Journal C'est à dire 278 - Décembre 2021
É C O N O M I E
Tiffany Droz-Bartholet à la barre de la compagnie des bateaux du Saut du Doubs Villers-le-Lac À 28 ans, la dernière des trois enfants de Christophe et Françoise Droz-Bartholet se retrouve à la tête de l’entreprise familiale, perpétuant ainsi pour la première fois au féminin une tradition transmise depuis cinq générations.
encore à ses côtés. Une transition en douceur. Comment voit-elle l’avenir de la Compagnie ? “On s’inscrit dans la continuité avec peut-être une sensibilité à l’environnement encore plus exacerbée par les enjeux actuels. En 2004, mon père expérimentait déjà des huiles plus propres pour les bateaux. En 2019, on a généralisé l’usage du G.T.L. marin, c’est un carburant éco-responsable qui limite l’émission des particules fines. On est la troisième compagnie française à s’engager dans ce dispositif.” Autre projet à venir dans la même veine : le renouvellement du petit train à Besançon avec du matériel neuf plus performant, plus économe. “Le Saut du Doubs ou la cité bisontine restent des lieux très attractifs à visiter. On continue aussi à promouvoir les pro- duits et savoir-faire régionaux qu’on retrouve notamment au pavillon d’ac- cueil des Terres-rouges. On a aussi déve- loppé des partenariats avec d’autres prestataires touristiques pour offrir des produits de découverte à la journée comprenant par exemple la visite d’une fromagerie, d’un musée, une sortie en bateau…” n F.C.
J’en suis pleinement consciente.” Avant de prendre la présidence de la société le 17 novembre 2020, Tiffany Droz-Bartholet a peaufiné son appren- tissage aux côtés de ses parents pendant trois ans et demi. Période d’intégration au cours de laquelle elle s’est familia- risée avec l’outil de travail en apportant aussi ses connaissances acquises en marketing et en communication. Le contexte ne fut guère favorable à sa prise de fonction. “La crise sanitaire nous a privés notamment de la clientèle des autocaristes tout comme on n’a guère bénéficié du retour de la clientèle française au cours de l’été 2020.” L’essentiel de l’activité à la Compagnie des bateaux du Saut du Doubs se concentre sur une période allant de mars-avril à la Toussaint. Au plus fort de l’été, l’effectif compte jusqu’à 45 per- sonnes, des saisonniers pour la plupart. “On emploie sept personnes à l’année, pour préparer la saison à venir ou entre- tenir les bateaux. On a la chance de pouvoir compter sur un effectif saison- nier assez stable. Certains membres du personnel m’ont connu toute petite.” Si son père est aujourd’hui retiré des affaires, sa mère Françoise travaille
1983 la toute première vedette de navi- gation à Besançon et lancé 10 ans plus tard le “petit train”de Besançon” , résume sa fille tombée dans la marmite depuis sa plus tendre enfance. Une vraie voca- tion pour celle qui, sitôt sortie de l’école, s’empressait déjà d’aller à la boutique du pavillon d’accueil des Terres-rouges. Sens de l’accueil, goût du contact, en grandissant, elle découvre toutes les facettes de l’entreprise, travaille sur les bateaux, à la brasserie, à la billet- terie…Des jobs d’été tout trouvés dans un parcours de formation amorcé par un master en commerce international et entrepreneuriat et qui s’achèvera quelques années plus tard aux États- Unis avec la préparation d’un M.B.A. sur la gestion d’entreprise. “La décision s’est confirmée pendant mes études même si j’ai toujours eu cette idée-là en tête.” Cette reprise d’entreprise relève donc d’un choix personnel mûrement réfléchi. “En vivant avec des parents chefs d’en- treprise, on comprend très vite les avan- tages et les contraintes de la situation. Exploiter une compagnie de navigation dans le Haut-Doubs, c’est travailler tous les jours de l’été sans discontinuer.
À l’origine de cette saga fami- liale, Émile Droz-Bartholet. Hôtelier de son état àVillers- le-Lac, l'arrière-arrière- grand-père de Tiffany organisait déjà des croisières dans les bassins duDoubs avec des bateaux à vapeur. Le concept de l’hôtelier-batelier se prolongera
encore sur deux générations avant que Christophe Droz-Bartholet crée en 1979 la Compagnie des bateaux du Saut duDoubs pour en faire son activité principale. “Cela a permis de proposer un service régulier de visites. Au cours de sa carrière, mon père a géré 17 bateaux. C’est lui qui a mis en place en
Tiffany Droz-Bartholet a officiellement pris la présidence de la Compagnie des bateaux du Saut du Doubs en novembre 2020.
