Journal C'est à dire 284 - Juin 2022
V A L D E M O R T E A U
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Hôtellerie-restauration
“Nos équipes ont surtout besoin de considération” Philippe Feuvrier, le restaurateur de l’Auberge de la Roche à Morteau, est également le président de l’U.M.I.H. (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie) du Doubs. Face à la pénurie de personnel qui touche bon nombre de restaurants, il esquisse des solutions. Interview.
Philippe Feuvrier est président de l’U.M.I.H. du Doubs depuis 2008.
C’ est à dire : Cer tains restaurants dans le Doubs ne peuvent plus ouvrir ou que partiellement, faute de personnel. Quelle est la situation précisément ? Philippe Feuvrier : Plus de 15 % de nos 432 établissements adhérents dans le Doubs connaissent actuellement des difficultés de recrutement. Conséquence : des restaurants n’ont pas pu rouvrir leurs portes
se remobilise ? P.F. : Cette période de crise sani taire a eu le mérite de resserrer les liens entre tous les acteurs de l’emploi.Avec l’U.M.I.H., nous avons des rapports étroits avec la préfecture notamment, les services de l’emploi, et je tiens à souligner que la mobilisation de tous les acteurs est bien réelle, avec également Pôle emploi et son nouveau directeur régional (N.D.L.R. : Jean-François Loca telli, originaire duHaut-Doubs).
dent leur personnel sont ceux qui respectent leurs salariés et leurs équipes. Personnellement, moi qui emploie 10 personnes plus du personnel à mi-temps, j’ai toujours tout fait pour que mon personnel se sente bien et ait envie de rester. Càd : Quelles solutions pré conisez-vous pour que la pro fession parvienne à mieux recruter ? P.F. : Il y a eu cet accord national sur les salaires et c’est très bien, mais ce n’est pas suffisant. Les équipes veulent du salaire, bien sûr, mais surtout de la considé ration. Je pense qu’il va falloir commencer par encadrer les horaires d’accueil du public dif féremment. Quand je vois les clients suisses, allemands ou autrichiens qui arrivent à table à 19 heures pour repartir à 22 h 30, en ayant même pris le temps de prendre un armagnac, c’est un exemple à suivre. Par respect pour les équipes du res
à nouveau les gens de l’Éduca tion nationale car j’estime qu’il y a toujours un manque d’objec tivité flagrant dans l’orientation de nos jeunes. On semble punir les mauvais élèves en les envoyant dans la restauration. Ce n’est plus acceptable. Càd : Prévoyez-vous des actions particulières ? P.F. : Je prépare une lettre ouverte aux autorités et à toute notre profession qui doit se remettre en cause. Si beaucoup d’établissements sont irrépro chables, d’autres ne respectent pas assez leur personnel. Paral lèlement, nos entreprises sont également synonymes de charges et d’impôts pour l’État. Et ça aussi ça doit se respecter. n Propos recueillis par J.-F.H.
calisées. Je pense que ça per mettrait de dégripper la machine. Sur un autre registre, il faudra revoir le statut de sai sonnier en rééquilibrant ce statut qui permet pour l’instant à un salarié de faire une saison puis d’être ensuite au chômage les 7 mois restants de l’année. Il faut aussi protéger le contrat horaire dit “petites mains” qui permet à des salariés de travailler 3 ou 4 heures par jour pendant quelques jours et de garder leurs droits sociaux. Je bataille aussi pour l’intégration plus rapide du personnel, y compris étranger et sans discrimination. Pour que les choses s’améliorent, il faut aussi que notre profession accepte de comprendre qu’un client, on le reçoit en souriant… Je souhaite aussi qu’on rencontre
taurant. Sans être drastique, je pense qu’un encadrement des horaires serait le bienvenu. Sur la question des horaires, j’ai décidé dans mon restaurant de fermer le mardi midi pour que mes équipes aient deux jours et demi de congé d’affilée et ce, même si je renonce à du chiffre d’affaires le mardi. Par respect également, j’ai fermé le lundi de Pentecôte. Et tous les soirs, mes collaborateurs repartent avec la “banane”. Càd : D’autres propositions ? P.F. : Si on veut continuer à don ner des salaires intéressants, il faudrait que le gouvernement pense, au-delà d’un certain seuil chargé, à ce que nos salariés puissent bénéficier de plus d’heures supplémentaires défis
à la sortie duCovid, d’au tres sont obligés de ne plus ouvrir le week-end. La crise sanitaire a clai rement laissé des traces sur l’organisation de cer tainesmaisons. Certains
“Je prépare une lettre ouverte pour toute notre profession.”
Càd : Avec des résul tats ? P.F. : Le contexte est difficile parce qu’aussi, la restauration n’est pas un métier comme
les autres. Il est évident que les établissements ne peuvent plus proposer des offres d’emploi à 1 300 euros par mois. En tant que président de l’U.M.I.H., je ne relaie plus de telles offres, il faut que tous les restaurateurs le comprennent. Ceux qui gar
responsables d’établissements ont eu également du mal de se relancer après avoir eu des aides de l’État puis les prêts garantis par l’État en gérant difficilement cette période de crise.
