Journal C'est à dire 275 - Septembre 2021

É C O N O M I E

Le Pontarlier-Anis fête ses cent ans Patrimoine La recette mise au point en 1921 par Armand Guy reste toujours d’actualité et Fran- çois-Laurent Vitrac qui a repris la distillerie en novembre dernier compte bien la promouvoir au-delà de son fief de consommation franc-comtois. Stratégie.

En bref…

l Orgue Après dix-huit mois d’in- terruption, l’association Autour de l’orgue organise son prochain concert à l’église de Morteau samedi 2 octobre prochain à 20 h 30. Le pass sanitaire sera demandé à l’entrée. Avec le quintette à vent “Les Singuliers” composé de jeunes musiciens en cours d’études au Conser- vatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Pièces variées allant de Dvorak à Debussy et aux Beatles. Le concert suivant aura lieu dimanche 24 octobre à 17h à l’église du Chauffaud avec Élise Rollin, orgue, Annette Osann, nyckelharpa, Valen- tin Cointot, percussions. l Écoute Depuis le 20 septembre, les étudiants de l’Université de Franche-Comté peuvent bénéficier à nouveau de la ligne écoute-info pour être écoutés, informés ou réorientés. Elle a été créée pour accompagner les étu- diants dans le contexte sanitaire actuel et répondre aux difficultés qu’ils peuvent rencontrer tant au niveau pédagogique, social que psychologique. La ligne est joignable du lundi au ven- dredi de 12h à 14h et de 18h à 20h au 03 81 66 55 66.

C’ est à dire : Quel sentiment vous inspire Armand Guy, le père du Pontarlier-Anis ? François-Laurent Vitrac : Cet homme était un visionnaire, une grande personnalité. Ses descen- dants ont tous apporté leur contribution au développement de la distillerie. Je veux continuer à glorifier cette famille, aumaxi- mum. Càd : Comment interpréter l’aigle qui figure sur les éti- quettes de la distillerie ? F.-L.V. : Pour les habitants de la montagne, c’est l’oiseau qui vole le plus haut. Il domine les sapins qui représentent la concurrence. Il prend son envol au lever du soleil dans l’idée de se lever tôt, d’être le premier au rendez-vous. Càd : Au rendez-vous des nou- veaux produits ? F.-L.V. : En quelque sorte. On est une entreprise du patrimoine vivant toujours portée sur l’in- novation. Quand je travaillais chezMoët Hennessy, j’ai participé à la création de la marque de rhum Captain Morgan qui fait

informatique et industriel. “C’était le début de Facebook. On s’est pris au jeu de monter la page Pont Around The World sachant qu’à l’époque qu’on avait créé un groupe ouvert” , témoigne Julien Magnin-Feysot aujourd’hui ingénieur en élec- tronique. Profitant d’un stage au Japon, Kevin Joly inaugure la page avec l’image d’une bouteille de Pont au pays du Soleil-Levant. Son pote Julien enchaîne avec une vue sur fond provençal. La machine est lancée. Le concept qui n’est pas sans rappeler celui du nain voyageur d’Amélie Pou- de Pont entre mars 2020 et mars 2021. C’est un record. Les choses avaient plutôt mal com- mencé, avec la fermeture des cafés, restaurants, commerces non essentiels. Les ventes directes à la distillerie se sont écroulées. Inversement, on a bénéficié de la reprise des ventes en grandes et moyennes surfaces. Pendant la crise, les Français ont redécouvert les fonds de bar à domicile. Cette situation a favo- risé le retour en force des anisés. Les boissons anisées représentent aujourd’hui la seconde catégorie de spiritueux la plus consommée dans les grandes surfaces fran- çaises.On observe aussi une fémi- nisation parmi les consomma- teurs.Au final, cela nous a permis de tirer notre épingle du jeu. Càd : La distillerie Guy pro- duit combien de Pontarlier- Anis différents ? F.-L.V. : On a quatre variétés, avec deux produits leaders : le Pont sec et le Pont sans sucre. À eux deux, ils représentent 95 % de la production de Pont. Le Pont sec est plus consommé dans le Doubs.On fabrique aussi un Pont sec à 40° et du Sapont, mélange

aujourd’hui un tabac. Je continue à mettre au point de nouveaux produits qui sont vendus seule- ment aumagasin sous l’étiquette Pontarlier Anis. On a sorti par exemple l’Élixir Gourmand. C’est un rhumépicé. Pareil avec Saint- Armand, une liqueur de sapin vieillie en fût de chêne. Ces pro- duits sont encore en phase de test et de dégustation avec le res- ponsable qualité et le directeur des alambics. J’ai toujours vécu dans les vins et spiritueux sans jamais être du côté de la produc- tion. Ici, j’ai la chance de pouvoir fabriquer en restant dans l’A.D.N. de la distillerie. Càd : C’est l’heure de la diver- sification ? F.-L.V. : Oui, mais la gamme prioritaire s’articule toujours autour du Pont, de l’absinthe et de la liqueur de sapin. J’ai envie de travailler les autres produits aussi bien au niveau du packa- ging que des recettes. Càd : Le Pont a-t-il été impacté par la crise sani- taire ? F.-L.V. : Non, au contraire puisqu’on a produit 607 000 litres

“On est en train de constituer un réseau de prescripteurs en ciblant les cavistes en France”, annonce François-Laurent Vitrac qui a repris la distillerie Guy en novembre 2020.

