Journal C'est à dire 290 - Janvier 2023
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“L’idée d’un nouveau schéma de fabrication en France est très intéressante” Le directeur général associé d’Herbelin, l’horloger de Charquemont, partage les ambitions affichées par le gouvernement de conforter la place de l’horlogerie française. Charquemont
C’ e st à dire : Que pensez-vous des intentions du gouvernement de
CédricGomez-Montiel : J’avais été invité par le ministre de l’In dustrie Roland Lescure début décembre à Paris pour qu’il nous
vouloir soutenir le secteur horloger français. Au-delà de cette étude, que peut-on en attendre ?
Les dirigeants de la maison Herbelin. De gauche à droite : Maxime Herbelin, Cédric Gomez Montiel, Mathieu Herbelin et Benjamin Theurillat.
pie de rapatrier plus de pro duction localement vus les coûts de production en France ? C.G.-M. : On ne pourra pas tout rapatrier, c’est évident. Car au delà des coûts de production, il y aura d’abord le problème de la ressource en personnel qua lifié. Même si on en France les meilleures écoles, on sait que la plupart des jeunes formés par tent ensuite travailler chez nos voisins suisses. Il n’empêche que l’objectif de ce plan gouverne mental de travailler autour d’un nouveau schéma industriel de fabrication en France est très intéressant. Il n’y a aucune rai son qu’on ne sache pas fabriquer en France desmouvements aussi compétitifs qu’en Suisse. Cer taines études montrent que les Càd : Comment continue à se démarquerHer belin dans ce paysage horlo ger international ? C.G.-M. : Dans notre communi cation, nous indiquons que nous sommes des horlogers contem porains depuis 1947. Nous com muniquons aussi beaucoup sur ce concept de Made in France. C’est une fierté pour nous de continuer à exister tels d’irré ductibles Gaulois face à nos voi sins suisses. On vend une iden tité, un état d’esprit. Et ça paye. Càd : Comment évolue l’en treprise ? C.G.-M. : En 2017, nous avions 58 salariés pour un chiffre d’af faires de 12,5 millions d’euros. Aujourd’hui, grâce à des opéra tions de croissance externe notamment avec une activité bijouterie et le rachat de deux bijoutiers, Jourdan Bijoux et Charles Garnier Bijoux, nous sommes 130 personnes, dont 90 à Charquemont, pour un chiffre de 23millions. Cette année, avec une nouvellemarque demontres Éden Park (et la coupe dumonde de rugby), notre ambition est d’atteindre un chiffre global de 30 millions d’euros. n Propos recueillis par J.-F.H. consommateurs sont prêts à payer 15 % plus cher pour du Made in France.
présente le contenu de ce plan de réindustrialisation. Je pense que cette démarche, avec cette étude en cours comme première étape, est intéressante car elle donnera déjà un panorama com plet de l’état de l’horlogerie en France en se focalisant non seu lement sur l’amont, c’est-à-dire les fabricants, mais aussi sur l’aval, les distributeurs. La France, notre région en parti culier, est un territoire historique d’horlogerie, un secteur qui bouge avec l’arrivée régulière de nou velles marques sur le marché, qui bousculent les circuits tra ditionnels de distribution et de communication. Càd : De nouvelles marques, certes, mais dont peu par viennent à émerger vraiment face au géant suisse ! veau concept. Quand on veut faire du Made in France, ces nouvelles marques manquent souvent d’une structure de prix cohérente ou d’un réseau de dis tribution solide. En ce moment, l’horlogerie française fait parler d’elle et c’est bien là l’essentiel. Càd : En quoi ce plan gou vernemental peut intéresser une maison comme Herbe lin ? C.G.-M. : D’abord parce que c’est un coup de projecteur sur l’hor logerie française en général. Ensuite parce que son but, à terme, c’est bien de tenter de retrouver certains savoir-faire qu’on a perdus en France comme la fabrication de cadrans ou de mouvements en grandes séries. Il y a encore quarante ans, tous nos composants venaient d’un rayon de 20 km autour de Char quemont. Le but est de réindus trialiser notre territoire. Et ça fait aussi plaisir de voir que ceux qui sont restés sur le territoire ont l’attention de l’État alors que tant d’autres acteurs de l’horlogerie sont partis ailleurs ces quarante dernières années… C.G.-M. : Comme dans tous les secteurs indus triels, il est difficile de pérenniser un nou
“130 personnes, dont 90 à Charquemont.”
Càd : Et ce n’est pas une uto
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