Journal C'est à dire 280 - Février 2022
V A L D A H O N - P I E R R E F O N T A I N E
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“Une médaille à Paris, c’est quelque chose !” Agriculture
Le Salon de l’agriculture se tient du 26 février au 6 mars. Une très bonne nouvelle pour Daniel Prieur le président de la chambre d’agriculture interdépartementale Doubs et Territoire de Belfort. Rencontre et confidences.
C’ est à dire : Quelle importance revêt selon vous le Salon de l’agriculture ? Daniel Prieur : Pour moi, c’est de la même nature que les comices mais à l’échelle natio- nale. Ce salon porte en lui une dimension historique avec les concours, les expositions…C’est aussi l’occasion demontrer l’agri- culture sur un front uni avec les syndicats, les organisations professionnelles, les représen- tants des territoires. L’agricul- ture n’a pas de frontière. Elle reste universelle et continue à faire résonner des choses dans les campagnes. Il y a quelques années de cela, au début de l’agri-bashing et des scandales dans les abattoirs, je remontais les allées du Hall 1 au milieu des vaches, des moutons, des cochons. Et là, je me suis dit c’est impossible que cela s’arrête. Que serait la France des terri- toires sans son agriculture ? Càd : C’est le paysan philo- sophe qui s’exprime ? D.P. : L’agriculture reste un symbole de notre histoire. On a célébré les 200 ans de la mort
Càd : Tous ne sont pas aussi bien accueillis ! D.P. : Effectivement car le salon est aussi un lieu de controverses. J’ai eu l’occasion dans mes man- dats syndicaux de recevoir des personnalités comme Nicolas Hulot avec qui nous avions échangé sur la traçabilité des produits phytosanitaires. Comme quoi, la cause environ- nementale et la cause agricole sont capables de progresser ensemble. Ceux qui se retrou- vent au salon professionnel du S.P.A.C.E. estiment parfois que le salon de la Porte de Versailles s’apparente plus à une ména- gerie qu’autre chose. Ce à quoi je leur réponds, loin s’en faut car c’est l’ensemble qui donne un équilibre entre les territoires, les producteurs et les techniques. On le voit bien dans le Doubs avec les Projets Alimentaires Territoriaux mis en place sur Besançon, Montbéliard, Pontar- lier et bientôt au niveau de la com’com des Portes du Haut- Doubs. C àd : Pourquoi le Salon est- il si populaire ? D.P. : La France n’est plus majo-
“Ceux qui s’occupent des concours d'autres races nous demandent : qu’est-ce qu’ils ont les “mont- béliards” ? Je réponds que les racines sont profondes”, sourit un Daniel Prieur impatient de remonter à Paris.
Càd : Tout n’est pas rose pour autant sur la planète comté ? D.P. : Non. Il faut aussi prendre en compte le revers de la médaille avec des producteurs de comté qui sont néanmoins prêts à discuter pour trouver des solutions pour avoir une région d’excellence. Càd : On constate encore des dérives avec des fromageries aux rejets polluants ! D.P. : On ne peut pas ignorer l’impact sur l’environnement. Sur ce dossier, la Chambre d’agri- culture s’est positionnée pour recueillir les plaintes et éviter que les uns et les autres ne fas- sent des conneries. Càd : Le Salon ne se limite pas aux animaux ? D.P. : Effectivement. Il ne faut surtout pas oublier les autres concours qui permettent de valo- riser les produits. Une médaille à Paris, c’est quelque chose. C’est vrai, bien sûr, pour les fromagers, les affineurs qui y voient la récompense d’un savoir-faire. Il
y a la tradition, l’innovation, la diversification. Les établisse- ments agricoles du Doubs sont présents à Paris. Ils participent au trophée national des lycées agricoles. Dannemarie est sou- vent récompensé. On a de belles surprises avec des Francs-Com- tois qui s’illustrent parfois aux Olympiades des bergers. Càd : Quelques mots sur l’au- tre flambeau de l’élevage local : les chevaux comtois. D.P. : Cette filière a retrouvé de la croissance au Japon depuis que la pêche au thon rouge est réduite. La viande de cheval devient une protéine de substi- tution. Càd : Le cadre sanitaire peut- il réduire l’attractivité du salon 2022 ? D.P. : Ce volet sanitaire m’in- quiète, même si on ne connaît pas encore le détail des mesures. Si la fréquentation passe de 800 000 à 300 000 visiteurs, ce ne sera pas un bon indicateur. n Propos recueillis par F.C.
des vaches qui défendront les couleurs de l’élevage local.Quand on se promène dans les allées du Salon, on se rend vite compte qu’il y a des départements plus accros que d’autres. Ce concours montbéliard est l’expression d’une passion commune qu’on retrouve aussi autour du biath- lon. On peut y voir un certain chauvinisme, une valeur refuge, un sentiment d’appartenir à un territoire. Ceux qui s’occupent des concours d’autres races nous demandent qu’est-ce qu’ils ont les “montbéliards” ? Je réponds que les racines sont profondes. Càd : Et toujours vivaces ? D.P. : Plus que jamais. Dans les élevages sélectionnés, on retrouve des habitués mais aussi des nouveaux. Il y a de l’émula- tion. Je suis également surpris de la féminisation des jeunes dans les concours, les fêtes agri- coles. Ce n’est plus seulement une affaire d’hommes. Le prési- dent que je suis est ravi de repré- senter un état d’esprit où les jeunes s’expriment.
lui ai prêté l’une de mes chaus- sures et cette anecdote est passée sur les réseaux. J’ai reçu un nom- bre invraisemblable de commen- taires sur la couleur de mes chaussettes. Càd : L’agriculture est tou- jours dans le cœur des Fran- çais ! D.P. : C’est le président bientôt en retraite (en septembre pro- chain) de la chambre d’agricul- ture qui parle. Pour moi, cela reste un sujet de société à part entière.On a tous entendu parler des steaks au pétrole, du mou- vement vegan qui prône une ali- mentation non carnée. L’alimen- tation, donc l’agriculture, est toujours au cœur de discussions. Càd : Pourquoi le Doubs est toujours présent en force au salon ? D.P. : C’est le reflet de la vitalité de ces filières. Le concours de la racemontbéliarde cristallise l’at- tention. C’est le point d’orgue. 1 500 personnes viennent assis- ter au chargement de la sélection
ritairement agricole, elle a aujourd’hui de multi- ples visages. Mais pen- dant une semaine, le temps du Salon, elle redevient la FranceAgri- cole.Tous lesmédias sont
de Napoléon qui ne partait jamais sur les champs de bataille sans emporter avec lui des bouteilles de Gevrey-Chambertin ! Je lisais récemment
“Le Salon de l’agriculture est un lieu de retrouvailles.”
présents. L’onde de choc se réper- cute aussi sur les réseaux sociaux comme j’ai pu le constater moi- même. Càd : Dans quelles circons- tances ? D.P. : Au dernier concours de la montbéliarde organisé lors du salon 2020, un juge a perdu le talon de sa chaussure, ce qui l’empêchait de se déplacer cor- rectement autour des bêtes. Je
un livre sur les syndicats de fruitière en 1902 avec des com- mentaires de Comtois expatriés à Paris pour qui le Salon de l’agriculture était d’abord un lieu de retrouvailles. Le salon reste l’endroit où il faut être, surtout en cette année électorale. C’est un lieu de passage incon- tournable pour les hommes poli- tiques. Emmanuel Macron est resté plus longtemps sur le salon que Jacques Chirac.
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