Journal C'est à dire 281 - Mars 2022
P L A T E A U D E M A Î C H E
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À FRAMBOUHANS, TOUT EST AFFAIRE DE PILOTAGE
Louis Viénot, le pilote qui garde les pieds sur terre
L a société “Air Drones Pro- duction” a été fondée à Frambouhans en 2016. “Mes deux passions sont l’aéro- modélisme et la photo. Le choix de me lancer dans cette activité était pour moi une évidence” , déclare Louis Viénot, directeur et exploitant. Ingénieur en B.T.P. (Économie de la Construction), il a trouvé le temps de se former à Besançon à la réglementation et au télé-pilotage. “Puis j’ai dû passer l’examen théorique de pilotage d’U.L.M. obligatoire pour la création d’entreprise” , poursuit-il. Parallèlement, il a entrepris une formation en montage vidéo à Sophia-Antipolis. “Je souhaitais offrir àmes clients une prestation professionnelle complète” , précise l’entrepreneur. Les domaines civils d’applications de cette tech- nologie sont nombreux.On pense bien sûr aux tournages de films ou de documentaires, mais éga- lement aux clips promotionnels (Office de tourisme ou entre- prises). Les agences immobilières apprécient cette technique pour la mise en valeur de leurs biens d’exception. De nombreuses entreprises recourent aux drones pour la surveillance de sites sen- sibles ou de lignes à haute ten- sion. Ces utilisations deviennent même monnaie courante dans l’agriculture pour l’épandage ou le traitement ciblé des terres. Les pompiers se font souvent assister de drones pour avoir une vision en temps réel de leurs opérations de secours et d’in- cendie. Bref, la palette utilitaire est large et de nouveaux débou- chés voient le jour fréquemment. “L’investissement professionnel est lourd. Il faut compter de 5 000 à 10 000 euros pour de la simple prise de vues, mais dès que l’on touche aumontage vidéo l’investissement s’envole (entre 30 000 et 50 000 euros)” , explique Louis Viénot. Ce domaine d’ac- tivité est drastiquement régle-
menté. “Nous avons naturelle- ment à faire à la D.G.A.C. (Direc- tion Générale de l’Aviation Civile),mais aussi à la Préfecture et au ministère de la Transition Écologique et Solidaire” , précise l’entrepreneur. Chaque projet de vol doit être identifié auprès des services de la préfecture afin de déterminer s’il observe toutes les conditions de sécurité, de res- pect des normes environnemen- tales et de la vie privée. “Il faut savoir que chaque appareil en vol émet en permanence sa posi- tion par le biais d’un système électronique de navigation” , com- plète Louis Viénot. Comme tous les professionnels du secteur, il apprécie moyen- nement la jungle des petits drones privés dont les proprié- taires ne s’occupent ni d’éthique, ni de sécurité, ni de vie privée. Et pourtant les réglementations existent,mais les contrôles s’avè- rent insuffisants.Même s’il garde les pieds sur terre, les qualités pour réussir dans ce métier sont celles d’un pilote : concentration, calme et savoir dire non. “C’est vrai que les investissements sont d’autant plus considérables que l’évolution technique est fulgu- rante et que les coûts d’assurance sont exorbitants, mais c’est une révolution dans laquelle je crois et une véritable passion” , conclut l’entrepreneur. n Louis Viénot dans sa salle de production avec ses drones.
Vue aérienne de Frambouhans par drone (photo L. Viénot).
Franck Villemain et l’avenir de la commune Municipalité
Entre pression frontalière et obligation de réduction de l’emprise foncière, il faut au maire un pilotage précis et une vision claire.
