Journal C'est à dire 283 - Mai 2022

D O S S I E R

Renaissance

“Je veux mettre un terme à l’inaction, que le Haut-Doubs ne soit pas une belle endormie”

premier vice-président de l’As semblée nationale.” Lorsque l’on crée l’E.P.A.G.E. (établissement public chargé de la gestion de l’eau), cela permet par exemple de décrocher collectivement le Life Climat, un programme euro péen qui engage des actions concrètes sur notre territoire. On peut coller à Pierre, Paul ou Jacques une ambitionmais mon parcours témoigne demon impli cation dans la vie de la cité et dans la politique dans le sens noble du terme autour de sujets comme la préservation de la res source en eau, du foncier. Mes valeurs humanistes, de cen santé et d’éducation. J’ai démon tré par la volonté, le travail et un peu de courage politique, que l’on peut porter de vrais sujets pour le Haut-Doubs. Quelle est la valeur ajoutée d’élire un député d’opposition, quelles que soient les qualités de la per sonne, alors que nous avons tant de besoins sur ce territoire ? Quand rien n’avance, il faut les bonnes courroies de transmis sion. Je veux mettre un terme à l’inaction en co-construisant avec tous pour que le Haut Doubs ne soit pas une belle endormie. Càd : Cela ressemble à une critique du bilan de la dépu tée sortante. Pouvez-vous pré ciser ? P.A. : La question de la mobilité ferroviaire autour du T.E.R., du T.G.V., n’avance pas depuis vingt ans. J’ai été estomaqué de lire de la part d’Annie Genevard dans un document qu’elle avait “obtenu gain de cause pour le planAvenir montagne.” J’ai failli m’étouffer quand on connaît ses freins sur la transition clima tique. Avenir Montagne, c’est l’A.N.C.T. (Agence nationale de la cohésion des territoires), avec Joël Giraud (ex-ministre) qui est venu à Frasne signer “Petites villes de demain”. C’est notre travail au sein du Commissariat de massif qui a permis de faire reconnaître notre travail par le national. S’approprier le travail des autres, c’est une drôle de façon de faire. Nous, les politiques, on a le moyen d’agir. J’entends les jéré miades autour de la R.N. 57 mais je m’étonne que la députée n’ait pas eu les soutiens et les moyens pour mener ce dossier quand on voit la Haute-Saône qui a pu faire avancer les choses tre droit, m’amènent à dire que les chan tiers sont nombreux et qu’il faut répondre à l’urgence comme nous le faisons pour la station deMétabief, aux questions de

Investi par le parti d’Emmanuel Macron, Philippe Alpy se définit comme un humaniste proche du terrain qui veut agir comme il le fait pour l’eau ou pour la transition climatique de la station de Métabief. Il tacle au passage le bilan de la députée sortante. Dans la majorité, il pense pouvoir peser sur les dossiers ce que l’opposition ne peut pas faire, estime-t-il.

C’ est à dire : Après un engagement associatif dans le domaine sani taire et social, puis au sein du ski club de Frasne, vous avez été successivement élu conseiller régional (1998-2004), maire de Frasne (3ème mandat), conseil ler départemental et enfin vice-prési dent au Départe ment. Se lancer dans les législatives, est-ce par goût du pouvoir ? Philippe Alpy : Pas du tout. Le pouvoir n’a de sens que s’il est partagé, c’est celui d’agir pour le territoire. Ce n’est pas la quête pour dire “je suis le plus beau, le meilleur, ou je suis le

Sa mesure symbole “Le chantier de la fin de vie” Touché par la fin de vie de sa maman, Philippe Alpy souhaite faire évoluer la loi Léonetti Claeys dans un territoire où une ex-élue (la secrétaire d’État Paulette Guinchard) a eu recours au suicide assisté en Suisse. C’est un chantier à rou vrir selon le candidat qui estime que l’on ajoute de la culpabilité à la famille et on ne donne pas les moyens aux soignants d’ac compagner les malades. n

S’approprier le travail des autres, c’est une drôle de façon de faire.”

