Journal C'est à dire 283 - Mai 2022
D O S S I E R
N.U.P.E.S.
“Le rôle d’un député n’est pas de faire du clientélisme sur son territoire” La militante L.F.I. sera la représentante de la gauche unie à ces élections. Elle défend l’application du programme national validé par cette Nouvelle gauche, populaire, écologique et sociale (N.U.P.E.S.).
C’ e st à dire : Après 2017, c’est votre seconde cam pagne des législatives. En quoi elle se différen cie de la première ? Martine Ludi : Associé à Ivan Bouday en 2017, nous avions réalisé 8,75 % des suffrages, c’est-à-dire une quatrième place à l’échelle de la circonscription et de bons scores dans les deux prin cipales villes de la circonscription, Pon tarlier et Morteau. Cette année, la confi guration est complètement différente puisque la gauche part unie, avec une candidate L.F.I. et une suppléante Europe Écologie-LesVerts. Une gauche Sa mesure symbole La règle verte et la planification écologique Si elle est élue, Martine Ludi soutiendra l’application de la règle verte, théorisée par son mentor Jean-Luc Mélenchon. De quoi s’agit-il ? En résumé, il s’agit de ne plus prendre à la nature davan tage que ce qu’elle est capable de reconstituer ni produire plus que ce qu’elle peut supporter. Cette règle s’ac compagnerait d’un plan de transition énergétique vers les énergies renou velables par la sortie du nucléaire notam ment. n
unie, plus forte, riche de ses différences qui ne sont pas insurmontables. Càd : Un des grands dossiers struc turants du Haut-Doubs, c’est la question des mobilités. Quelle est votre position sur le sujet ? M.L. : Sur la question de la R.N. 57, il est nécessaire de baisser les flux de voitures et de camions. Nous sommes donc contre les travaux prévus. Car plus on améliorera cette route, plus il y aura de trafic. Et élargir l’entrée de Pontarlier ne va que déplacer le pro blème des bouchons de quelques cen taines de mètres et le déporter sur la mencer par créer tout simplement une ligne de bus pour Vallorbe. Cette ques tion des transports est aussi une histoire d’éducation aux mobilités alternatives. Càd : Un de vos credo, c’est la ques tion écologique. Soutenez-vous les projets éoliens qui fleurissent dans le Haut-Doubs ? M.L. : Je n’ai pas d’avis tranché sur cette question. Je pense que les éoliennes défigurent les paysages,mais aumême titre qu’une autoroute ou qu’une zone commerciale. Ce qui me gêne surtout, c’est l’absence d’études véritables sur les performances de ces éoliennes, dont les projets sont souvent portés par des rocade qui ne comporte qu’une seule voie. Il faut d’abord continuer et ren forcer les incitations au covoiturage et en parallèle augmenter la fréquence des trains et des bus. Et com
Martine Ludi, candidate de la gauche unie sous la bannière N.U.P.E.S. dans le Haut-Doubs.
groupes qui ne cherchent qu’à faire du profit. Sur la question des éoliennes, L.F.I. défend plus les installations en mer. En même temps, à l’époque où ils ont été construits, les barrages ont eux aussi défiguré les paysages. Je pense qu’il faut surtout penser à baisser sa consommation d’énergie. Notre plani fication écologique consistera à impli
de la forêt. Les deux autres sont sur la thématique de l’eau, et la troisième sur l’agriculture à la ferme du Barboux le 6 juin. Càd : La gauche est (pour une fois) unie pour ces législatives. Battre la députée sortante serait malgré tout une vraie prouesse ! M.L. : Annie Genevard est en effet très présente dans le Haut-Doubs, mais il faut bien avoir à l’esprit qu’un député est un élu national qui est censé aller ailleurs en France sur le terrain. Le rôle d’un député n’est pas de faire du clientélisme sur son territoire, mais de défendre un projet politique. Le nôtre, c’est la planification écologique, la règle verte, l’urgence climatique et l’urgence sociale. Si les gens m’élisent, ils éliront un programme, de gauche, et pas Mar tine Ludi. Le problème avec Annie Genevard, c’est que les gens élisent d’abord une personne. Càd : Et Philippe Alpy qui semble avoir un message comme vous tourné vers l’écologie ? M.L. : L’écologie en prônant la croissance comme il le fait, ce n’est pas de l’éco logie. n Propos recueillis par J.-F.H.
