Journal C'est à dire 299 - Novembre 2023

VAL DE MORTEAU

Aumoins 10 % des élèves seraient victimes de harcèlement Éducation nationale

Il a fallu attendre 2015 pour que les protocoles au sein de l’Édu cation nationale soient écrits noir sur blanc et “aujourd’hui, chaque école, chaque collège, chaque lycée a une équipe de 6 personnes formées sur cette ques tion. Le protocole a été encore renforcé via le programme P.H.A.R.E. qui prévoit 100 % de prévention, 100 % de détection et 100 % de prise en charge” , ce qui n’empêche pas qu’il reste encore des trous dans la raquette. “L’idée est de détecter les situa tions le plus tôt possible et ne

Et même 15 % dans le second degré. Les enquêtes internes de certains établissements donnent des chiffres encore supérieurs. Comment l’Éducation nationale gère la question localement ?

L e rectorat de Besançon s’est doté d’un arsenal pour tenter de juguler ce phénomène qui tou cherait donc au moins 2 000 enfants sur les 20 000 élèves que comptent les établissements de l’académie. Deux référents aca démiques sont aujourd’hui dédiés à cette question, qui supervisent le travail de quatre référents dans chacun des quatre dépar tements francs-comtois qui accompagnent le premier et le second degré. “Les cas de harcè lement sont très divers. Ils peu vent se régler, et c’est le cas la plupart du temps, au sein même de l’établissement. Si la situation est plus complexe, un référent départemental se saisira de la question, et si c’est encore plus grave ou compliqué, c’est le réfé rent académique qui intervien dra” résume Sandrine Bermond qui est un des deux référents académiques au sein du rectorat de Besançon. Si le harcèlement scolaire existe

de tout temps, longtemps on n’a pas eu de mot pour le décrire. Pareillement, le harcèlement n’est pas propre à l’école. C’est un phénomène de groupe qui existe dans d’autres cercles : le milieu familial, un groupe d’amis, dans le champ professionnel. En milieu scolaire, ce n’est que depuis 2012 avec les premières

directives que cette ques tion est prise à bras-le corps. On en parle éga lement davantage depuis que le champ du cyber-harcèlement est venu aggraver le phéno mène. “Avec l’arrivée des

pas attendre qu’il y ait répétition. La seule chose efficace, c’est la parole précoce.” Une détection jamais évi dente, avec des situa tions parfois invisibles des adultes. “D’où l’in

Ils seraient au moins 20 000 élèves rien que dans l’académie de Besançon qui chaque année subiraient une situation de harcèlement (photo d'illustration D.R.).

“Apprendre à détecter les moindres

sur les rectorats en commandant un audit dans chacun d’eux. “L’audit a déjà été réalisé au sein du rectorat de Besançon confie

miné.” Aucun dysfonctionnement n’aurait été signalé par cette inspection générale. n J.-F.H.

Guillaume Rivoire, le responsa ble de communication. L’ensem ble des cas qui ont été remontés au rectorat cette année a été exa

signaux faibles.”

réseaux sociaux, il n’y a pas plus de harcèlement, mais le cyber harcèlement est juste une pro longation douloureuse de ce qui a pris source dans une situation de face-à-face. La médiatisation du harcèlement fait aussi qu’on a l’impression que le phénomène est en augmentation, ce n’est pas forcément le cas” tempère San drine Bermond.

térêt à apprendre par la forma tion à détecter les moindres signaux faibles” note la référente académique qui relève, para doxalement, que les statistiques du rectorat montreraient une tendance à la baisse du nombre de cas de harcèlement. Après le récent drame du jeune Nicolas à Poissy, le ministre de l’Éducation a remis la pression

Théâtre-forum

Réponses collectives et émotions, l’efficacité du théâtre-forum

colère qui monte, la peur. On creuse aussi certaines notions comme la médiation, la notion de respect, de différence, on parle d’empathie, ça se travaille.” Avec les 9 ans de recul de ce spectacle, Karine Grosjean a pu constater une libération de la parole. “Certains n’ont pas osé prendre la parole pendant le spectacle mais viennent parler après. Le théâtre-forum est aussi un message aux jeunes qui seraient victimes : il y a des oreilles pour vous écouter.” Engagée entre autres dans le développement des pratiques et activités théâtrales dans toutes les situations d’éduca tion, la Cie des Chimères a joué 70 séances de théâtre-forum dans la région sur plusieurs thématiques comme la laïcité, le bon usage du numérique, l’éducation à la sexualité, le soutien à la parentalité ou encore le respect au travail. “Je crois qu’il y a un besoin de la société de se parler collective ment, d’échanger, avance Karine Grosjean sur les raisons de l’ef ficacité de cette forme théâtrale interactive. Et on écrit avec réa lisme sur des sujets probléma tiques, on est accessible, les gens se reconnaissent. On est là pour apporter une réflexion collective et de l’émotion.” n L.P. Le théâtre forum Bonnet Man explore les méandres du harcèlement scolaire. Il est joué devant tous les élèves de 5ème des collèges Bouquet et Jeanne-d’Arc les 20 et 24 novembre (photo Cie des Chimères).

Les 20 et 24 novembre, à l’occasion du mois de l’enfance à Morteau, la Cie des Chimères joue son théâtre-forum sur le harcèlement scolaire, Bonnet Man, à destination de tous les élèves de 5 ème . Une façon efficace d’aborder ce problème de société et de délier les langues.

L a Cie des Chimères vient pour la 9 ème année jouer son théâ tre-forum Bonnet Man à la demande du C.C.A.S. de Morteau, à l’occasion cette année du mois de l’enfance. “C’est une action de fond, sou ligne Karine Grosjean, qui a écrit et mis en scène le specta cle, directrice artistique de la Cie. Et on a commencé à une époque où on ne parlait pas autant du harcèlement scolaire.” Le 20 et le 24 novembre, la com pagnie pontissalienne se pro duit six fois devant tous les élèves de 5ème des collèges Bouquet et Jeanne-d’Arc (dont une représentation à Villers le-Lac). Pendant plus d’1 h 30, les trois

comédiens, Christelle Carmillet, Philippe Coulon et Thomas Schmuziger, explorent le pro blème du harcèlement scolaire dans trois saynètes dans les quelles la situation empire. Grâce à l’intervention des élèves, des réponses collectives sont apportées face aux situa tions problématiques mises en avant dans le théâtre-forum. “Lorsqu’ils trouvent qu’il y a un problème, ils stoppent la scène, explique Karine Grosjean qui joue le rôle de joker (ani matrice des débats). Globale ment, les élèves réagissent assez vite, ils voient les choses très vite, la pulsion de réagir est là. Mais après, c’est plus difficile de trouver des réponses. On creuse les émotions, on gère la

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