Journal C'est à dire 282 - Avril 2022
V A L D E M O R T E A U
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Les terres à comté ne sont pas reconnues en Suisse Montlebon
La ferme de Denis et Marie Billod au Gardot a 40 % de son parcellaire en Suisse, soit 24 hectares qui échappent à l’octroi des primes P.A.C. et des 4 600 litres par hectare du cahier de charges du comté. Des droits à produire en moins qui mettent en péril la viabilité de cette petite exploitation.
Q uand on a grandi au Gardot, difficile d’en partir. Habitué à sui vre son père au cul des vaches depuis qu’il est en âge de marcher, Denis Billod ne se voyait pas vivre ailleurs et encore moins exercer un autre métier. “Cet endroit, j’y tiens.Mon grand père est venu s’installer ici en 1938. Moi, j’ai repris derrière mon père en avril 2007. Mon épouse Marie m’a rejoint plus tard. Elle est aujourd’hui conjointe collaboratrice.” Avec 110 000 litres de référence, la ferme du Gardot est sans doute l’une des plus petites de la filière comté où la taille moyenne des exploitations avoi sine 250 000 litres de lait. Pas plus gênant que cela pour ce couple plutôt versé dans la sobriété agricole sans courir après le profit. “ On a 110 000 litres de lait de référence sur un parcellaire qui englobe 24 hec tares de pâturages boisés et 38 hectares de terres dont 24 situés en Suisse juste devant la ferme,
Un malheur n’arrivant jamais seul, ces terres helvétiques ne sont également pas éligibles aux aides versées dans le cadre de la P.A.C. La Suisse ne faisant pas partie de l’Union euro péenne. La double peine pour Denis et Marie Billod qui ont eu l’occasion d’expliquer leur situa tion à tous les services adéquats que ce soit au niveau de l’État comme du C.I.G.C. En vain. Et l’exploitation ayant son siège en France, ils n’ont pas droit aux aides suisses auxquelles tout exploitant suisse peut prétendre. “Aujourd’hui, on est en équilibre précaire. Et on espère pouvoir renouveler en 2024 le contrat qui nous lie avec la fruitière de Mon tlebon où nous livrons le lait. On est avant tout dans un problème économique. On voudrait juste vivre de notre métier de paysan.” Denis Billod rappelle qu’il est installé sur une ferme dont le parcellaire était situé en partie sur la commune de Cerneux Péquignot jadis rattaché auVal de Morteau puis cédé à la prin
sur la commune du Cerneux Péquignot.” C’est là où l’affaire se complique car le périmètre A.O.P. comté et son cahier des charges ne débor dent pas sur Suisse. Impossible donc d’appliquer la règle des droits à produire plafonnés à 4 600 litres par hectare sur la partie helvétique de la ferme Billod. “Notre référence laitière est calculée à partir de cette base. On perd 110 000 litres de lait et cela suffirait pour asseoir la via bilité économique de la ferme. Ces droits à produire du lait à comté ne s’appliquent pas non plus aux pâturages boisés, du moins plus depuis 2018. Il y a quatre ou cinq ans, on avait pu déclarer une partie de ces sur faces en pâture et cela nous avait permis de bénéficier de 4 800 litres de lait supplémentaires. Puis l’Agence des Services de Paiement a contesté le principe de calcul différenciant les bois des pâturages pour finalement nous retirer cette cagnotte en 2019” , déplore Denis Billod.
Fier d’exploiter la ferme dans le giron familial depuis trois générations, Denis Billod espère trouver une solution pour que soit reconnu son parcellaire situé en Suisse.
nité de fabriquer des glaces à la ferme mais ont fait marche arrière face aux coûts d’inves tissement induits. Àdeux pas de la Suisse, pourquoi ne pas céder aux sirènes du tra vail frontalier ne serait-ce qu’à temps partiel ? “Bien sûr, c’est possible mais ce n’est pas le but. Mon épouse est paysanne tout comme moi. Elle se lève enmême temps quemoi lematin pour s’oc cuper des vaches, des chevaux, des chèvres, bientôt des poules. On veut vivre les deux du revenu
de la ferme.” Sans être rétrograde, le jeune couple travaille dans le respect des bêtes et de la terre. Vaches à corne, pratiques culturales pro grammées en fonction du cycle de la lune, aucun engrais…Leur ferme représente assez bien la carte postale vertueuse du comté. Tout un symbole. “On a contacté Karine Le Marchand de M6 qui prépare une émission sur les agri culteurs. On attend une réponse” , annonce Marie Billod. n F.C.
cipauté de Neuchâtel au terme du traité de Paris du 30mai 1814. “On a étudié diverses solutions dont celle d’acquérir du foncier enFrancemais c’est très très com pliqué et horriblement cher sur la bande frontalière et en zone A.O.P. comté.” Denis et Marie Billod ont songé à passer en bio sachant qu’ils sont déjà dans cette pratique sauf qu’il n’y a aucune coopérative bio à moins de 25 km, la plus proche étant celle de La Chaux-de-Gilley. Ils ont également étudié l’opportu
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