Journal C'est à dire 296 - Août 2023

VAL DE MORTEAU

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“On est des manouches !” Grand’Combe-Châteleu Spécialisée dans la vannerie et le rempaillage de chaises, la famille Gargowitch vient travailler à Grand’Combe depuis des décennies. Éjectés du Pont de la Roche, ces manouches ont pris leurs quartiers d’été au village même, sur un terrain privé.

S i elle a réduit son acti vité de vannerie, Mar celle Gargowitch, bientôt 80 ans, est restée fidèle à Grand’Combe où elle vient

inusables. “On posait la cara vane de mai à août sur le par king à côté du Pont de la Roche” , se souvient cette maman de neuf enfants qui ne compte plus le

séjourner, si l’on peut dire, depuis plus de quarante ans. Avec son mari Arthur qui n’est plus de ce monde, ils en ont tressé et réparé des paniers quasiment

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l’ancienne dans son atelier en plein air juste devant les deux caravanes. Quand la famille est présente à Grand’Combe, l’activité est signalée par une enseigne en bord de route. Pourquoi venir dans le Haut-Doubs ? Une ques tion d’origine. Pour Marcelle née Weiss, c’est l’occasion de revenir dans son berceau familial du Haut-Doubs. C’est d’ailleurs comme cela qu’elle a connu Arthur qui lui venait de Suisse. La coopération se décline à tous les niveaux. “Papa, c’était un vannier reconnu” , rappelle Sylvie Seine sans oublier de préciser, il y a plusieurs familles chez les gens du voyage. “Nous, on est des manouches !” clament-ils. ■

Grand’Combe-Châteleu, on a toujours été bien accueilli. C’est aussi pour cela qu’on y revient. On n’est pas resté longtemps sur l’aire d’accueil car on ne s’y sen tait pas bien” , explique Sylvie Seine qui accompagne sa maman dans le Haut-Doubs.

nombre de petits et arrière petits-enfants. Gêné, on se sait pourquoi, de cette présence même lointaine, un riverain de Grand’Combe a su faire pression pour les éloi gner du parking du Pont de la Roche. Du coup, la famille Gar

À 79 ans, Marcelle Gargowitch est restée tous les étés fidèle à Grand’Com be-Châteleu où elle vient désormais avec sa fille Sylvie et son

Toute la famille est domiciliée à Bagnols sur-Cèze dans le Gard. “En hiver, on fabrique des paniers qu’on vend l’été à Grand’Combe et en faisant du porte

gowitch s’est d’abord repliée sur l’aire d’ac cueil des gens du voyage située à l’entrée de Mor teau. Une solution pro visoire avant qu’un habitant et ami de la

“On a toujours été bien accueilli à Grand’Combe Châteleu.”

à-porte dans les villages alen tour” , poursuit Sylvie Seine qui fait ses tournées le matin. Manuel, son mari, est spécialisé dans le cannage et le rempail lage des chaises. Il travaille à

famille finisse par leur proposer le terrain où ils posent désormais leurs caravanes depuis quelques années. “On est arrivé ici le 21 mai et on repart en général un peu avant le 15 août. ici à

gendre Manu.

Les secrets de la croix de mission bicentenaire Grand’Combe-Châteleu

En bref…

● Vide-greniers L’association Les Anges gar diens d’Alice organise son 3 ème vide-grenier le dimanche 17 septembre à Laviron. L’as sociation a pour objectif de sou tenir financièrement et mora lement les familles touchées par la maladie d’un enfant. Ren seignements et inscriptions au 06 73 88 69 59 ou à bjoly@tel wan.fr. 1, rue de la salle des fêtes. Entrée gratuite. Tarifs : Extérieur : 3 euros le mètre linéaire (au minimum 5 m), Sous auvent : 4 euros le m (minimum 4 m), intérieur : 5 euros le m (minimum 2 m). ● Bernard Clavel Un hommage à l’écrivain Ber nard Clavel (1923-2010) à l’oc casion du centenaire de sa nais sance sera rendu à Villers-le-Lac à travers une exposition intitulée “Bernard Clavel intime”. Faite d’aquarelles exécutées par l’ar tiste et de photos privées, cette exposition se tiendra en novem bre à l’Hôtel de France à Vil lers-le-Lac. Elle est préparée par Yves Droz, collectionneur et ami de l’écrivain. Bernard Clavel entretenait un lien parti culier avec Villers-le-Lac, il venait régulièrement séjourner dans la ferme qu’il avait acquise au hameau du Pissoux.

