Journal C'est à dire 296 - Août 2023

ENVIRONNEMENT

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Les scolytes à l’assaut des forêts d’altitude Forêt Plus aucun peuplement d’épicéa commun n’est épargné par l’appétit du scolyte typographe qui prolifère avec la multiplication des épisodes de sécheresse et de fortes chaleurs.

Les peuplements d’épicéa commun sont de plus en plus victimes du scolyte quelle que soit l’altitude (photo M. Mirabel, D.S.F., août 2023).

I l suffit de randonner sur les crêtes jurassiennes pour constater l’ap parition de tâches de plus en plus grandes d’épicéas victimes des insectes ravageurs et notamment du scolyte typographe. “Ce que l’on voit actuellement est la conséquence des attaques qui ont eu lieu ce printemps” , explique Mathieu Mirabel, responsable du département de la santé des forêts à la Direction Régionale de l’Alimen tation, de l’Agriculture et de la Forêt. L’intensification des attaques de scolytes est en lien avec un déficit hydrique

associé à des températures élevées sur venues au cours de ce printemps et en cette première moitié d’été, en parti culier en altitude, affectant des zones peu habituées à connaître pareilles conditions météorologiques. “Les dégâts sont très visibles sur la zone des seconds plateaux et sur la haute chaîne juras sienne. On sait que les épidémies de scolytes sur les épicéas ont débuté en 2018. Le phénomène s’est nettement renforcé l’an dernier et l’épidémie pro gresse en altitude, notamment cette année où les surfaces atteintes sont au

La situation actuelle reste actuellement évolutive. Des foyers de scolytes liés aux attaques de ce printemps conti nueront à apparaître dans les semaines à venir et les attaques de cet été ne se révéleront qu’à la reprise de végétation au printemps 2024. C’est seulement à partir de ce moment que pourra être dressé un bilan complet. Les populations de scolytes très élevées préfigurent une poursuite de la phase épidémique jusqu’à la mi-2024. Les mesures de lutte préventive sont tou jours d’actualité même si les conditions météorologiques restent le premier fac teur de régulation des populations de scolytes. “On invite toujours les pro priétaires à détecter les attaques le plus tôt possible. Pour abattre et sortir rapi dement de la forêt les arbres attaqués. C’est la même chose pour les chablis survenus lors des coups de vent.” ■ F.C.

effectue des suivis sanitaires exhaustifs et réguliers. Pour calculer les surfaces touchées, on fait également appel à la télédétection en utilisant une méthode d’analyse créée par des chercheurs de l’I.N.R.A.” Les peuplements peuvent aussi être fragilisés par des catastrophes natu relles. Comme ce fut le cas le 24 juillet dernier avec l’orage et les microrafales de forte intensité observé selon un axe Levier-Morteau-La Chaux-de-Fonds. Les dégâts infligés alors aux peuple ments forestiers sont localisés, quelques dizaines d’hectares, mais d’une très forte sévérité. Dans le canton de Neu châtel, plus impacté, cela représente plus de 1 200 hectares de surfaces tou chées. Ces arbres écimés et ces chablis consti tuent autant de sites propices au typo graphe. Faut-il s’attendre à voir d’autres épicéas dépérir sur fond d’épidémie ?

plus haut.” Il n’y a plus de frontière, de seuil alti tudinal. L’absence de précipitations orageuses est néfaste aux pessières qui se retrouvent affaiblies par le déficit hydrique. Les conditions sont favorables au développement des scolytes. Si le chaud et le sec persistent jusqu’à l’automne, trois générations potentielles de typographes pourraient se produire comme ce fut déjà le cas en 2018-2019 2020-2022. “En altitude, les sols sont plus superficiels, ce qui renforce le stress hydrique des arbres” , ajoute Mathieu Mirabel. Le service de l’état sanitaire des forêts utilise différents protocoles pour évaluer la situation. “On travaille avec des cor respondants observateurs. Il s’agit sur tout de techniciens forestiers des domaines publics ou privés. On a aussi mis en place des protocoles d’évaluation sur des espaces bien déterminés où l’on

Les tornades très localisées comme celle qui a détruit 700m3 de résineux dans le bois de Sobey le 26 juil let dernier à Montlebon, favorisent aussi l’activité des scolytes.

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