Journal C'est à dire 280 - Février 2022

V A L D E M O R T E A U

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“Le Haut-Doubs est la seule zone rurale de la région encore en évolution” Population Les derniers chiffres du recensement confirment la vitalité de la bande frontalière, seule zone rurale de Bourgogne-Franche-Comté toujours en croissance de population. Éclairages sur les spécificités de cette bulle démographique avec Jérôme Mathias, chef de projet à l’Observatoire Statistique Transfrontalier de l’Arc Jurassien.

Le Haut-Doubs reste le seul territoire régional en croissance démographique avec les agglomérations de Dijon et de Besançon (source I.N.S.E.E.-B.F.C.).

C’ est à dire : Comment caractériser l’évolu- tion démographique du Haut-Doubs entre 2013 et 2019 ? JérômeMathias : La croissance démographique est d’1,2 % par an sur le territoire frontalier contre 0,3 % dans le Doubs et - 0,1 % en région. Cette tendance perdure depuis plus de 50 ans. Elle se renforce même à partir des années 2000 avec un taux qui progresse de façon signifi- cative contrairement à ce que l’on peut alors observer dans le département et dans la région. Cette distinction est bien sûr en rapport avec la proximité de la Suisse. Càd : Comment se traduit cette dynamique de popula-

alors que le département du Doubs grossissait seulement de 20 000 habitants. 50 % de la croissance démographique dans le département est le fait du Haut-Doubs. Au sein de cet espace, deux E.P.C.I. se distin- guent par leur dynamisme démo- graphique : la communauté de communes des Lacs et Mon- tagnes du Haut-Doubs adossée à la frontière et Les Portes du Haut-Doubs à mi-chemin entre Besançon et la Suisse. Càd : Avec le dynamisme éco- nomique et démographique du Haut-Doubs, le marché immobilier est florissant. Quelles sont ses spécificités ? J.M. : Le taux de logements vacants est relativement faible, de l’ordre de 6,7 % contre 8,5 % dans le Doubs et 10 % en Bour- gogne-Franche-Comté. La part de logements neufs est aussi plus élevée. On compte 16 loge- ments neufs pour 1 000 loge- ments dans le Haut-Doubs alors que l’on est à 11 pour 1 000 dans le Doubs et 7 pour 1 000 en Région. Depuis quelques années, la part des logements neufs en collectifs augmente ce qui révèle le phénomène de densification de l’habitat. Le taux de proprié- taires est de 67,5% en zone fron- talière. Il descend à 59,4 % à l’échelle départementale. Dans lamême logique, la part des rési- dences principales progresse de 5 % depuis 1999 pour atteindre 81 % en 2019. Cette évolution se fait au détriment des rési- dences secondaires en régression. L’opulence du Haut-Doubs se vérifie en comparant les revenus disponibles par unité de consom- mation. On passe de 21 500 euros en région à 22 600 euros dans le Doubs pour monter à 25 800 euros dans le Haut-Doubs. Pour terminer sur ces spécificités, on peut aussi comparer le taux de chômage des jeunes de 15 à 24 ans. Il varie de 24 % en région pour atteindre 22 % dans le Doubs et descendre à 14 % dans le Haut-Doubs. n Propos recueillis par F.C.

tion ? J.M. : Elle s’exprime avec un solde naturel très positif dopé par l’arrivée de jeunes popula- tions alors que le nombre de per- sonnes âgées reste stable. Cette évolution est bien sûr liée à un solde migratoire dynamisé par l’accord de libre circulation signé en 1999 entre la Suisse et l’Union européenne. Les jeunes demoins de 18 ans représentent 25 % de la population contre 23,5 %dans le Doubs et 21,8 % en région. Inversement, il y amoins de per- sonnes de plus de 65 ans : 16,2% dans leHaut-Doubs, 19,4%dans le Doubs et 22,8%enBourgogne. Les principaux flux migratoires à destination du Haut-Doubs proviennent du Doubs, du Jura et de la Haute-Saône. Càd : Peut-on en savoir davantage sur le soldemigra- toire ? J.M. : Il progresse annuellement de 0,52 % entre 2013 et 2019. Ce taux atteint 0,7 % chez les 18-24 ans puis il passe à 0,1 % pour les 25-44 ans avant de bas- culer à - 0,3 % à partir de 65 ans. On est sur un territoire très attractif pour les jeunes et qui conserve ses actifs. On arrive essentiellement entre 19 et 30

ans dans leHaut-Doubs. Lemou- vement s’inverse à partir de 65 ans avec des retraités qui partent ailleurs. Cette migration écono- mique privilégie des profils d’em- ployés et d’ouvriers répondant aux besoins de l’horlogerie suisse. Les cadres et les professions intermédiaires ont plutôt ten- dance à quitter le territoire. Autre indicateur intéressant à analyser, celui de l’évolution de la taille des ménages depuis 1968. Au fil du temps, on voit que l’écart se creuse entre le Haut-Doubs où il se maintient à 3,5 personnes par foyer et le Doubs et la région où on compte seulement entre 2 et 2,5 per- sonnes par foyer. Càd : Le Haut-Doubs reste le seul territoire encore en crois- sance dans la région ? J.M. : La carte de l’évolution annuelle de la population en Bourgogne Franche-Comté sur la période 2013-2019 montre que les secteurs en progression se limitent aux agglomérations de Dijon, Besançon et Mâcon. On parle de périurbanisation. Le Haut-Doubs est la seule zone rurale encore en évolution. En 10 ans, ce territoire a gagné un peu plus de 10 000 habitants

Le solde migratoire est très positif sur la bande frontalière qui attire majoritairement des jeunes actifs.

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L’indice de vieillissement mesure le rapport entre la popula- tion des plus de 65 ans et les jeunes de moins de 20 ans.