Journal C'est à dire 298 - Octobre 2023

PLATEAU DE MAÎCHE

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Le sculpteur Daniel Chiari renoue avec ses racines Les Bréseux La retraite lui a permis d’assouvir sa passion de la pierre, héritage depuis plus d’un siècle de sa famille originaire d’Italie.

tailleur de pierre et un maçon reconnu. “Leur transmission de l’amour de la matière et de la méticulosité du travail est toujours en moi” , constate Daniel. Il se fournit en bloc de pierre calcaire du jurassique supérieur, très tendre (similaire au tuffeau de Bourgogne). La carrière se situe à Savonnières-en Perthois dans la Meuse (à une quinzaine de kilomètres de Saint-Dizier). “Je trouve un modèle qui me parle et je réa lise un tracé. Mon ancien métier m’aide beaucoup pour passer d’un dessin ou d’une photo, en deux dimensions, à un finition. Tout est réalisé à la main, y compris les ponçages et les décors contrastés entre le matériau martelé et poli” , poursuit-il. Passion, vision, patience et anticipation sont les qualités nécessaires à la réussite d’une belle pièce. La pierre de Savon nières ne donne pas le droit à l’erreur et il avoue quelques ratages dus à des petits trous qu’il découvre dans le maté riau, au fur et à mesure de l’avancée du travail. “Au début, je considérais cette activité comme un passe-temps. Mais au fil des mois, ça a pris plus d’ampleur et j’y consacre, avec bonheur, une trentaine d’heures par semaine, surtout le matin” , avoue-t-il. Sa série des Lynx, présentée au Festival “De Maîche avec la nature”, à la demande des organisateurs, a beaucoup plu. La plus grande des œuvres (voir photo) a nécessité quatre jours complets de tra objet en volume” , explique l’ar tiste. Puis c’est à l’aide de burins, gradines, râpes et papiers abrasifs que naissent les sculptures. “J’attache une importance particulière à la

P rototypiste dans l’industrie horlogère, rien a priori ne pré destinait Daniel Chiari à la sculpture, même s’il avoue avoir toujours eu un fort penchant pour le travail de la pierre. “Il y a quatre ans, j’ai participé à des week-ends de formation dans l’Ain, puis j’ai travaillé assidûment dans mon garage aux Bré seux pour acquérir et améliorer les tech niques” , confie-t-il. C’est en 2021 qu’il se lance sur ses pre mières pièces. L’assurance vient après

un excellent accueil du public lors d’une première exposition avec les peintres du plateau de Maîche et une journée de démonstration à l’Université Popu

laire. “Anselmo, mon grand père était sculpteur profession nel agréé par les Beaux-arts italiens de San Remo. Il avait commencé sa formation à 14 ans avec les Compagnons du

“Au fil des mois, ça a pris plus d’ampleur.”

devoir” , se souvient le sculpteur. Son père, Victor, arrivé en France après la 2 ème guerre mondiale était un excellent

Daniel Chiari en pleine démonstration lors du festival “De Maîche avec la nature” en septembre dernier.

vail. Le public nombreux a pu découvrir le réel talent de cet artiste du cru et apprécier les démonstrations de son travail réalisées sur place. “Cette activité restera un loisir, je n’ai pas l’intention

d’en faire un métier à plein-temps. Mon plaisir est de proposer de jolies pièces inédites et abordables entre 60 et 300 euros” , conclut Daniel Chiari. n Ph.D. Zoom Et si on essayait la cuisine de Lucie Saint-Voirin ! Lucie Saint-Voirin nous livre une recette tirée de son ouvrage “Cuisine sauvage au fil des saisons” aux éditions Terran : Le cake orties noisettes comté. l Temps de préparation : 15 minutes - Temps de cuisson : 30 minutes l Pour 6 personnes: 3 œufs - 100 g de noisettes entières - 100 g de beurre - 200 g de farine d’épeautre - 80 g de feuilles d’orties - 100 g de comté - 10 cl de vin blanc - 1 sachet de levure - Sel, poivre. l Préchauffez le four à 180 °C (ther mostat 6). l Lavez et égouttez les orties. Séchez les puis hachez-les très finement. Concassez grossièrement les noi settes. l Faites fondre le beurre. Versez la farine et la levure dans un saladier. Incorporez-y les œufs puis le vin et le beurre. Ajoutez les orties et les noi settes. l Coupez le fromage en petits cubes. Ajoutez-les à la préparation. l Assaisonnez selon votre goût. Beur rez un moule à cake. Faites cuire 30 minutes au four. - Le cake doit être bien doré. Vérifiez la cuisson du cake : piquez-le avec la pointe d’un couteau, elle doit ressortir propre. Bon appétit!