À l’occasion des journées européennes du patrimoine, l’association A.T.P. du Beugnon met en avant la croix de mission en fer forgé du village. Une conférence de Jean Michel, qui s’est plongé dans le sujet des croix de mission dans le Haut-Doubs se tient le 17 septembre à 15 heures.

E lle surplombe la mairie et tourne le dos à l’église. La date, 1823, se détache nettement de l’architecture en fer forgé, tout en courbes. La croix de mis sion de Grand’Combe-Châteleu, qui fête cette année son bicen tenaire, raconte l’Histoire. “Ces croix en fer forgé ont été érigées en général du début du XVIII ème développement du travail du fer dans la région avec notamment la mine de fer de Rochejean.” L’ancien ingénieur des Ponts et chaussées, de la région pari sienne, vient régulièrement depuis 40 ans dans le Haut Doubs. Une fois à la retraite, il s’est plongé dans la recherche et l’inventaire de ces croix de mission, uniquement en fer forgé, dans le Haut-Doubs et le Haut-Jura. “Il y en a beaucoup sur la Franche-Comté, le Haut Doubs et les plateaux du Jura” , relève Jean Michel qui en a répertorié jusqu’à présent 200. “Plus bas dans la Bresse, on ne jusqu’à la fin du XIX ème siècle, retrace Jean Michel. Elles sont liées particulièrement au

retrouve pas ce genre de croix.” À Grand’Combe-Châteleu, le travail du fer a toujours irrigué le village. Aujourd’hui encore, les ateliers du feu pratiquent la ferronnerie d’art. Pourquoi construire de telles croix au XVIII ème siècle ? “Le fer était à l’époque un matériau innovant. Dans le même temps, la région connaît une recrudes réforme. La zone frontalière avec les protestants suisses était par ticulièrement visée par les mis sionnaires de Beaupré, éclaire Jean Michel. Elles servaient à défendre la foi de manière osten tatoire.” Si l’érection de ces croix a été stoppée par la Révolution et son anticléricalisme, elle a repris au moment de la Restauration et de la monarchie de Juillet. Celle de Grand’Combe-Châteleu a été fabriquée en 1823 par les arti sans locaux avec un savoir-faire typique. D’autres croix du même genre sont visibles près de l’église à côté de vieilles tombes cence des démarches prosélytes en faveur du catholicisme, un reli quat de la contre

Des croix pour défendre le catholicisme.

La croix de mission du village a été érigée en 1823 par des artisans locaux.

de prêtres. Mais au milieu du XIX ème siècle, les croix en fer forgé au modèle unique sont devenues trop coûteuses à fabri quer. Elles sont progressivement remplacées par des croix en fonte moulée construite par les fon deurs industriels de Besançon ou encore Lyon, vendues sur

l’histoire que raconte celle de Grand’Combe-Châteleu, les A.T.P. du Beugnon organisent une conférence le dimanche 17 septembre à 15 heures, ani mée par Jean Michel. La ferme musée est également ouverte aux visites. ■ L.P.

catalogue. Pour Jean Michel, les croix en fer forgé du Haut-Doubs et du Jura ne recèlent pas le même travail ni les mêmes idées mises en avant, le Haut-Doubs ayant fait preuve d’une ferveur reli gieuse plus prononcée. Pour découvrir les particularités et

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