Journal C'est à dire 294 - Mai 2023
PLATEAU DE MAÎCHE
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“J’ai rencontré ici des gens ouverts et joviaux” Figure incontournable du plateau de Maîche, le Major Emmanuel Lenoir commandait la Communauté de Brigades depuis 2011. Il s’apprête à partir en retraite. L’occasion d’un retour sur ses 35 ans de carrière au service de la population. Sécurité
En bref…
l Cambriolages La Bourgogne-Franche-Comté fait partie des régions métropolitaines les moins touchées par les cambrio lages et tentatives de cambriolages de logements, avec 3,9 enregistre ments pour 1000 logements en 2022. C’est également la région où le nombre de cambriolages a le plus diminué au cours des six dernières années selon l’I.N.S.E.E. l Interreg 5 premiers projets ont été sélectionnés pour la programmation 2021-2027 du programme Interreg à l’occasion du comité de suivi du programme européen de coopération qui s’est réuni le 11 mai à Martigny (Valais). Parmi eux, le projet Arc Horloger 2023-2025 qui a pour objectifs d’as surer une communication active autour de ces savoir-faire horlogers franco-suisses inscrits à l’Unesco en leur apportant une ampleur nouvelle. l Le Locle Une nouvelle visite guidée a été mise en place au Locle pour décou vrir le street art. Chaque année, la cité horlogère du Locle s’enrichit de nouvelles œuvres d’art urbain qui racontent l’histoire de la ville et son patrimoine singulier. Tourisme neu châtelois propose jusqu’à fin octobre, un tout nouveau tour guidé pour découvrir ces réalisations artistiques qui subliment les façades de la ville. Rens. au 00 41 32889 78 52.
C’ est à dire: Comment avez-vous rejoint la Gen darmerie Nationale? Emmanuel Lenoir : Je suis titulaire d’un baccalauréat en électrotechnique et j’ai eu une première expérience pro fessionnelle chez Ugine à Pont-de-Roide. J’ai ensuite effectué mon service mili taire en tant qu’appelé en Gendarmerie. Cette carrière m’a intéressée. On ren contre des civils, on n’est pas enfermé dans une caserne. Pour moi, c’était la vraie vie. J’ai donc continué à l’École de Gendarmerie du Mans (novem bre 1989 à juillet 1990). C’est une for mation exigeante, il faut travailler constamment et assidûment pour finir en tête du peloton et pouvoir choisir son affectation. 13 ème sur 125, j’ai pu rallier la Franche-Comté. Càd: Quelles ont été les grandes étapes de votre carrière? E.L. : J’ai rejoint la brigade d’Héricourt en 1990. C’est à cette époque que j’ai passé mon diplôme d’O.P.J. (Officier de Police Judiciaire), qui ouvre réellement la carrière d’un gendarme, en permet tant la progression hiérarchique. En 2000, j’ai été affecté à la brigade de Montbéliard et en 2011, j’ai pris le com mandement de la C.O.B. de Maîche. Càd : Quelle a été l’évolution de la Gendarmerie nationale pendant toutes ces années? E.L. : On est passé des Estafettes et 4 L aux 5008 et Kodiak, et de la vareuse toute raide à des tenues pratiques et confortables. Mais, sérieusement, la plus grosse évolution du métier, c’est
l’informatisation. Finies les plaintes tapées laborieusement sur des machines à écrire! D’un autre côté, quand les liaisons Internet sont défaillantes, tout est bloqué. Et les réseaux sociaux sont à l’origine d’une multitude de nouveaux délits. Les escroqueries aux sentiments se multiplient et les personnes fragiles sont des cibles de choix pour des indi vidus peu scrupuleux. Càd : Pouvez-vous nous parler d’af faires marquantes qui ont jalonné votre parcours? E.L. : Bien que le secteur de Maîche soit plus calme que le Pays de Mont béliard, nous avons été confrontés à des affaires franco-suisses impliquant la grande criminalité lyonnaise. D’autre part, cette proximité frontalière et le niveau de vie du secteur ont attiré des aventuriers (drogues, cambriolages, abus de confiance…). Mais ce qui reste pour moi à la limite de l’inhumain, c’est d’annoncer en pleine nuit à des parents, la mort de leur enfant dans un acci dent. Càd : Garderez-vous un bon souve nir de votre commandement à Maîche? E.L. : Au dernier Carnaval, des dizaines de personnes que je ne connaissais pas personnellement venaient me saluer. J’ai rencontré ici des gens ouverts et joviaux et j’ai fait des rencontres enri chissantes. La fin des trop nombreuses nuits en service et la retraite dans ma maison familiale de Dambelin c’est vrai que j’en rêve, mais ce sera une étape difficile. n Propos recueillis par Ph.D.
