Journal C'est à dire 284 - Juin 2022

L E P O R T R A I T

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Jean-Michel Blanchot, l’histoire chevillée au cœur Enseignant l’histoire-géographie au lycée de Morteau, le Maîchois d’origine est en train de finaliser une thèse de doctorat. Boulimique de travail, il œuvre également pour le travail de mémoire en tant que conférencier, notamment spé cialiste des faits religieux et de la Shoah, et préside le Souvenir fran çais de Morteau. Maîche Bio express l Jean-Michel Blanchot est né le 3 juillet 1969. l Il a fait ses études à la Faculté des Lettres de Besançon où il obtient une maîtrise en 1993, sous la direction de Gaston Bordet. l Il enseigne dans le secondaire depuis septembre 1994. En poste, depuis sep tembre 2003, au Lycée Edgar Faure de Morteau.

qui a d’autres passions secrètes, comme les paysages et la photographie. Et le reste du temps, comment l’occupe-t-il Jean-Michel Blanchot ?…La politique ? “Je n’ai jamais franchi ce cap malgré de nombreuses sollicitations” dit-il. L’historien préférera sans doute consa crer le reste de son temps libre “à la publication de livres, d’articles, à d’autres expositions peut-être. Je n’ai jamais eu de plan de carrière, j’ai toujours eu le bonheur de faire ce qui me plaisait, et de faire de magnifiques rencontres intel lectuelles et humaines.” n J.-F.H. l L’enseignant est en train de terminer une thèse de Doctorat en Histoire sur “La Vierge noire d’Einsiedeln : Diffusion, stratégies et formes d’une dévotion conquérante (XVI ème -XIX ème siècles).” l Président fondateur de l’Association Jardins de Mémoire. Association à l’ori gine, en 12 ans, de plus de 120 ren dez-vous culturels dans le Haut-Doubs. l Conférencier, il est donne une dizaine de conférences par an dans les domaines de l’histoire culturelle et reli gieuse. l Il est délégué départemental de l’Édu cation Nationale depuis 2001. l Membre associé correspondant de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Art de Besançon et de Franche Comté. l Il a été aussi chargé de cours à l’Uni versité de Franche-Comté, section de Montbéliard, en Histoire Contemporaine de 2006 à 2012. l Il a fait un Master Sciences Humaines et Sociales, à l’Institut des Sciences du Religieux et de la Laïcité, à l’Uni versité de Lyon II, en 2012.

C’ est à un vrai travail de béné dictin que Jean-Michel Blanchot s’est attelé il y a plusieurs années.Un travail qui trouvera son terme à l’automne prochain avec la soutenance de sa thèse devant le jury de l’Université de Lyon II. Cette thèse, il la consacre à la célèbre vierge noire d’Einsiedeln (Suisse cen trale), objet d’une immense dévotion dans l’Europe chrétienne du XVI ème siè cle. Ce travail de recherche gigantesque a amené le prof d’histoire à sillonner toute l’Europe à la recherche des traces de cette dévotion qui a largement pros péré, dans le Haut-Doubs notamment. “Ensiedeln, dans le canton de Schwyz, c’était un peu le Lourdes européen de l’époque.Ma thèse s’intéresse à la façon dont la dévotion à cette vierge se diffuse dans toute l’Europe et ce qu’elle nous apprend des mobilités religieuses de cette époque. Le Haut-Doubs était un des principaux “clusters” de cette dévo tion” résume Jean-Michel Blanchot qui a au cours de ces travaux étudié les quelque 2 500miracles qui ont été attri bués à cette vierge noire, “dont 92 dans le diocèse de Besançon.” Ce travail de recherche de longue haleine, il le poursuit en parallèle de son métier d’enseignant qu’il exerce depuis 28 ans, en poste tour à tour à Montbéliard, à Besançon et donc àMor teau depuis près de vingt ans. Depuis toujours, l’histoire des religions a été une des passions de Jean-Michel Blan chot, qu’il a illustrée encore avec la récente exposition consacrée à la sépa ration des Églises et de l’État dans le Haut-Doubs au Château Pertusier de Morteau, entièrement réalisée par ses soins. “Ces rapports entre religions et État m’ont toujours intéressé, et plus globalement l’histoire religieuse de notre

chwitz également, ou encore à lamaison des enfants d’Izieu, “ce lieu où des enfants juifs ont transité avant de partir dans les camps d’extermination. Parmi eux, il y avait notamment Rolande et Marcel Szpiro, deux enfants juifs d’ori gine polonaise qui habitaient Morteau et dont la famille a été arrêtée en 1942.” Leur souvenir est désormais gravé dans une stèle vers l’église de Morteau, ins tallée justement par le souvenir fran çais. C’est aussi à Jean-Michel Blanchot qu’on doit toutes les interventions d’une autre rescapée des camps, Ginette Kolinka, queM. Blanchot invitait régu lièrement à intervenir devant ses élèves. Au printemps dernier,M me Kolinka, 97 ans, intervenait encore devant 600 élèves de Morteau, du Russey et de Pontarlier. “La mémoire n’est pas faite que de passé. Il est indispensable que cette mémoire soit à destination de la Jean-Michel Blanchot enseigne au lycée de Morteau depuis près de vingt ans.

région. Mon mémoire de maîtrise était déjà consacré à M gr Fulbert Petit, l’ar chevêque de Besançon au début du XX ème siècle, un prélat républicain alors que l’Église était à l’époque largement roya liste et antisémite. J’ai d’ailleurs prévu de sortir un livre sur ce personnage… quand j’en aurai terminé avec ma thèse” sourit l’historien. Jean-Michel Blanchot ne se contente pas de ces lourds travaux de recherche. Il est aussi un passeur de mémoire. Notamment à travers son engagement associatif au sein du Souvenir français dont il préside depuis deux ans la section mortuacienne et du Saugeais. Il préfère d’ailleurs parler de “travail” demémoire plutôt que de “devoir”. “Ce travail de mémoire ne doit pas être une injonction morale” justifie-t-il. À ce titre, il a sou vent emmené ses élèves sur des lieux chargés de l’histoire de la Shoah, au camp du Struthof en Alsace, à Aus

jeunesse. Mais c’est un travail de tous les jours, jamais gagné d’avance…” estime l’enseignant. Ce travail porte t-il ses fruits ? Sans doute puisque chaque année désormais une soixan taine d’élèves participent à la tradi tionnelle collecte du Souvenir français devant les cimetières le 1 er novembre. C’est lui aussi qui est à l’origine de la stèle que la communauté de communes posera à l’automne à Montlebon en mémoire du BelmontoisMichel Hollard et des résistants locaux. Pour être complet dans l’agenda de Jean-Michel Blanchot, il faut y ajouter également les conférences qu’il donne régulièrement, au moins dix fois par an. “La vulgarisation est un axe impor tant de mon travail. J’estime qu’il faut savoir s’adresser à tous les publics, aussi bien à desmembres d’une société savante qu’à de simples curieux d’histoire y compris en milieu rural” estime celui

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