Journal C'est à dire 297 - Septembre 2023
DOSS I ER
“Une partie de la profession risque d’aller dans le mur” L’heure n’est pas vraiment à l’optimisme en cette rentrée dans les métiers du bâtiment. Le point avec Dominique Viprey, le président de la F.F.B. du Doubs. Fédération Française du Bâtiment
C’ est à dire : Comment les professionnels du bâtiment abor dent-ils cette ren trée ? Dominique Viprey : Globalement, pour l’instant, les carnets de com mandes des entreprises jusqu’à la fin de l’année sont relativement bien garnis. Mais cela concerne des commandes prises entre fin 2022 et début 2023. Ce qu’on constate depuis la fin du premier semestre 2023, c’est l’énorme diminution du nombre d’appels d’offres que ce soit venant du public que pour des chan
D.V. : On sait que pour que les choses aillent bien, il faudrait construire 500 000 logements par an en France. On a chuté à tout juste 200 000. Il faut impérative ment que le gouvernement s’em pare de cette question et lance un vaste plan de relance de la profes sion avec des aides plus fortes et de vrais programmes de construc tion et de rénovation à grande échelle. Mais il reste le gros pro blème du foncier. On sera sans doute obligé de revenir sur des dis positifs comme le Zéro artificiali sation. Des prix de terrains à plus de 200 000 euros au-delà du plateau de Valdahon, ce n’est pas viable ! Càd : Dans ce tableau peu réjouissant, y a-t-il des pans de la profession qui tirent leur épingle du jeu ? D.V. : Peut-être les professionnels orientés dans la construction de bâtiments tertiaires. Un décret oblige désormais les propriétaires de bâtiments de plus de 1 000 m² à engager des travaux d’améliora tion énergétique. Les entreprises travaillant dans l’isolation, l’élec tricité, le chauffage-ventilation peu vent avoir de meilleures perspec tives. n Propos recueillis par J.-F.H.
connais certains vendeurs de mai sons individuelles qui n’ont pas vendu une seule maison depuis mars. Certains qui en vendaient une cinquantaine par an en ont vendu à peine deux ou trois en 2023. Par ricochet, ce sont toutes les professions liées à la construc tion qui risquent de souffrir beau coup. Càd : Avec quelles consé quences ? D.V. : Une partie de la profession risque tout simplement d’aller dans le mur. Comme le marché de la
tiers privés. Personnelle ment, je n’en ai eu aucun au cours de l’été et je n’en ai téléchargé qu’un seul depuis ce mois de septem bre. Càd : Pas vraiment optimiste alors ?
maison individuelle est en berne, certains artisans vont se tourner vers le tertiaire et l’industrie, ce qui va créer une bagarre avec les opérateurs déjà présents sur ces marchés et entraîner une chute des
“Des terrains àplusde 200 000 euros, ce n’est pas viable !”
prix. Ce scénario est très mauvais. Sur ce point, cela fait six mois que le président national de la F.F.B. tire la sonnette d’alarme. Càd : Quelle est la solution vu que le problème vient en partie des taux d’intérêt trop hauts et du fait que l’accès à la propriété est devenu inaccessible pour beaucoup?
D.V. : Les perspectives sont en effet très inquiétantes pour 2024. Dans nos différentes professions du bâti ment, un secteur est particulière ment exposé aux difficultés, c’est l’habitat : construction de maisons individuelles et promotion immo bilière. C’est dur à dire mais pour ces métiers, en ce moment, il n’y a quasiment plus de boulot ! Je
Dominique Viprey préside l’antenne départementale de la Fédération Française du Bâtiment (photo D.R.).
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