Journal C'est à dire 290 - Janvier 2023
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L E P O R T R A I T
L’homme qui repense les relations au travail Originaire de Montlebon, Marc-Éric Bobillier-Chaumon est aujourd’hui titulaire de la chaire de psychologie du travail au prestigieux Conservatoire national des arts et métiers (C.N.A.M.). Le plus haut grade possible pour un professeur d’Université. Pourtant, rien ne destinait le Belmontois à une telle trajectoire. Montlebon Bio express l Marc-Éric Bobilier-Chaumon est né en 1969, il a grandi à Montlebon et à Morteau.
L’ épreuve de natation et l’ab sence de piscine dans le Val de Morteau à l’époque. C’est à cause d’elles (ou grâce à elles ?) que Marc-Éric Bobillier-Chau mon n’a jamais été professeur de sport. Un zéro rédhibitoire au moment du concours d’entrée à la fac de sport, alors que le bachelier avait brillamment réussi les autres épreuves… Son destin contrarié, c’est donc sans conviction que le jeune homme s’inscrit en fac de psycho à Besançon, comme beaucoup d’autres qui cherchaient leur voie. Le destin a plutôt bien fait les choses : après un cursus brillant,Marc Éric Bobillier-Chaumon est aujourd’hui titulaire de la chaire de psychologie du travail au C.N.A.M., déjà auréolé depuis plusieurs années du titre de professeur des Universités. Une chaire souviennent sans doute de la Crémerie centrale, en haut de la Grande rue. “C’est ma mère qui tenait cette crémerie. Mon père était conducteur de travaux chez Ruggeri” rappelle le professeur Bobillier-Chaumon. Le jeune étudiant commence alors un long cursus universitaire qui le mènera au sommet. “Très vite, il y a une dis cipline qui a éveillé ma curiosité, c’est la psychologie du travail. Cette disci pline consiste à essayer de prendre en compte le fonctionnement humain dans l’organisation du travail et l’amélio ration des conditions professionnelles” expliciteM. Bobillier-Chaumon. Il pour suit son cursus à Strasbourg, avec une spécialisation dans les sciences du tra vail, puis à Metz dans un troisième cycle orienté vers une thématique qui rebute, voire désintéresse la plupart des étudiants : les nouvelles techno logies. Nous sommes alors au début Besa au C.N.A.M., c’est le Graal pour tout enseignant-cher cheur. “Il n’y a pas plus haut dans la hiérarchie de l’en seignement” résume simple ment le jeune quinqua ori ginaire du Val de Morteau. Les anciens Mortuaciens se
leur impact sur la vie personnelle occu pent les travaux de recherche du pro fesseur installé à Paris depuis quatre ans qui s’attache aussi, à travers ses publications et ses interventions auprès de grands groupes, à donner les clés aux entreprises pour réinventer leurs relations de travail et redonner du sens à leur organisation. Comme un chercheur, le Mortuacien repense les relations au travail. Comme un méde cin, il tente aussi de les panser… n J.-F.H. l Ses autres passions : le V.T.T., la randonnée, le golf… et le Haut-Doubs sous la neige. l Après la faculté de psychologie à Besançon, il enchaîne en 1992 avec un D.E.S.S. en Psychologie du travail et Nouvelles Technologies à Metz. l En 1994, il fait un D.E.A. de Psycho logie du travail, toujours à Metz. l En 1999, il passe son Doctorat de Psychologie du travail avec une thèse consacrée aux “transferts d’apprentis sage dans le cadre de changements technologiques informatiques”. l En 2013, il obtient son Habilitation à Diriger des Recherches (H.D.R.). l Jusqu’en septembre 2018, il est Pro fesseur des Universités en Psychologie du travail - Université Lyon 2 - Institut de Psychologie l Depuis cette date, il est professeur au C.N.A.M., titulaire de la chaire de psychologie du travail, et responsable national du diplôme de psychologue du travail et président de l’Association Internationale de Psychologie du Travail de Langue Française. l Il sortira en avril prochain chez Dunod l’ouvrage “Psychologie du travail digi talisé”.
des années quatre-vingt-dix, autant dire que cette notion reste fumeuse pour beaucoup de monde… “Dans les colloques à l’époque, on était presque plus nombreux sur l’estrade que dans le public” sourit Marc-Éric qui s’empare donc de cette spécialisation un peu technique dont il fera sa grande spé cialité. Il consacrera d’ailleurs sa thèse à ces transformations digitales dans le monde du travail, à la Caisse des dépôts et consignations. Sans savoir, mais en sentant sûrement, que cette thématique allait devenir le grand sujet des décennies suivantes. Il tra vaillera ensuite comme consultant auprès de grandes entreprises publiques avant de décrocher un poste à l’institut de psychologie de Lyon II où il enseignera jusqu’en 2018 et pas sera un Master de recherche à l’École centrale de Lyon. validée par décret de nomination du président de la République. Ce poste de titulaire de la chaire de psychologie du travail au C.N.A.M., il n’y en a pas deux en France ! Au C.N.A.M., ses col lègues se nomment par exemple Alain Bauer, le célèbre criminologue, ou Cyn thia Fleury, la philosophe souvent pré sente sur les ondes de France Inter notamment. À ce poste, Marc-Éric Bobillier-Chau mon succède à un ponte de la disci pline : Yves Clot, dont les travaux en psychologie du travail sont mondiale ment connus. “Avec Christophe Dejours son prédécesseur,Yves Clot est l’homme qui a remis la psychologie du travail au cœur des entreprises. Ces deux grands chercheurs qui m’ont précédé ont essayé de comprendre les raisons de la souffrance au travail. Leur concept était de soigner le travail pour soigner les individus. Je m’inscris dans leur Il se décide alors à postuler au C.N.A.M. à Paris. Com mence alors un véritable parcours du combattant d’un an, avec comité de sélection et auditions diverses, jusqu’à ce que sa candidature soit
“L’intelligence artificielle ne sera jamais plus intelligente que l’homme.”
Marc-Éric Bobilier-Chaumon revient plusieurs fois par an dans le Val de Morteau où il a encore ses attaches familiales.
aussi présenter de dangereux travers, et exercer une sorte de fascination anes thésiante pour ceux qui pensent que la technologie résoudra tout. Je pense plu tôt le contraire. Quand l’organisation d’une entreprise fait plus confiance aux technologies qu’aux humains, c’est plutôt triste…L’intelligence artificielle ne sera jamais plus intelligente que l’homme” estime Marc-Éric Bobilier-Chaumon. Travail hybride, mobile, télétravail, coworking, tiers lieu…Toutes ces nou velles formes de travail et également
ligne. Le mal-être au travail est direc tement lié au mal faire” note le profes seur. L’enjeu actuel de la science sont il s’est fait la spécialité est l’arrivée (l’intru sion ?) de l’intelligence artificielle, de la robotique et autres technologies immersives dans les relations de tra vail, sans parler du travail à distance que la crise sanitaire a démultiplié. “Ces nouvelles technologies peuvent être des partenaires pour améliorer les conditions de travail,mais elles peuvent
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