Journal C'est à dire 304 - Avril 2024
PLATEAU DE MAÎCHE
“Les Jardins Biologiques”, richesses de la commune de Vaufrey Vaufrey
et inopinés sont réalisés une à deux fois par an par l’organisme de certification. “Nous achetons nos graines issues de l’agricul ture biologique et faisons tous nos replants à la main” , ajoute Christian.
Deux serres de 1 000 m², 500 m² de petits tunnels et 1 hectare de culture en plein champ deviennent l’univers quotidien ducouple. “Nous sommes label lisés “Écocert” (référence fran
Martine et Christian Gouvier mettent en pratique depuis 2006 des techniques de cultures vertueuses pour le plus grand bonheur de leurs clients français et suisses.
C hristian était couvreur en Suisse et Martine employée dans une usine de Damprichard. Le chômage pour lui et un besoin de retour à la terre pour elle, les motivent pour débuter une activité de maraîchage à Thié bouhans en 1996. “Nous n’étions pas du monde agricole et 30 ans en arrière cultiver bio cela faisait baba cool” , se souvient Chris tian.
Sans possibilité d’acquérir de la terre dans leur village, ils décident de s’installer dans la propriété privée “Le Château” à Vaufrey (une imposante mai son de maître et ensemble de granges édifiés par la famille de Montjoie au XVIII ème siècle sur un domaine et un parc de 3 hectares). Une formation, sui vie d’un parrainage de deux ans aux “Jardins de Cocagne” à Cha lezeule leur met le pied à l’étrier.
çaise de la certification biologique et environ nementale) avec un cahier des charges très strict : aucun intrant chimique, bouillie bor delaise une seule fois par an et des traite
Depuis le 15 avril s’est ouverte la première période attendue d’ac tivité commerciale, avec la vente en pots à repi quer de ces légumes, fruits et fleurs. Au début
L’heure de la retraite approche,
ils cherchent un repreneur.
ments naturels le reste de l’année à base de purin d’ortie, de savon noir et de consoude” , précise Martine. Des contrôles réguliers
de l’été, la production commence jusqu’à la fin du mois d’octobre et sa saison des fleurs de la Tous saint. Salades, tomates, cucur bitacées, haricots, poivrons, aubergines et plantes aroma tiques arrivent progressivement à maturité. “Contrairement aux produits de la grande distribu tion et à l’offre bio étrangère, nos fruits et légumes ont du goût et une bien meilleure conservation” , plaide Martine. Les clients suisses sont nombreux et appré cient en plus le rapport qualité prix inhabituel dans leurs com merces. Christian complète la distribution par les marchés de Thiébouhans et Saint-Hippolyte. Le surplus est commercialisé par une coopérative alsacienne, qui lui permet d’avoir accès à d’autres productions pour com
Christian et Martine Gouvier dans une de leurs serres à Vaufrey.
pléter sa gamme. “C’est un métier très prenant et face au changement climatique, il faut savoir trouver de nouvelles solutions. Pour contrer la séche resse qui s’installe, nous ne dés herbons plus pour maintenir l’humidité au pied des planta tions” , ajoute Christian. Le cou ple déplore également la sur charge administrative qui s’est installée au fil des ans, surtout au niveau de la P.A.C. (Politique Agricole Commune) européenne, pour en fin de compte ne toucher que très peu d’aide. Pour le couple Gouvier, l’heure
de la retraite approche et ils cherchent un repreneur. Idéa lement, il faudrait un couple pour recevoir en permanence la clientèle lorsque le conjoint tra vaille à la production. Du cou rage et une véritable passion pour le monde végétal seront les clés de la pérennité des “Jar dins Biologiques”. “Nous propo sons une belle affaire avec un terrain bio labellisé, une large clientèle fidélisée et un outil de travail immédiatement fonction nel” , conclut Christian Gou vier. n Ph.D.
Vue depuis les serres sur le terrain de culture en plein champ (en contrebas àdroite) et sur les bâtiments du château.
Vaufrey
L’association “Le Castel”, un tiers-lieu atypique Depuis 2018, un projet de vie et de société s’organise autour de cette vieille ferme fortifiée de la fin du XVI ème siècle. De quoi redynamiser ce village de 160 âmes !
I ls viennent d’horizons divers mais tous ont en commun des expé riences similaires de tiers-lieu. Ils ont fait partie de l’aventure “La Cantine” à Delémont (centre culturel auto-géré). “Nous souhaitions devenir propriétaire d’un nouveau lieu et avons tout simplement trouvé cette vaste demeure sur Le Bon Coin. Après une première visite, Vaufrey s’est imposé
comme notre point de chute” , se rappelle Maxime, un des cinq résidents perma nents. “Nous avions tous fait un choix de vie différent avec plus de liberté et moins de confort - surtout l’hiver ! L’idée était aussi de mutualiser toutes nos charges et nos moyens dans une dyna mique minimaliste” , précise José, ori ginaire du Valais. Le potentiel de ce lieu leur paraissait
José et Maxime, deux des
initiateurs duprojet.
immense, atypique et inspirant. Malgré les travaux massifs à prévoir, les dif ficultés de financement et la longue période de crise sanitaire, leur moti vation est restée intacte. “Dès le début, nous avons dû faire face à la restaura
avons une organisation horizontale sans chef, sur le modèle de l’autogestion et nous partageons un lieu de vie com mun” , note José. Au noyau de base de l’association, se greffent les sympathisants qui font des
Ce dernier donne d’ailleurs des cours d’informatique aux personnes âgées du village, en collaboration avec la mai rie. Chacun a sa place au “Castel” et aux occupations proposées, qu’il soit habitant de Vaufrey ou des villages avoisinants, de passage dans la vallée ou désirant passer une plus longue période dans un des deux appartements en colocation. C’est l’ouverture de la pêche qui ouvre traditionnellement la saison du bistrot depuis quatre ans. Puis viennent les soirées du 1 er mai et de la fête de la musique, ainsi qu’une présence régu lière pendant la période estivale. “Nous avons encore de beaux projets en tête et l’aventure continue. Nous sommes heureux de créer du lien et espérons dynamiser ce beau village de Vaufrey et sa vallée” , conclut Maxime. n
tion prioritaire de la charpente et de la toiture. Il s’agissait de notre premier chantier parti cipatif avec des bénévoles offrant temps et compétences” , poursuit José. Ils ont fait appel à Gilles Petit de Mont-de
dons matériels ou s’engagent ponctuellement dans des acti vités. Tous ceux qui bénéficient des services et facilités de l’en droit deviennent adhérents contre une modique cotisation annuelle (une centaine ont
Puis viennent les soirées du 1er mai et de la fête de la musique.
Laval et sa scierie mobile pour préparer les 100 m³ de grumes locales néces saires. Une trentaine de perches de 10 à 15 mètres, fabriquées par les agri culteurs du secteur, firent office d’écha faudage. Il y a encore beaucoup de tra vail et d’autres chantiers participatifs suivront. “Le principe ici est clair. Nous
déjà rejoint le projet). Comment définir “Le Castel” ? “C’est un espace de création partagée, un tiers-lieu culturel et un bistrot associatif. Mais nous proposons également des ateliers (bois, métal, élec tronique, peinture, couture, bibliothèque et fournil) où chacun peut trouver sa voie” , constate Maxime.
Le vaste bâtiment du “Castel” et son bistrot associatif.
Made with FlippingBook Digital Publishing Software