“D ans le cadre du Schéma de Cohérence Territoriale (S.C.O.T.) du P.N.R. duDoubs Horloger, nous n’avons pas d’autre choix qu’un développement raisonné” , déclare le maire du village. L’État oblige les territoires à réduire de 50% leur consom- mation foncière par rapport aux dix der- nières années. Un nouvel abattement de 50 % sera exigé pour la décennie suivante. “Le S.C.O.T. nous fournira en fin d’année les surfaces constructibles et le nombre d’ha- bitants à accueillir pour les trois commu- nautés de communes Morteau, Le Russey et Maîche” , poursuit-il. Maîche et Morteau centraliseront 70 % de la population. “Je trouve logique qu’il en soit ainsi car ces deux villes concentrent la majorité des services et des commerces. Il serait contre-productif de vouloir créer de grands lotissements dans des toutes petites communes pour générer une circulation supplémentaire vers les faci- lités des centres urbanisés” , constate l’élu. Le rôle dumaire et de son conseil municipal doit évoluer. “Nous étudions de nouvelles manières d’urbaniser et de densifier la popu- lation. Nous identifions dans un premier temps les “dents creuses” (parcelles libres de constructions à l’intérieur du périmètre de zones bâties)” , précise FranckVillemain. Les élus disposent de prérogatives pour maîtriser le développement de leur com- mune : droit de préemption d’un bien en vente, portage des acquisitions par l’E.P.F. du Doubs (Établissement Public Foncier) et refus de permis d’aménager quand c’est nécessaire. “Nous devons aussi faire preuve de plus de créativité pour continuer d’ac- cueillir de nouvelles familles sans gaspiller le foncier : maisons en bande, constructions type “Carré de l’habitat” et appels à projets pour des logements collectifs favorisant la mixité et l’inclusion” , note l’édile. Son objectif n’est pas de grossir démesuré- ment. “Je ne souhaite pas dépasser les 1 000 habitants. Ce n’est pas en se développant à outrance qu’on offre un cadre de vie satis- faisant aux habitants” , argumente-t-il. Le lotissement de 17 parcelles géré par la com-
mune (prix de vente aux alentours de 70 euros le m²) sera vendu à raison de trois parcelles par an. Parallèlement, la loi “Climat et Résilience” d’août 2021 a amené son lot de nouvelles contraintes. Des efforts seront apportés sur les économies d’énergie des bâtiments de la commune (isolation, chauf- ferie bois et panneaux photovoltaïques). “C’est notre devoir en tant que collectivité de montrer l’exemple à nos concitoyens” , ajoute le maire. FranckVillemain tempère cette vision cen- tralisatrice imposée par l’État. “Les toutes petites communes ne doivent pas mourir par excès de concentration. Je pense à la Vallée du Doubs où il est nécessaire d’au- toriser un développement raisonné, permet- tant au moins de garder les écoles” , conclut Franck Villemain. n Ph.D. Q uatre copains de Charquemont sont à l’origine de cette struc- ture, affiliée à la Fédération Française de Vol Libre (F.F.V.L.). “Quand on était gosses, on passait des heures à jouer à la Cendrée” , déclare Michel Pumpel, le président de l’as- sociation.Adultes, tous attrapèrent le virus du parapente, mais dans des clubs différents. “Nous nous sommes réunis en 2011, ça faisait plus de 10 ans que nous volions chacun de notre côté” , ajoute-t-il. Le vol libre ne s’improvise pas. Une bonne maîtrise de la météo et de l’aé- rologie est nécessaire. Il s’agit de l’étude des propriétés des régions inférieures de l’atmosphère. L’apprentissage de l’utilisation des thermiques est fon- damental.Ce sont les bulles d’air chaud quemaîtrisent les rapaces pourmonter
Franck Villemain, le maire de Frambouhans.
Michel Pumpel, au plus près des nuages “Les Ailes de la Cendrée” ont leur siège à Frambouhans depuis 2011 et compte à ce jour 17 sociétaires passionnés de 20 à 62 ans.
sidérés.Un parachute de secours com- plète l’équipement et l’utilisation d’une voile de débutant pardonne beaucoup d’erreurs. Concentration, calme et humilité sont lesmaîtres-mots de cette discipline.Unmatériel léger et compact (moins de 6 kg) permet de monter à pied pour atteindre les sites de départ en altitude. “On décolle assez souvent du Friolais ou duMont Vouillot, et c’est parti pour 2 ou 3 heures de vol avec destination inconnue” , note Michel. Le retour se fait en train, en stop ou grâce à un copain bienveillant. L’his- toire ne dit pas comment Simon Met- tetal (licencié au Club Poupet Vol Libre), originaire de Grand’Combe- des-Bois, est rentré à l’issue de son record du Jura. Il s’est envolé l’été der- nier uMeix-Musy pour rallier la station de Chamrousse au-dessus de Grenoble (250 kilomètres pour 8 heures 36 minutes de vol).À 20 ans et pratiquant depuis 8 ans, il est un des grands de
plus haut et voler de nuage en nuage. “Nous conseillons aux nouveaux venus d’opter pour une école qui les formera sur la théorie et leur dispensera leurs premiers vols” , préciseMichel Pumpel. Tous les membres du club doivent être titulaires du brevet de pilote pour pou- voir voler en Suisse (pas obligatoire en France) et d’une assurance Res- ponsabilité Civile adéquate. L’asso- ciation dispose de trois voiles biplaces permettant des vols accompagnés pour poursuivre sa formation ou simplement effectuer un baptême de l’air. “L’équi- pement peut paraître cher au départ entre 5 000 et 10 000 euros, mais on trouve facilement dumatériel d’occasion pour 2 000 euros” , précise le pilote. Le danger est minime pour peu que l’on pratique dans les normes et que l’on ne prenne pas de risques incon-
Vol en groupe du club des “Ailes de la Cendrée”.
la discipline et participe à la Coupe du Monde. Nos amis de Frambouhans pratiquent en amateurs mais ne dédaignent pas s’attaquer à des spots plus ambitieux. “Nous avons une sortie annuelle à Samoëns pendant le week-end de l’As- cension, et volons également àAnnecy, au Grand-Bornand, voire au Maroc ou à La Réunion” , poursuit Michel Pumpel. “Il n’est pas nécessaire de voler pour participer à la vie du club. Nous avons lancé en 2021 une campagne de mécénat et nous sommes à la recherche d’entreprises dynamiques susceptibles d’apposer leur logo sur nos ailes” , conclut Michel Pumpel. n
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