Journal C'est à dire 290 - Janvier 2023
P O L I T I Q U E
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Jean-François Colombet, le préfet du Doubs
“Sur l’amélioration de l’état des rivières, je veux des résultats !” En ce début d’année, le préfet du Doubs balaie les principaux sujets d’actualité du département. Entre les questions sociales, environnementales, sanitaires, économiques et énergétiques, les problématiques ne manquent pas. Interview.
C’ est à dire : Com mençons par le sujet dramatique de la situation bisontine à Planoise et ces jeunes qui meurent sous les balles dans un quartier gan grené par la drogue. Comment reconquérir ce territoire perdu de la République ? Jean-François Colombet : Pla noise n’est pas un quartier perdu pour la République. Il existe des raisons objectives d’espérer que les lendemains seront meilleurs malgré les drames récents. Parce que d’abord l’activité judiciaire offre une réponse ferme et les fonctionnaires de police, et de gendarmerie dans la périphérie de Planoise, obtiennent de vrais
de plus ? J.-F.C. : Des crimes de sang sont commis sur ce territoire, mais nous agissons. En même temps, il nous faut conduire une action ambitieuse pour redonner un horizon à ces 600 ou 800 jeunes perdus. C’est ce qui va nous ame ner à signer à la fin du mois de janvier un “pacte pour l’émanci pation des jeunes de Planoise” qui réunira de nombreux parte naires et financeurs autour d’une stratégie globale et concrète qui concernera à la fois l’insertion, l’accès à l’emploi, la découverte des milieux économiques, des offres de soins et de santé, une diversification culturelle, un sou tien à la parentalité pour mieux associer les parents de mineurs
force et aboutit à des actions très concrètes, avec une politique réga lienne très ferme en direction des activités productrices d’ef fluents. Des mises en demeure, des perceptions d’astreinte ont déjà été enclenchées. Nous pous sons fortement tous ceux qui dans la filière agricole ou fromagère n’ont pas encore engagé d’inves tissements de mise aux normes à le faire. Beaucoup l’ont compris et se sont mis aux normes dans les derniers mois. Nous conti nuons à mettre la pression car sur ce point je veux des résultats. Je rendrai d’ailleurs compte des premiers résultats de cette task force dès le mois de mars et je ferai en sorte que tout sur cette question soit transparent. Càd : La filière comté n’a-t elle pas trop pris d’essor dans notre département ? J.-F.C. : La filière comté est un trésor pour notre ruralité, elle fait vivre et rémunère au juste prix nos agriculteurs. Cette filière apporte un développement éco nomique et tisse notre territoire. Il y a encore, c’est vrai, au sein de cette filière quelques opéra teurs qui ne jouent pas encore le jeu. C’est vers eux que se concentre notre action. Càd : Autre sujet environne mental qui cristallise les divi sions : le loup. Comment réconcilier les pro et les anti loups et comment réagissez vous au recours judiciaire que des associations ont intenté en fin d’année contre votre décision d’autoriser des tirs de défense ? J.-F.C. : Nous vivons dans un état de droit. Quand une autorité publique prend une décision, il est tout à fait normal qu’elle puisse être contestée et que la justice rende le droit. En ce qui concerne les tirs de défense que j’ai autorisés, je ne regrette pas du tout ma décision. Ces tirs avaient pour objectif de faire baisser la pression de la prédation sur nos élevages, notamment sur les génisses qui vivent plus éloi gnées des exploitations. Deux loups ont été abattus, nous sommes d’ailleurs loin du quota autorisé par la loi, et ces tirs n’af fectent en rien la survie de l’es pèce. Il faut sur ce point continuer à cheminer sur une ligne de crête
concurrence avec les Suisses. Pourquoi l’industrie horlogère suisse ne trouverait pas un inté rêt à investir dans notre territoire pour pérenniser ses capacités de production ? C’est une vraie ques tion qui mérite qu’on la creuse. Ce peut être aussi l’objet de ce plan dont les résultats seront communiqués fin mars. Càd : Êtes-vous en mesure en ce début d’année de rassurer les usagers de la route sur la suite du programme de réa lisation de la 2 X 2 voies sur la R.N. 57 entre Beure et Micropolis, vous qui avez signé la déclaration d’utilité publique de ce projet en fin d’année ? J.-F.C. : J’utilise toute mon éner gie pour faire en sorte que ce pro jet soit réalisé au plus vite. Le dossier technique est prêt, j’ai enfin signé cette D.U.P., nous avons réaménagé le projet en fonction des conclusions de l’en quête publique. J’ai maintenant bon espoir que le financement de ce projet soit inscrit dans le contrat de plan État-Région 2023 2028 dont l’élaboration a pris quelques mois de retard. Le préfet de Région devrait annoncer les résultats des arbitrages minis tériels prochainement. Càd : Quid des risques de délestage en matière d’élec tricité pour cet hiver dans le Doubs ? J.-F.C. : En octobre, quand j’ai parlé de ce sujet pour la première fois aux élus locaux et aux branches professionnelles, nous
entreprises. En ce début d’année, certaines sont en réel danger parce qu’elles n’arrivent plus à recruter. Sachant que 19 % des emplois du Doubs sont indus triels. Fin janvier, je prendrai l’initiative de mettre autour de la même table les chefs d’entreprise, les services de l’État, les collectivités pour d’abord qu’on se mette d’ac
qui concilie à la fois la protection de l’espèce lupine dans laquelle la France est engagée et d’un autre côté la protection de nos troupeaux. Le Conseil régional et l’État financent le poste de médiateur ouvert par l’Office français de la biodiversité, pour engager des expérimentations de protection des troupeaux sur notre massif jurassien. Je précise
aux travaux de leurs enfants et que les liens avec la communauté édu cative soit renforcés. L’État débloquera des moyens mais il ne peut pas régler seul le pro blème. C’est la raison pour laquelle nous
résultats : les opérations anti-rodéos, les squats démantelés - plus d’une soixantaine en quatre mois -, la lutte contre les points de deal , la nouvelle brigade spécia lisée de terrain, la pré sence 7 jours sur 7 de
“Pour un gamin de 15 ans, pas d’autre issue que la prison ou la mort.”
