Journal C'est à dire 294 - Mai 2023

PLATEAU DE MAÎCHE

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L’horloger Philippe Vuillemin transforme le sapin-président en horloge Le Russey Dans son atelier, elle fabrique des pièces uniques en porcelaine tout en consacrant une partie de son temps au design et au graphisme pour des clients diversifiés.

C’ est dans sa commune natale du Russey que Phi lippe Vuillemin s’apprête à livrer une horloge qui trô nera dans la mairie de la commune. La particularité de cette réalisation de plus de 2 mètres de hauteur, c’est qu’elle a été fabriquée à partir du der

sortent de sa manufacture de Franois, près de Besançon. “Quand j’ai appris que la mairie du Russey devait abattre son dernier sapin-président, je me suis dit qu’il fallait absolument en faire quelque chose. La mairie a tout de suite adhéré à mon projet.” L’horloge-sapin destiné au Russey sera donc façonnée

nier sapin-président que la commune a dû se résoudre à abattre il y a deux ans. Le vénérable résineux, vieux de 350 ans, connaîtra donc une seconde vie. Tout un symbole pour cet horloger très attaché à ses racines, qui cherche à donner une âme aux réalisations qui

Le dernier sapin-président du Russey avait été abattu en 2021.

rantaine de centimètres, pendules de table qui seront les exactes reproduc tions en miniature du modèle original (et qu’il vendra peut-être aux alentours de 350 euros). “Pour permettre aux gens du secteur du Russey de s’appro prier cette création” dit-il. L’horloge destinée à la mairie du Russey devrait, elle, être livrée à la rentrée. L’horloger de Franois espère que cette démarche en appellera d’autres. “Nous

dans une large section du tronc de l’ar bre, qu’il a fait découper et sécher de longs mois chez un ébéniste de Mont de-Laval, et qu’il s’apprête à assembler dans un support inox fabriqué à quelques kilomètres de sa manufac ture. “Il y a aussi une partie éthique dans notre démarche. Les sapins-présidents, c’est une chose qui appartient au patri moine local, il m’a paru important de

avons également conçu une horloge en frêne local, des tinée à la mairie de Franois. J’espère que ces initiatives nous mettront le pied à

trouver une nouvelle destina tion à ce bois, et qu’il reste aussi dans sa commune d’ori gine.” Une fois le bois inséré dans son socle, il ne restera

Et des reproduc tions miniatures produites à 350 exemplaires.

Philippe Vuillemin devant une de ses réa lisations qu’il des tine à la commune de Franois.

l’étrier pour que les communes et les collectivités locales nous commandent des horloges en lien avec leur patrimoine local” termine Philippe Vuillemin. La commune de Saône pourrait elle aussi passer commande à l’horloger de Fra nois prochainement. Et d’autres pour raient suivre. n J.-F.H.

plus qu’à Philippe Vuillemin à y poser un mouvement sur la face avant. Le dessin de l’horloge a été pensé par Laurence Prudhon-Delagrange, la créa trice des modèles signés Vuillemin. De ce modèle, avec le reste du bois du même arbre, l’horloger fabriquera une série limitée et numérotée à 350 exem plaires, des modèles réduits d’une qua

Célestin Faivre et la réforme des prisons Indevillers Enfant d’Indevillers (1811-1893), l’aumônier de Bellevaux (Besançon) eut un rôle majeur dans l’évolution du milieu péni tentiaire à la fin du XIX ème siècle.

G uy Sichler a mené de nom breuses recherches sur ce personnage important de notre histoire régionale. Il en a tiré une biographie complète qui s’intitule “Célestin Faivre, un enfant d’Indevillers, aumônier à Bellevaux”. C’est en 1817 que la Ville de Besançon rachète l’ancienne résidence urbaine des moines de Bellevaux. Ce lieu appelé “Dépôt de mendicité” ou “Maison de correction et de refuge” devient une succursale de la vétuste “Maison d’arrêt et de justice” du centre-ville. Dans des locaux communs, jeunes de moins de 16 ans, enfants des détenus, vieillards, cas sociaux et prostituées syphilitiques s’entassaient. Célestin Faivre y sera aumônier de 1835 à 1839, puis de 1844 à 1877. “L’état des prisons était une bravade à la morale publique, à l’humanité et au christia de ce type vit le jour à Philadelphie en 1776. Dès 1836, un décret en France rendait obligatoire ce système pour toutes les nouvelles constructions. Mais la Révolution de 1848 et l’insta bilité politique eurent raison de cette décision. Il faudra attendre le 5 juin 1875 pour qu’une loi rende obligatoire les prisons cellulaires (construction des nouveaux bâtiments et réhabili tation des anciens). Parallèlement, en 1844, Célestin Faivre crée les premières bibliothèques dans les centres de déten tion afin d’en humaniser les conditions nisme” , écrivait-il alors. Il fut un des premiers à militer pour des prisons cellulaires en lieu et place des salles communes. Le premier lieu

L’Abbé Célestin Faivre, aumônier de Bellevaux, chanoine honoraire de Besançon et chevalier de la Légion d’Honneur.

Belgique par Célestin Faivre que fut bâti le nouvel établissement péniten tiaire de Besançon. “Notre nouvelle prison est cellulaire : elle vient de rece voir la population de nos maisons d’ar rêt, de justice et de correction. La bar barie et la corruption ont régné trop longtemps dans les maisons pour peines” , se félicitait-il alors. L’abbé Célestin Faivre penserait que l’histoire bégaye à la lecture du dernier rapport de Dominique Simonnot (contrôleuse générale des lieux de pri vation de liberté) publié le 11 mai der nier. “Le découragement gagne la popu lation pénale comme les agents pénitentiaires de tout grade. Tous obser vent les conséquences délétères de la surpopulation: la promiscuité qui engendre des violences entre détenus, entre surveillants et détenus, et la satu ration générale des fonctions de la pri son qui entrave l’accès à tous les services, à commencer l’hygiène la plus élémen taire (la douche), les liens familiaux, les soins, l’enseignement, le travail, et les activités liées à la réinsertion.” n Ph.D.

de vie. “Il faut développer chez les déte nus la capacité, le goût et la possibilité de se plonger dans la lecture d’un livre” , déclarait-il. En 1846, un rapport de l’Inspection Générale Parisienne dénon çait une trop grande mansuétude vis à-vis des détenus. “Il y a des contre bandiers, ombrageux et violents, des mauvais sujets dix fois récidivistes,

habitués de la police correc tionnelle, écume des fron tières, rebuts des grandes villes qui se donnent pour ainsi dire rendez-vous à Bel

De la porcelaine teintée dans la masse.

levaux.” La séparation du quartier des prison niers de la “Maison de correction et de refuge” devint une évidence. Le 10 mars 1870, Célestin Faivre était convoqué par une commission parlementaire. “Je suis très frappé de la netteté et de la justesse de vos remarques sur le régime pénitentiaire. Le discours que vous avez prononcé à Londres en 1862 est infiniment remarquable” , constatait M. Mettetal, vice-président de cette assemblée. C’est sur la base de plans ramenés de

Le Centre de Long Séjour de Bellevaux de nos jours (photo F.H.F.).

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