Journal C'est à dire 288 - Novembre 2022

V A L D A H O N - P I E R R E F O N T A I N E

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Orchamps-Vennes

“Le sommelier est une fille” et se nomme Justine Boillon

une exploitation de Nouvelle Zélande en 2021” , assure-t-elle. Une opportunité s’est ouverte à Orchamps-Vennes. “Le village est dynamique et attire une clien tèle plutôt aisée des petites com munes du Val de Vennes et au delà” , constate Justine après avoir réalisé une étude de mar ché. Elle a profité du soutien de B.G.E. (réseau national associatif d’accompagnement à la création ou à la reprise d’entreprises) et a pu constituer un bon dossier. La banque a suivi et Justine a même bénéficié d’un prêt d’hon neur sans intérêt. La Fondation Renault “Vis ma vie d’entrepre neuse” lui a accordé une sub vention de 5 000 euros. “80 % des vins que je propose, je suis allée les chercher moi-même avec parfois les recommandations de mes copains d’études et des endroits où j’ai travaillé. Cela signifie que j’ai visité les domaines et goûté la majeure bio duVentoux à 8 euros jusqu’à un grand cru bourguignon à 265 euros. Son offre comprend également spiritueux, alcools divers et bières artisanales. Elle reste très circonspecte dès qu’est évoqué le concept du bio, regrettant que de trop nombreux vignerons, négociants et distributeurs s’en partie de ces flacons” , assure Justine. Cela lui permet d’offrir une large gamme, depuis un petit domaine en

N ative d’Alsace, elle rejoint Orchamps Vennes avec ses parents en 2003. Ces derniers exploitent l’hôtel-res taurant réputé du village. “Le bien manger et le bien boire ont toujours fait partie des valeurs de la famille. C’est la raison pour laquelle j’ai suivi des études de viticulture et d’œnologie” , explique-t-elle. B.T.S. en poche, elle poursuit son apprentissage avec un brevet professionnel à Beaune, puis une licence à Cahors avant de conclure par un diplôme national d’œnologie. “Il faut savoir que ce diplôme s’obtient en faculté de pharmacie, mais pas d’in cise Justine. Toute cette élabo ration permet de comprendre les réactions naturelles de ces produits pour éviter d’utiliser massivement des intrants. Cette période de formation théorique est entrecoupée de stages et de travaux divers. “Ma plus belle expérience reste mon poste d’as sistante dumaître de chais dans quiétude, comme pour le fromage, il est nécessaire d’étudier la biochimie dans le domaine du vin” , pré

âgée de 25 ans, la jeune fille se lance avec enthou siasme dans la grande aventure de l’entreprenariat. Dotée d’un solide bagage, elle s’installe au pays dans un magasin à son image. L’impact du réchauffement climatique sur le vignoble “C’ est très inquiétant pour notre secteur d’activité et les 20 ans à venir vont amener des changements irrémé diables” , déclare Justine Boillon. Le réchauffement cli matique et le manque d’eau risquent de condamner à terme plus de 50 % des vignobles mondiaux. L’Espagne, l’Italie, l’Australie, et dans une moindre mesure la France, pourraient connaître d’énormes dégâts, alors que ces pays utilisent déjà des raisins résistant aux fortes chaleurs. À ce jour, l’essentiel des recherches s’évertue à sélectionner des cépages plus adaptés aux conditions futures. Paradoxalement, des régions viticoles assez froides comme la Nouvelle-Zélande, l’Allemagne ou le nord des États-Unis et de l’Europe ne seraient que peu impactées. “C’est le cas en Grande-Bretagne où de très belles maisons produisent des vins effervescents d’une belle qualité” , ajoute notre œnologue. Il se dit que les grands du cham pagne se penchent sérieusement sur ce nouvel eldorado. Le groupe Taittinger a d’ailleurs investi dans le Kent avec un partenaire anglais pour produire des vins effervescents de qualité dans quelques années. n

Six mois en Nouvelle-Zélande en 2021.

Justine Boillon, la fondatrice de la cave à flacons d’Orchamps-Vennes.

servent essentiellement pour faire du “greenwashing” (éco blanchiment). “Pour moi, l’avenir de la profession passe par la bio dynamie qui prend en compte la terre et son environnement, la vigne, la vendange et la vinifi

cation. Pour l’heure, le concept est toujours en évolution, plein de courants et d’expérimentations se bousculent encore” , conclut Justine Boillon en profession nelle impliquée et avertie. n Ph.D.

La flamme de l’artisanat responsable Valdahon

À 27 ans, Zoé Griesser est artisan-cirier. Elle confectionne des bougies en cire végétale et mèches en bois de hêtre, dans une démarche la plus écologique possible. À son côté créateur, elle associe un solide esprit d’entreprenariat.

Autodidacte, elle a fondé il y a un an son entrepriseMudramood. ZoéGriesser fabrique des bougies en cire de colza. Le parfum de la bougie est constitué de fragrances naturelles de Grasse éla borées par des artisans parfumeurs. “Il n’y a pas de composés allergènes qui pourraient être dangereux pour les femmes enceintes, les enfants ou encore les animaux de compagnie” , souligne la jeune femme. Dans cette aura lumi neux et éco-responsable, les mèches sont faites en bois de hêtres naturels traités. Plus larges, elles dispensent une flamme plus généreuse et chaleu

S on master de biologie végétale moléculaire a certainement éclairé son chemin dans l’arti sanat de confection de bougies, où, tel un mantra, rien ne se perd et tout se transforme. En l’occurrence, ici, une fois la bougie consumée, le contenant est réutilisable. Pour une autre bougie, un pot à crayon ou tout simplement en

objet décoratif. Le design épuré est ima giné et modelé par Zoé Griesser. À 27 ans, l’Alsacienne devenue Valda honnaise d’adoption rayonne dans sa nouvelle vie professionnelle.Après son master, elle a souhaité avoir un quoti dien à son image, créatif et porteur de sens. Petit à petit, l’idée de son artisa nat-cirier a infusé.

Les bougies Mudramood ont une combustion qui dure entre 45 et 60 heures.

selon la taille, abordables au regard de la qualité des matériaux et du temps nécessaire à la fabrication fait main. Depuis un an, les bougies de Zoé Gries ser se diffusent petit à petit dans la région. L’entreprise compte ainsi cinq commerces dans le Doubs et la Haute Saône qui revendent ses créations dont la Rêverie àValdahon. La jeune femme tient aussi un stand aumarché de Noël de Valdahon et Ornans. La flamme de Mudramood n’est pas près de s’éteindre. n L.P.

reuse. “Bien souvent, dans les bougies premier prix, les mèches sont en coton enduit de paraffine, qui est un dérivé du pétrole” , se désole Zoé Griesser. Tout est fait à la main, en petits lots, et peut être sur commande et person nalisé.Y compris le contenant fabriqué à partir de jesmonite, un matériau à base de gypse et d’un liquide formé d’eau et d’acrylique. Les pigments de couleurs sont également naturels. Créations uniques, les parfums des bou gies Mudramood varient selon les sai sons. En cette fin d’année, la tendance est au pain d’épices, au vin chaud, au sablé de Noël. L’automne a vu émerger des fragrances pain grillé ou pop corn quand l’été met en avant la citronnelle ou le figuier. Les prix varient entre 15 et 50 euros

Marché de Noël à Ornans du 25 au 27 novembre À Valdahon du 2 au 4 décembre, et du 9 au 11 décembre

Zoé Griesser a créé son entreprise Mudramood il y a un an

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