Journal C'est à dire 282 - Avril 2022

L E P O R T R A I T

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Manon Béliard relie sa vie à ses envies À 23 ans, la jeune fille a choisi de s’installer dans un métier plutôt rare : relieur ! Le mois prochain, elle ouvrira son propre atelier aménagé dans une ferme du vil lage. Parcours d’une passionnée. Grand’Combe-Chateleu

S on univers à elle est loin, bien loin de ce celui de nom breux jeunes de son âge qui s’orientent vers les métiers du web , des nou velles technologies ou de la programmation informatique. C’est pourtant une jeune fille bien dans son époque qui nous reçoit à Grand’Combe Chateleu, tout sourire, à quelques semaines d’ouvrir son atelier et de démarrer sa carrière professionnelle. Ses outils de travail, ce ne sont ni les écrans d’ordinateur, ni le téléphone, mais plutôt les pinceaux, les plioirs, les cousoirs, les poinçons et les tran chefils. Ses machines, les cisailles, les presses à percussion et les étaux à endosser. Autant de termes qui ren voient à un univers apparemment loin tainmais pourtant bien contemporain : la reliure. À 23 ans, la jeune fille s’apprête à ouvrir son atelier aménagé dans une ferme du XVIII ème siècle dans le quartier des Cordiers, déjà connu pour abriter les fermes-musées du Pays Horloger. “On a su un peu par hasard que cette ferme était à vendre. Nous avons associé la commune de Grand’Combe et l’Établis sement public foncier qui ont pu racheter cette ferme dans laquelle je termine l’aménagement de mon atelier. C’est une belle opportunité pour moi” se réjouit Manon Béliard. Après un cursus classique au collège de Morteau, la demoiselle peu encline à poursuivre une filière classique s’est dirigée vers un Bac technologique STD2A (sciences et technologies du design et des arts appliqués) au lycée Pasteur de Besançon, le seul de l’aca démie à le proposer. “Sans avoir au départ la moindre idée de ce que je

Manon Béliard dans son univers professionnel.

liser ses premières commandes. “Je m’adresse aussi bien aux particuliers qui veulent faire relier un livre, qu’aux étudiants pour relier leurs thèses ou leurs mémoires, aux professionnels qui veulent un book, aux restaurateurs pour leurs cartes, aux éditeurs pour faire un tirage de tête… Les clients potentiels sont très variés et peuvent être locaux ou de l’autre bout de la France, voire de l’étranger. Les personnes sensibles à l’art, c’est la clientèle que je souhai terais avoir en priorité” développe la relieure de Grand’Combe qui a réalisé récemment une de ses premières com mandes officielles pour un ouvrage imprimé écrit par une artiste-peintre. L’Atelier 1773 sera ouvert au public pour des visites. Manon Béliard pro posera également à certaines périodes de l’année des ateliers reliure pour ceux qui souhaiteraient s’initier à cet artisanat d’art ancestral, et indémo dable. Manon Béliard sera ainsi à tra vers ce noble métier une passeuse de traditions. n J.-F.H.

tant un coup de frein au projet de la jeune fille qui a profité de cette période spéciale pour se former à la gestion d’une entreprise, peaufiner son business plan et convaincre les banques de la solidité de son projet. “Ça a été long, mais j’y suis arrivée.” Commence alors la phase d’aménage ment de son atelier dans la grange de cette ferme du Beugnon. Un module en bois a été construit eu cœur de la grange dans laquelle son atelier est aménagé, et ses machines installées. L’Atelier 1773 (référence à la date ins crite sur la plaque du four de la ferme) pourra ainsi ouvrir ses portes d’ici le mois de juin. En attendant de se lancer complètement dans son aventure pro fessionnelle, Manon gagne sa vie en tant que surveillante dans un collège mortuacien. Passionnée d’art, bercée depuis son enfance par ses parents au rythme des expositions et des galeries d’art, la jeune professionnelle pourra aussi compter sur son réseau de connais sances dans le milieu de l’art pour réa

leur fille. “Mon père a eu envie de faire pareil que moi quand il a visité l’école !” sourit-elle consciente d’avoir choisi une filière professionnelle “située dans une micro-niche” dit-elle. Deux ans de formation et plusieurs stages professionnels plus tard (un pre mier à Forcalquier chez un couple de relieur et restaurateur de documents graphiques, un autre à Grenoble, et un troisième à Uzès dans le cadre d’une formation complémentaire), Manon Béliard confirme son envie d’ouvrir son propre atelier en tant que spécialiste de la reliure d’art et de la reliure contem poraine. Puis le Covid est arrivé, met

ferais après…” dit-il. Le Bac mention “très bien” en poche, elle se rend à Paris avec ses parents pour visiter les écoles d’art de la capitale : Boulle pour les arts appliqués, Olivier de Serres pour le graphisme, Duperré pour la mode et le stylisme, et Estienne pour les arts et les industries graphiques. C’est en visitant cette dernière, et plus parti culièrement l’atelier de reliure, que Manon a le coup de cœur. “J’ai immé diatement dit : c’est ça que je veux faire ! J’ai donc mis le D.M.A. de relieur-doreur dans mes vœux post-Bac et j’ai eu la chance d’être prise.” Ses parents ont immédiatement souscrit au choix de

R C - S O

D ’ A

I È R E S

U S - C I

TOUT À PRIX PRODUCTEUR TARIF 2018 = TARIF 2019 P É P I N

C O N

PORTES OUVERTES TOUT LE MOIS DE MAI FOIRE AUX GÉRANIUMS ET REPLANTS DE LÉGUMES

NOMBREUSES PROMOS sur tous les arbres de la pépinière

GÉRANIUMS SURFINIA PLANTES À MASSIFS

SUSPENSION TOMATES CHOUX, COURGETTES...

PÉPINIÈRES HANRIOT

Horaires : 9h-12h/14h-18h30 Dimanche et jours fériés : 9h-12h/14h-18h Tél. 03 81 69 90 43

OUVERT 7 JOURS SUR 7

Un des ouvrages qu’elle a reliés récemment.

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