sommes dans une approche par tenariale et une vision globale. Càd : Second sujet drama tique : l’état des rivières et notamment la mortalité pis cicole dans le Doubs franco suisse. Est-on arrivé à un point de non-retour ? J.-F.C. : Le plan “rivières kars tiques” que nous avons lancé cet automne repose sur une task
policiers, etc. Nous avons une vraie stratégie de sécurité pour ce quartier. Malheureusement, l’argent des stupéfiants irrigue ce territoire et crée une force d’at traction pour des jeunes qui se cherchent. Pour un gamin de 15 ans, il n’y a pas d’autre issue dans cette guerre des stups que la prison ou la mort.
cord sur le constat. Et qu’ensuite on travaille sur les vrais obstacles que sont la mobilité, le logement, la formation, de manière à ce que notre patrimoine éco nomique survive à cette
enfin que les tirs de défense n’ont été auto risés que quand le loup était en position d’at taque et sous le contrôle de l’O.F.B. En ce début d’année, j’animerai des discussions avec les
“J’utilise toute mon
énergie pour que la R.N. 57 soit réalisée au plus vite.”
crise du recrutement. Car en même temps, côté suisse, avec un dynamisme économique tou jours aussi important et une démographie insuffisamment bonne, c’est plus de 30 000 emplois qui seront à pourvoir et je vois là un vrai risque de dépouiller nos entreprises. En matière d’emploi, il faut engager des politiques disruptives. Nous soutiendrons par exemple les aides à la pierre pour soutenir les collectivités locales en matière de création de nouveaux héber gements. L’emploi n’est plus un sujet de travail, c’est une approche globale sur ce que ce territoire peut offrir. Càd : Le ministère de l’Indus trie lance un grand plan de dynamisation de l’horlogerie française. Une énième étude ? J.-F.H. : Non, il s’agit de trouver les clés pour consolider une filière française qui n’entre pas en
associations de protection de l’en vironnement pour protéger les troupeaux. Et sur ce point, on ne peut pas balayer d’un revers de la manche la crainte des gens par rapport au loup. Car nous allons devoir vivre avec cette espèce. Càd : Dans le contexte écono mique, l’emploi semble être une de vos priorités de ce début d’année. Quelle est votre vision sur ce point ? J.-F.B. : Notre département n’est pas homogène sur ce sujet. Avec un secteur de Montbéliard qui a encore un taux de chômage élevé autour de 9 %, un bassin d’emploi de Besançon qui est quasiment au plein-emploi avec 6 %, et un Haut-Doubs déjà au plein-emploi. Si bien qu’on a un double défi : former ces derniers demandeurs d’emploi qui restent éloignés du marché du travail et regarder ce qu’il se passe au sein même des
Càd : Que pouvez-vous faire
Bio express l Depuis le 12 juillet 2021, Jean-François Colombet est préfet du Doubs, il a 62 ans l 2021 : il est titularisé préfet l 2019 : préfet de Mayotte, délégué du Gouvernement l 2017 : secrétaire général de la préfecture de la Haute-Garonne (classe fonctionnelle I) l 2014 : secrétaire général de la préfecture de la Guadeloupe (classe fonctionnelle II) l 2011 : il est réintégré sous-préfet hors classe, directeur de cabinet du préfet de la région Alsace, préfet du Bas-Rhin l 2010 : adjoint au secrétaire général pour les affaires régionales de la région Rhône-Alpes l 2008 : détaché administrateur civil, chargé de mission auprès du secrétaire général pour les affaires régionales auprès du préfet de la région Rhône-Alpes l 2008 : sous-préfet hors classe l 2006 : sous-préfet de Château-Thierry l 2005 : directeur de cabinet du préfet de la Région Réunion, préfet de la Réunion l 2004 : titularisé sous-préfet l 2003 : sous-préfet de 2 ème classe, sous-préfet de Pithiviers l 2000 : directeur des services du cabinet du préfet de l’Ardèche l 1995 : secrétaire général de la sous-préfecture de Montbrison (Loire) l 1992 : animateur de formation de la préfecture de la Loire l 1986 : affecté à la préfecture de la Loire. Bureau de la circulation, cabinet du préfet l 1984 : attaché de préfecture à la préfecture de l’Oise. Affecté au cabinet du préfet
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