La ligne à grande vitesse n’a pas tenu ses promesses Anniversaire Un cadencement en baisse, une fréquentation inférieure aux prévisions, une gare T.G.V. peu vivante, une zone d’activités moribonde… Le bilan n’est pas reluisant pour la L.G.V. mise en service le 11 décembre 2011.
La Ligne à grande
vitesse et la gare T.G.V. situés aux Auxons sont bien loin des chiffres de fréquen- tation annoncés.
I l y a dix ans quasiment jour pour jour, les sourires étaient de rigueur. Les élus locaux avaient même eu droit à la visite du président de la République de l’époque, Nico- las Sarkozy, flanqué de sa minis- tre desTransports Nathalie Kos- ciusco-Morizet. Du beau monde, un bel l’enthousiasme… mais qui fut de courte durée car ni du point de vue de la gare Besan- çon Franche-Comté T.G.V. (Les
dalité et de services” triomphait alors Sophie Boissard, la direc- trice générale de Gares et Connexions, la branche de S.N.C.F. dédiée aux gares. Côté fréquentation de la ligne, l’opé- rateur ferroviaire français pré- voyait “11 millions de voyageurs sont attendus sur ce nouvel axe ferroviaire européen, et, annon- çait-elle toujours officiellement, avec dès 2012 des liaisons directes avec l’Allemagne, la
Auxons) ni de celui du trafic fer- roviaire sur cette ligne, les résul- tats ne sont à la hauteur des espérances. Pourtant, les promoteurs de la ligne à grande vitesse et des deux nouvelles gares desAuxons et de Méroux-Moval vers Belfort étaient formels : “Les deux nou- velles gares T.G.V. accueilleront 1 million de voyageurs et sont exemplaires en matière de déve- loppement durable, d’intermo-
Franche-Comté T.G.V.” et que “les augmentations de prix pré- vues dans les secteurs proches des gares n’ont généralement pas été observées : l’arrivée de la L.G.V. n’a pas eu d’effet signi- ficatif sur le prix du foncier, à l’exception du pays riolais
mique et de flux de cette desserte et plus généralement de cette ligne…” coupe la direction régio- nale de la S.N.C.F. qui a forcé- ment revu ses ambitions à la baisse. Dix ans tout juste après la mise en service de ce premier segment de la L.G.V. Rhin-Rhône, on est toujours en train de discuter du bien-fondé de terminer, ou non, les travaux prévus au départ. On le rappelle : le premier bar- reau de la L.G.V. dont la pre- mière section s’étend sur 140 kilomètres n’est toujours pas terminé. La portion entre Petit- Croix (Territoire-de-Belfort) et Lutterbach (Haut-Rhin) est tou- jours à l’état de projet. Quant à la branche Sud censée rejoindre Lyon et la Méditerranée, il y a longtemps qu’elle a été aban- donnée, faisant de cette L.G.V. Rhin-Rhône une bancale L.G.V. Rhin-Seine. n J.-F.H.
Suisse, puis l’Italie (Milan).” Dix ans après, la même filiale annonce que “les fréquentations voyageurs et non voyageurs de la gare Besançon Franche-Comté T.G.V. sont de 729 141” (chiffre 2019, dernière statistique dis- ponible). La S.N.C.F. fondait beaucoup d’espoir dans cette gare pré- sentée comme faisant partie des premières gares de France à être labellisées H.Q.E. comme Haute qualité environnementale. Autour de la gare, pas plus d’ef- fets. Les élus de l’époque annon- çaient la création de 1 500 emplois autour de la gare. Une récente étude du ministère de l’Écologie datant de juillet der- nier note d’abord que “l’effet de polarisation autour des gares nouvelles a été plus important sur le secteur Belfort Montbéliard T.G.V. que sur celui de Besançon
(Haute-Saône) situé au nord de la gare B.F.C. T.G.V.” note un rapport du Conseil général de l’environ- nement et du dévelop- pement durable.
“Nous ne ferons pas de commentaires sur le bilan économique.”
L’inaugura- tion de la gare des Auxons baptisée Besançon Franche- Comté T.G.V. a eu lieu en décem- bre 2011, il y a tout juste dix ans.
Le trafic ferroviaire sur cette L.G.V. est également bien loin des chiffres annoncés : il serait d’à peine 3millions de voyageurs par an au lieu des 11 millions annoncés. Sur la ligne Paris- Besançon, la S.N.C.F. annonce aujourd’hui un trafic de Paris “plus de 1 400 voyages par jour en moyenne” , soit 500 000 par an. “Nous ne ferons pas de com- mentaires sur le bilan écono-
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