Pontarlier-Anis à venir ? F.-L.V. : On ne s’interdit rien, mais il faut que le résultat soit digne des exigences de la distil- lerie Guy. Càd : Vous pensez produire plus d’absinthe ? F.-L.V. : On n’est pas du tout en quête de volume. On n’aurait pas la place ni l’outil de production pour le faire. Il reste quandmême un peu de marge de croissance. Càd : Un déménagement de la distillerie est envisagea- ble ? F.-L.V. : Pas question de quitter la rue des Lavaux même si on est toujours en quête de surface de stockage. Càd : Combien de personnes travaillent dans l’entreprise ? F.-L.V. : Cela représente 12 sala- riés en C.D.I. en sachant qu’on fait aussi appel ponctuellement à des saisonniers. n Propos recueillis par F.C.

de liqueur de sapin et de Pont.

Càd : Quelles sont vos ambi- tions sur cette famille de pro- duits ? F.-L.V. : On veut faire connaître davantage le Pontarlier-Anis en France. Il est consommé à 90 % en Bourgogne-Franche-Comté et dans quelques fiefs en Bre- tagne, dans les Alpes, à Paris. C’est compliqué de sortir de la région mais on est en train de constituer un réseau de prescrip- teurs.Aujourd’hui, je cible d’abord les cavistes avec la volonté de communiquer sur les 100 ans du Pontarlier-Anis, le Vert Sapin et l’Absinthe. Dans quelques semaines, on va sortir un coffret spécial caviste avec des bouteilles de 70 cl sur les trois produits. Je travaille également au dévelop- pement d’un réseau d’agents commerciaux en ciblant les grandes villes et les bassins his- toriques de consommation.

Càd : De nouvelles recettes de

Le Pont, fidèle compagnon de voyage Réseaux sociaux

L a première boisson anisée du Haut-Doubs a ses sup- porters inconditionnels. Pas étonnant qu’elle séduise les étudiants locaux qui ne man- quent jamais une occasion d’en

vues par semaine” ,modère Julien Magnin-Feysot. 75 % des abon- nés sont des hommes. La tranche des 18-35 ans arrive en tête comme sur la plupart des réseaux sociaux. Les abonnés sont Français à 95,4 % ou fran- cophones : Suisse, Belgique… “On a des supporters très actifs comme ce jeune pilote dans l’ar- mée de l’air qui transporte sa bouteille de Pont sur tous les conflits où la France est enga- gée.” Les trois administrateurs appor- tent aussi de l’animation en orga- nisant par exemple des Pont- cours sur divers thèmes comme

faire la promotion. Purs produits duHaut-Doubs, Sylvain et Kevin Joly et JulienMagnin-Feysot se retrouvent en 2011 à l’I.U.T. de Belfort où ils poursuivaient des études en génie électronique,

L’équipe compte désormais quatre administrateurs avec de gauche à droite : Kévin Joly, Samuel Marguet, Julien Magnin-Feysot et Sylvain Joly.

lain va générer plus de 1 500 photos en provenance de 140 pays. Il s’agit pour l’essentiel de bou- teilles prises en situation de

le Pontcours cocktails. “Les gens envoient des recettes et on les déguste (avec modé- ration) pour établir un classement.” Le Pont se décline

La page génère entre 15 000 et 20 000 vues par semaine.

trant l’anisé des Lavaux dans des reportages T.V., à l’émission l’Amour est dans le pré… “On n’est en aucun cas lié à la dis- tillerie Guy. Quand ils ont décou- vert la page, ils ont demandé à nous rencontrer sans nous obliger à rien” , précise Julien Magnin- Feysot. n F.C.

demander des bouteilles chez l’habitant. On a constaté qu’il y avait au moins deux bouteilles de pont dans chaque foyer.” Cer- tains Sapont de Noël qui com- prennent des centaines de bou- teilles ont même fait l’objet d’une modélisation 3 D. La page recense aussi de nom- breuses captures d’écran mon-

aussi dans une versionmélangée à la Suze qui a donné naissance au Sapont. Ni une, ni deux.Voilà les abonnés soumis au concours du plus beau Sapont de Noël. “On a testé sur Gilley en allant

vacances. “Les statistiques les plus récentes indiquent que la page compte 11 200 abonnés. Soit une audience potentielle de 43millions de personnes. La page génère entre 15 000 et 20 000

Le Pont s’invite dans tous les lieux touristiques.

Made with FlippingBook - Online Brochure Maker