Càd : Comment la profession
En bref…
Le sanglier, une histoire de terroir qui trace sa route Cinéma
l Valdahon L’ancienmagasin Lidl de Valdahon sera transformé en salle polyvalente par la municipalité qui a acquis le bâtiment en 2021 à travers un por tage financier de l’Établissement Public Foncier du Doubs. “Le projet doit être précisé à l’automne” note Depuis le 1 er juin, il est possible de passer l'examen du code Bateau dans leDoubs dans 11 communes : Besançon, Pontarlier, Audincourt, Montbéliard, Baume-les-Dames, Valdahon, Morteau, Maîche, Les Fins, Ornans et Dannemarie-sur Crète dans les locaux de La Poste de ces communes. Inscriptions sur www.lecode.laposte.fr/bateau l Son et lumière L’A.P.P.A.T. de Montlebon (asso ciation pour le partage avec tous) organise du 9 au 17 juillet le Son et Lumière 2022 intitulé : “Femme du XX ème siècle, la métamorphose, et merci Simone !” Un son et lumière retraçant la place de la femme en France au cours XX ème siècle et ses différentes avancées politiques et juridiques, jusqu’à la loi Veil de 1975. À ne pas man quer. la commune. l Bateau
Présenté début mai, le court-métrage local Le Sanglier va tracer sa route pendant un an dans les festivals avant de pouvoir être projeté dans les cinémas de la région. Jules Pourchet, le réalisateur, et Pierre Vuillemin, acteur principal, originaire de Mont-de-Laval, reviennent sur leur expérience.
C’ est à dire : Le filma été diffusé pour la première fois début mai au cinéma LOlympia à Pontar lier. Quelles ont été les réac tions ? Jules Pourchet : Elles ont été plutôt positives.Après, ceux qui n’ont pas aimé n’ont peut-être rien dit (rires). Les gens ont été assez touchés par le film. Il y a une histoire du terroir sans arti fice. L’intention de base était
le métier de sanglier. Pour quoi ce métier et quel rap port avec le sujet qui est l’im puissance masculine ? P.V. : Je voulais parler de l’im puissance masculine en dédra matisant le sujet et surtout d’en parler dans le monde rural. J’avais travaillé sur un film avec des sangliers il y a quelque temps et je trouve qu’il y a un côté visuel. Et puis, il y a le dou ble sens avec l’animal un peu bourrin, très costaud, très solide. Tout le long du film, il y a une fausse virilité. Càd : Pierre, vous êtes ouvrier agricole. Vous saviez tirer des sangles ? P.V. : Non, j’ai appris avecManu Belot qu’on voit dans le film et dont c’est le métier. J.P. : Pour l’anecdote, dans le film, Pierre apprend à Marion à tirer les sangles. En vrai, Marion sait très bien le faire, elle guidait Pierre hors caméra. Càd : Vos projets à l’avenir ? J.P. : On a créé une société de
Votre réaction au moment de vous voir sur l’écran de cinéma ? Pierre Vuillemin : Ça fait bizarre de se voir sur grand écran. Mais terrible comme on joue bien (rires). Càd : Pourquoi vous être lancé dans cette aventure ? P.V. : J’ai vu une annonce sur Facebook. Au début, c’était un peu pour la rigolade entre copains. Puis j’ai été retenu.
J.P. : On a reçu pas mal de candidatures, on a rencontré une dizaine de personnes. Mais avec Pierre, ça a été assez évident. Il
l’envie de raconter une histoire dans le Haut-Doubs, avec l’environnement, les ambiances de village. On ne voulait pas que ça sonne faux.
“Ce sera un projet modèle pour la suite.”
Jules Pourchet (à gauche) a tout de suite projeté Pierre Vuillemin dans le personnage, lors du casting. Les deux affichent une belle complicité.
a une bonne tête (sourire).Avec Pierre, je projetais facilement le personnage. P.V : En plus, je ne suis pas timide avec les gens, je suis plu tôt à l’aise à l’oral. J.P : C’est vrai qu’on a fait un exercice d’improvisation, il a été très bon.
productionCheni Films.On sou haite faire exister des récits régionaux en faisant vivre le territoire, avec une attache rurale. P.V. : Le film, c’était une expé rience à vivre. Une semaine de tournage, c’est bien, deux mois non. J’ai besoin de bouger. Ce n’est pas mon métier. C’était
une grande première, c’était bien mais je préfère traire mes vaches. n Propos recueillis par L.P. *En 2023, Cheni Films pourra mettre en ligne le court-métrage et souhaite le diffuser dans les ciné-clubs et cinémas locaux
Càd : C’est aussi pour cette raison que vous avez retenu des jeunes des alentours qui n’avaient aucune expérience du jeu et du cinéma. Comme vous, Pierre Vuillemin, qui incarnez le personnage prin cipal et Marion Chagrot, qui joue le personnage féminin.
Càd : Le film met en avant
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