Deux pièces de la série sur les lynx (sculpture et taille basse).

Lucie Saint-Voirin milite pour une reconnexion à la vie naturelle Montjoie-le-Château Elle propose de se réapproprier tout ce que la nature peut offrir en redonnant ses lettres de noblesse à la cueillette sauvage et à une cuisine végétarienne créative.

T itulaire d’un diplôme d’école de commerce, Lucie Saint-Voi rin a exercé dans un premier temps dans l’industrie du luxe. “C’était une chouette expérience, mais vide de sens. J’avais l’impression de subir ma vie. Plusieurs rencontres déci sives m’ont alors permis de décider quel sens donner à ma vie” , déclare-t-elle. “La cuisine m’a toujours passionnée, probablement par transmission fami liale, mais aussi par le goût du partage et l’envie de prendre soin de soi et des autres. Mettre de l’amour dans une tâche quotidienne m’enchante” , ajoute t-elle.

mateur en permaculture, dans une charmante maison surplombant le vil lage. Elle fonde alors “Nascaya” en offrant également d’autres activités visant à recréer du lien avec le vivant.

Elle croise des botanistes qui lui font réaliser l’existence d’une multitude de plantes comestibles aux saveurs exo tiques et si différentes des fruits et

légumes habituels. “Tout était sous mes pieds disponible presque tout le temps. Tant qu’on voit du vert, il y a des végétaux gratuits à manger” , poursuit Lucie. Elle se forme

Un tiers des Européens souffrent de carences.

Des apprentissages de 3 à 5 jours sont dispensés pour la reconnaissance, la cueillette et la cuisine des plantes. “C’est

avec l’ethnobotaniste François Couplan, une référence en matière de plantes sauvages comestibles, et décide d’une reconversion professionnelle totale. Elle s’installe avec son compagnon Lau rent Soler, architecte paysagiste et for

un domaine qu’il faut aborder sérieu sement. Certains végétaux sont toxiques ou souffrent de maladies parasitaires. Il faut également prendre en compte la préservation du milieu pour l’avenir et respecter les espèces protégées. Enfin, certaines plantes comme l’ortie par exemple ne se cueillent pas et ne se cui sinent pas de la même façon au fil des saisons” , précise la jeune femme. Ses compétences sont mises au service de restaurateurs français ou suisses et de lycées hôteliers, où elle conçoit une cuisine végétarienne locale de sai son. “Les fruits et légumes standardisés que nous sert la grande distribution sont pauvres en nutriments, à tel point qu’un tiers des Européens sont carencés en vitamines, minéraux, protéines ou fibres” , s’insurge-t-elle. Elle organise donc des ateliers ou des journées décou verte aux enfants, parents et grands parents dans sa vallée paradisiaque.

Lucie Saint-Voirin dans son repaire en pleine nature de Montjoie-le-Château.

Elle leur propose de devenir plus auto nomes vis-à-vis de l’alimentation en favorisant des produits sains. En effet, la transmission entre générations sur les richesses de la nature ne fonctionne plus de nos jours. Les professionnels de la nature et des espaces verts font également appel à elle pour des for mations aux plantes sauvages alimen taires. Auteure d’un livre de cuisine, malheu reusement indisponible pour le moment, Lucie Saint-Voirin prépare un nouvel ouvrage pour le printemps 2024. Pour plus d’informations sur les activités proposées : https://nascaya.com. n Ph.D.

Le fameux cake orties noisettes comté (Photo L.S.V.- Nascaya)

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