Journal C'est à dire 276 - Octobre 2021
V A L D E M O R T E A U
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Enquête
Les investigations se poursuivent autour du Docteur Péchier Soupçonné d’avoir commis une série d’empoisonnements et fait des victimes notamment dans le Haut-Doubs, l’anes- thésiste de Besançon a tenté de mettre fin à ses jours. Mais le procureur veut aller au bout des investigations.
atherine, tout bois pren C ’est l’a Aux experts dont les conclusions ne sont pas attendues avant “le milieu de l’année 2022.” “Je mesure la particulière longueur du temps judiciaire, concède Étienne Manteaux, mais cette affaire est d’une telle complexité qu’il est impératif de prendre toutes les précautions nécessaires. L’activité judiciaire autour de cette affaire n’est pas à l’arrêt comme a pu l’affirmer la défense, sur quatre corps exhumés, les seuls qui n’avaient pas été cré- matisés et 17 autres cas haute- ment suspects ont été identifiés, portant à 24 le nombre de cas. Une deuxième mise en examen a été décidée le 16mai 2019 pour ces 17 nouveaux cas d’empoison- nements supposé” rappelle Étienne Manteaux. Contestés par la défense, ces cas ont fait l’objet d’une contre-exper- tise dont les résultats ont été communiqués en octobre 2020. “Après 22 mois de travaux, les magistrats instructeurs ont estimé que cette contre-expertise était pour le moins lapidaire” ajoute le procureur de la République. Telle- ment lacunaire qu’elle se révélera tout bon- nement inexploitable… D’où une nouvelle déci- sion de saisir d’autres
L e 30 septembre dernier, Frédéric Péchier, le médecin anesthésiste bisontinmis en examen pour empoisonnements, a tenté de mettre fin à ses jours en se défenestrant du domicile de ses parents dans la région de Poi- tiers, où il réside actuellement. Fortement alcoolisé selon les dires du procureur de la Répu- blique, il a fait une chute de 3,75 m de hauteur. “En disant à samère qu’il n’en pouvait plus, il s’est laissé tomber dans le vide” résume Étienne Manteaux, le procureur de la République de Besançon. Polytraumatisé par cette chute, le praticien n’était plus en danger de mort à l’heure où nous écrivions ces lignes. Quelques jours auparavant, il avait écrit ce mot à ses proches : “Je veux que cette vie s’arrête, je veux mourir innocent.” Épuisé de ne pas voir avancer assez vite les investigations selon ses proches, le D r Péchier en est arrivé à ce geste ultime. Le praticien doit répondre depuis quatre ans de 24 cas d’empoi-
sonnement non élucidés alors qu’il était praticien à la clinique Saint-Vincent de Besançon et à la Polyclinique de Franche- Comté. Tout a démarré le 7 février 2017 avec une infor- mation judiciaire ouverte par le Parquet de Besançon suite au constat fait par des expertises sur les poches de soluté de la clinique dont certaines conte- naient cent fois la dose mortelle de potassium. d’entre eux en bonne santé avant l’acte et hospitalisés pour une intervention chirurgicale bénigne.Une autre enquête avait démarré en mars 2018 suite à la communication par la clinique Saint-Vincent de dizaines d’au- tres cas suspects. Certains décès avaient touché des patients du Haut-Doubs, notamment une quinquagénaire de Villers-le- Lac. “Des analyses ont été faites Ces premières investi- gations avaient abouti à la mise en examen de l’anesthésiste bisontin pour le décès de 7 patients, la plupart
“S’il n’y a pas assez d’éléments, un non-lieu interviendra.”
Le procureur de la République de Besançon informe qu’un 25 ème cas suspect a été identifié, suite à l’exhumation d’une autre victime.
cédure en novembre 2020 pour un 25 ème cas suspect suite à l’exhumation d’un nouveau corps. Étienne Manteaux est clair : les investigations iront à leur terme, quoi qu’il arrive. “C’est sur la seule base de cette contre-expertise approfondie que M. Péchier pourra être réinter- rogé. S’il n’y a pas assez d’élé-
utomn elle se poursuit. Et face à un tel feu nourri de requêtes en nullité émanant de la défense, on est sans doute moins légitime à se plaindre de la lenteur de la jus- tice” tacle le procureur à l’endroit des défenseurs du praticien. Dernier rebondissement dans cette enquête au long cours : l’ouverture d’une troisième pro-
ments, un non-lieu interviendra. Mais il faudra que M. Péchier et ses proches fassent encore preuve de patience. Les investi- gations judiciaires se poursui- vront jusqu’à leur terme, jusqu’à lamanifestation de la vérité. J’en prends l’engagement” assure le magistrat bisontin. n J.-F.H.
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