze dates par an. Au mois d’avril, ces fans de rock celtique et des tubes de Soldat Louis ont poussé la chansonnette lors de Jura expo, à Champagnole, ou du Festival de la bière, aux Fins. Les Let Dzur n’ont qu’un objectif avec leurs chansons : faire chanter et danser leur public, quel que soit l’âge des per sonnes. “On joue autant des musiques des années quatre-vingt, comme du Goldman, que des titres plus actuels” , explique William. N’espérez donc pas
I ls arborent tous un sourire com municatif, une belle chemise blanche, un béret noir et un nœud papillon sur leurs pochettes d’al bum : les Let Dzur ont comme qualités d’avoir la classe et d’être 100 % Saugets. Car derrière le nom de leur groupe se cache un mot en bon patois de la micro nation doubienne, signifiant “Les jeunes” en français. Attention à la pro nonciation ! Ces artistes amateurs ori ginaires de La Longeville, et au franc accent comtois, ne le répéteront pas deux fois. “On n’est pas chauvin pour autant. C’est le seul mot qu’on connaisse dans ce dialecte” , s’amuse William, la trentaine, batteur et un des quatre fondateurs des Let Dzur, en 2005. Mar
tin, Nicolas, Fabrice et lui-même avaient tout juste 16 ans quand ils ont décidé d’entamer leur aventure musicale et de vivre leur passion à plus de cent vingt décibels. “Au départ, on voulait juste s’amuser entre nous. Un peu plus tard, on a com mencé à jouer pendant des fêtes de vil lage, des anniversaires ou des départs en retraite” , rembobine le percussion niste, qui ne compte pas changer de sitôt l’appellation de son groupe, même si l’insouciance de la vingtaine s’éloigne toujours un peu plus chaque jour. “On pensera à le changer plus tard” , s’es claffe-t-il, accompagné dans son fou rire par Maxence, le saxophoniste. Ce dernier a rejoint la petite troupe en
Les Let Dzur en concert, ça envoie du bois !
clip officiel vient de sortir. “Ce n’était pas évident. Il y a du job entre l’écriture, les répétitions, etc. Quand tu regardes le clip fini une première fois, tu penses que tout va bien. Ensuite, tu vois rapi dement qu’il y a des choses à reprendre, à modifier” , remarque Maxence. Ils ont néanmoins pu compter sur l’aide bienvenue de la chanteuse Coralie Vuil
rencontrer dans leur répertoire des sons tout droit sortis du dernier album de Gazo. Pourtant, le groupe sauget n’hésite pas à chanter en anglais ou même en italien, sur un air de Ti Amo. Il est possible de les suivre sur Tiktok ou Instagram et leur playlist est dis ponible sur Deezer ou Spotify. Comme quoi, ils sont toujours dans l’air du
lemin, la sœur du trompettiste Charles, pour la composition des paroles de cette chanson qui s’apparente à une hymne à leur terre natale. “On a imaginé
temps. Et ils savent se réinven ter. “Justine, notre chanteuse, nous a rejoints il y a un an. On n’est plus le même groupe avec elle. On peut se diversifier et
Un très vaste répertoire.
que si on quittait la Franche-Comté, on aurait tout de suite envie d’y retour ner, avance William. Ça ne s’explique pas, mais on est attachés à notre région.” Cet attachement s’explique sans doute par l’amitié qui soude leur “belle équipe”, comme dix croches pourraient l’être sur une portée. “C’est rare de voir un groupe de musique qui ne se casse pas la figure au bout de 18 ans, assure Maxence. On partage la même passion, c’est ce qui fait notre force.” n R.G.
travailler sur d’autres titres, comme ceux de Katy Perry” , constate le batteur. C’est cette même Justine, adhérente aux Jeunes agriculteurs, qui leur a ouvert les portes de la fête agricole Les Terres de Jim qui se tiendra à Mamirolle, du 6 au 8 septembre. Il leur a fallu un an, des heures de tournage dans le Val de Morteau, chez eux dans le Saugeais, et même dans un alambic, pour dévoiler enfin leur premier titre, “Je reviens”, qui sera en tête d’affiche aux Terres de Jim. Le
LetDzur se produiraà Mamirolle, à l’occasion de la fête des Terres
de Jim, en septembre prochain
(photo Marc Scheidegger).
La pierre des Suédois, un douloureux souvenir de l’histoire de la Comté La Longeville
P as sûr que beaucoup d’habitants de la Lon geville connaissent cette pierre semblable à une borne, installée à une croi sée de chemins dans la forêt des Courtots. “Elle avait été endom magée il y a deux ans par un débardeur. On a décidé de le remettre en état en profitant de la présence d’Emmanuel Vitte, le tailleur de pierre qui s’est ins tallé à Montbenoît” , explique Bernard Faivre, élu à la com mune de La Longeville. Au début du XVII ème siècle, le Haut-Doubs traverse une période plutôt heureuse à l’époque d’une Franche-Comté espagnole qui s’épanouit alors entre paix et prospérité. La guerre va une fois de plus briser cet essor lorsqu’en 1635, la France déclare la guerre à l’Es pagne et charge les mercenaires “suédois” de Bernard de Saxe Weimar de s’emparer de la Franche-Comté. Cet épisode comtois de la guerre de Trente ans est une catas trophe pour la région de Pon tarlier. En 1639, Weimar se rue
La commune de La Longeville a inauguré mi-avril la pierre des Suédois, érigée en 1639 par les habitants qui avaient survécu aux terribles Suédois en se cachant dans la forêt des Courtots.
La pierre des Suédois a retrouvé sa
place aux bois des Courtots. Inauguration en costume d’époque avec au centre le tailleur de pierre Emmanuel Vitte et ses deux salariées qui ont restauré cet élément du patrimoine.
pour échapper aux massacres. Les survivants ont ensuite ins tallé cette pierre en hommage aux victimes.” Il faudra plus d’un siècle au pays pour retrouver son équili bre. À cause des exactions des mercenaires suédois, le Haut Doubs a perdu près de la moitié de la population. Une autre stèle, la croix des barres, visible au
sur le Haut-Doubs. Après le sac de Morteau, il ravage Montbe noît et le Saugeais avant de poursuivre vers Pontarlier. Par tout, tout a été pillé, saccagé, brûlé. “Il se raconte qu’avec les incendies, on voyait la nuit comme en plein jour entre Mor teau et Pontarlier. À La Longe ville, certains habitants s’étaient réfugiés dans le bois des Courtots
bord de la R.D. 131 entre les Travers et les Auberges, honore la mémoire des victimes des Suédois qui les avaient jetés dans une faille rocheuse en contrebas de l’ancienne ligne ferroviaire entre Pontarlier et Gilley. C’est un autre souvenir douloureux pour la région qui fut également touchée par la peste en 1636 et 1638-39. n
Endommagée par en débardeur en 2022, la pierre des Suédois a été restaurée par Emanuel Vitte, le tailleur de pierre installé à Montbenoît.
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