Philippe Alpy, ici près d’un plan d’eau à Frasne.

de façon notable. Je ne com prends pas qu’on n’agisse pas pour le climat quand on connaît l’assec du Doubs. Si on avait un député impliqué, le dossier du barrage Saint-Point aurait avancé. Or, il grenouille. Quel avenir réserve-t-on à nos enfants et petits-enfants ! Càd : Quelle sera votre méthode de travail ? P.A. : Co-construire, comme j’ai pu le faire lorsque je présidais la fédération de l’aide à domicile en milieu rural (A.D.M.R.). En 2008, j’ai été sollicité par une famille dont un enfant est autiste. Chacun se renvoyait la balle dans son camp. Seul, je suis allé à Paris user des minis tres de droite, et de gauche, de Roselyne Bachelot à Marisol Touraine. Je n’avais aucun sou tien des députés, et aujourd’hui, ce sont 30 familles concernées par l’autisme qui ont une solu tion, 15 à Frasne, 15 àAmagney, en lien avec le Département. Je travaille pour le collectif. C’est ce que nous faisons pour la sta tion de Métabief. Certains veu lent faire croire qu’Alpy est en train de démonter la station. C’est faux. Les socio-profession nels n’ont pas attendu pour enga ger ce virage. Nous les accom pagnons. Càd : Rallier le parti de la majorité, est-ce un calcul ? P.A. : Mon cheminement poli tique est constant. J’ai été mili tant centriste, puis juppéiste. Lorsque l’U.M.P. s’est créée, nous en avons été écartés.Aujourd’hui, je me retrouve dans Horizons, le parti de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe et l’on note les fragilités de la démo cratie. Il est de notre responsa bilité lorsque nous avons des

dant des semences d’un pays tiers n’est pas une solution. Il faut tirer les enseignements de ces crises Covid et de la géopo litique. La souveraineté énergé tique est l’autre sujet central. Càd : Êtes-vous pour l’éolien ? P.A. : Je m’oppose aux Suisses qui veulent en installer en face du Morond à Métabief. Des ter ritoires sont plus aptes que d’au tres à en accueillir, en mer ou dans de grandes plaines où il n’y a pas d’habitations. Je plaide pour que nos territoires devien la faire basculer ? P.A. : Quand je m’engage, c’est pour porter un projet pour tous, pour gagner. Jeme réjouis quand je suis interpellé par la jeunesse. Cela témoigne d’une prise de conscience. Je me réjouis que la transition climatique soit en pre mière ligne des sujets de société aumême titre que la santé, l’édu cation. Je suis à l’aise dans cette majorité ouverte. Quelle est la valeur ajoutée d’élire un député d’opposition alors que nous avons tant besoin de moyens sur ce territoire. n Propos recueillis par E.Ch. nent à énergie positive en mobilisant sur le foncier construit des moyens de production. Càd : Cette circons cription, pensez-vous

convictions humanistes de les affirmer comme Édouard Phi lippe le fait en traçant son che min à droite. Ce n’est pas parce qu’on collabore avec Emmanuel Macron que chacun ne peut pas apporter sa tonalité. Càd : Laquelle ? P.A. : J’ai mesuré la tâche du travail de député. Grâce à mon parcours associatif, quand on touche de la naissance à la fin de vie, je veux porter des ques tions de fond. Comment les jeunes arrivent-ils à prendre mer seules. Jeme réjouis de l’am bition d’Emmanuel Macron d’ap porter des solutions. Je serai le député qui permette à la famille de s’épanouir sur notre territoire. Quant à l’éducation, et cela n’a rien d’utopique, j’aimerais une école ouverte et connectée à la nature comme le font certains pays scandinaves. Càd : Les familles ont besoin d’emplois. Votre stratégie pour l’économie ? P.A. : Il faut de la souveraineté sur les produits du quotidien. Je suis agriculteur : être dépen leur place dans ce monde brutal ? Il faut déployer des politiques familiales comme la garde des enfants que les collectivités locales ne peuvent pas assu

“Je me présente avec mes valeurs humanistes.”

Son parcours l Philippe Alpy a 62 ans l Il est marié, père de 4 enfants l Agriculteur de profession, depuis 1984

l Maire de Frasne depuis trois mandats, il est aussi vice-président du Conseil départemental du Doubs, président de syndicat mixte de la station de Métabief et des tremplins de Chaux-Neuve, président de l’E.P.A.G.E. Haut-Doubs-Haute-Loue.

Dominique Inglada, conseillère municipale à Villers-le-Lac, est sa suppléante.

Made with FlippingBook - Online catalogs