Le Major Emmanuel Lenoir, devant la C.O.B. de Maîche, à quelques semaines de son départ en retraite le 1er juillet prochain.
La montbéliarde, héritage d’un chambardement de l’histoire Agriculture C’est à Louis XIV et à son décret de 1712 expulsant les anabaptistes d’Alsace, que l’on doit indirectement cette race de vache laitière, familière de nos contrées.
P ourchassés dans leurs régions d’origine de Suisse centrale au XVI ème puis au XVIII ème siècle, les anabaptistes (voir Càd N° 284) trouvèrent refuge le long du Rhin. À Sainte-Marie-aux Mines en Alsace, une commu nauté florissante s’était établie, avec une partie de son cheptel de noires de Berne. La première implantation documentée de neuf familles anabaptistes a eu lieu en 1709. Le Prince Léopold Eberhard de Wurtemberg les
installa à Montécheroux et Lieb villers. Objets d’un conflit avec les pro priétaires locaux qui s’estimaient lésés, la moitié d’entre eux furent à nouveau expulsés vers Mont béliard. Le décret de 1712 impo sait “de faire sortir d’Alsace, sans aucune exception, les anabap tistes, quels qu’ils soient.” Ils affluent alors dans la région et sont installés par les Duc et Prince de Wurtemberg dans leurs propriétés personnelles. Ils développent une agriculture
moderne et réussissent en quelques années mieux que la population locale. Jalousés, ils garderont le soutien de la maison Wurtemberg. “Loin de les expul ser, il convient de les tolérer, d’une part en raison de leur conduite sans reproche, et d’autre part parce qu’ils améliorent mes domaines” , déclarait Eberhardt Louis de Wurtemberg, se mon trant tolérant, mais par intérêt personnel. Parce qu’ils ne subissent pas les persécutions qu’ils ont connues ailleurs, ils vont définitivement s’installer. Le cheptel local est constitué de deux races. La Tou rache au pelage rouge exploitée pour son lait fournissait aussi des bêtes de trait pour le travail en forêt. La Fémeline de couleur froment, plus fine, était présente dans les plaines. La race de Berne est plus ancienne et plus homogène. Les animaux sont plus lourds et plus productifs. Pendant de longues années, les éleveurs vont se livrer à une
Vaches au pâturage aux Écorces.
Grand-Prix d’Élevage. Les deux premiers syndicats naquirent en 1901, sous la houlette de Ben jamin Kohler, également des cendant d’une famille anabap tiste. La grande épopée de la “montbéliarde” était lancée. Nos éleveurs anabaptistes auraient ils imaginé voir leurs animaux paître en Afrique Noire, en Colombie, en Australie, en Suisse (clin d’œil de l’histoire), en Russie ou dans presque tous les pays d’Europe ? n Ph.D.
soutenue par des notables déter minés : le vétérinaire Jules Boul land, le président du comice agri cole de Montbéliard Gustave Cuvier, l’Ins pecteur Général de l’Agriculture Léon Vas silière et Jules Viette (originaire de Blamont), député de Montbéliard et minis tre de l’Agriculture. Lors de l’Exposition Universelle de Paris en 1900, Pierre Lugbull (parent de Joseph Graber) rem porta pour la première fois le
sélection méthodique pour obte nir un cheptel performant et homogène. C’est en souvenir de
l’accueil de leurs ancê tres par le Prince de Wurtemberg, que Joseph Graber, éleveur à Couthenans, donne en 1872 le nom de
Une race née d’une sélection méthodique.
Jules Viette et Joseph Graber,
“montbéliarde” à ses vaches sélectionnées au concours agri cole de Langres. La reconnais sance officielle viendra en 1889 avec son Herd-Book (registre généalogique). Cette victoire fut
à l’origine de la race “montbé liarde”.
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