des besoins des populations pour pla nifier les choses sur le long terme. Càd : Quelle sont vos solutions pour réduire la fracture sociale entre les populations habitants le Haut Doubs ? M.L. : Si les conditions de travail étaient à la hauteur en France, les gens n’iraient pas travailler en Suisse. L’augmentation du S.M.I.C. à 1 500 euros est donc un impératif. Un vrai salaire, et pas avec une prime d’activité qui est par nature non pérenne. On doit en parallèle inter venir sur la question du logement en interdisant la spéculation sur le parc privé et orienter la construction sur le logement social. Il est impératif que les gens puissent travailler vers leur lieu de résidence et qu’ils n’aient pas à faire des dizaines de kilomètres pour se loger. Càd : Comment organisez-vous votre campagne ? M.L. : On fait du porte à porte et du boîtage, et on organisera trois réunions publiques à Morteau le 7 juin à la salle des fêtes, le 9 juin à Valdahon (espace Ménétrier) et la 10 juin à Pontarlier. Ainsi que trois randonnées thématiques dont la première a eu lieu sur le thème
quer tous les citoyens sur cette question, avant de prendre les grandes déci sions. Une sorte de grand débat, mais suivi d’effets.
“Interdire la spéculation sur le parc de logements privés.”
Càd : Quel est votre point de vue sur la question agricole dans un Haut-Doubs qui est plutôt favo risé ? M.L. : Localiser le plus possible la pro duction doit être une priorité, et éviter lesmono-cultures.Tout comme la course à la production et à la vente n’est pas la bonne solution. Après 2015, on a autorisé la filière comté A.O.P. a aug menté de 10 % la production de lait. Cette course en avant, polluante, péna lise en fait les paysans contraints d’aug menter leur cheptel, moderniser leurs bâtiments, et améliorer l’automatisation de leurs installations, donc s’endetter lourdement. Ce modèle n’est pas tena ble. Ce qu’on propose, c’est de baisser la production et d’augmenter en paral lèle la qualité. Càd : C’est la décroissance ? M.L. : La décroissance, cela signifie d’évaluer les besoins et de produire en conséquence et de voir quels besoins ne sont pas couverts : je pense aux soins, aux E.H.P.A.D., aux hôpitaux, aux ser vices publics…Là, il y a de la production à faire et ce n’est pas de la décroissance, au contraire. Càd : Votre suppléante Pascale Morer est écologiste : comment s’ac corder avec des partenaires qui ne partagent pas toutes vos idées, sur l’Europe par exemple ? M.L. : Nos différences ne sont pas insur montables. L.F.I. n’est pas un parti anti-européen, mais certains traités sont tellement contraignants qu’il est nécessaire de changer ces textes qui imposent une concurrence libre et non faussée qui détruit plus qu’elle ne construit. Nous sommes tous d’accord entre nous pour dire que tout doit partir
Son parcours l Martine Ludi est née à Pontarlier. l Elle a 71 ans, habite Jougne. l Elle est retraitée (ancienne ingénieure chez Elf Aquitaine). l Entre 1989 et 2009, elle était experte en brevets d’innovation à l’office européen des brevets (La Haye et Munich). l Revenue dans le Haut-Doubs en 2011 pour sa retraite, elle a milité au sein du groupeA.T.T.A.C. Haut-Doubs et au sein du Parti de Gauche qu’elle a quitté depuis. l Elle s’est présentée une première fois en 2017 aux législatives.
Martine Ludi fait campagne avec sa suppléante Pascale Morer, une militante E.E.L.V. de Vercel.
La candidate participera à trois randonnées thématiques, comme la première qui a eu lieu mi-mai sur le thème de la forêt.
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